Ferrari Purosangue - Ne jamais dire jamais!

Publié le 1er janvier 2022 dans 2023 par Hugues Gonnot

Le Cayenne a été présenté au Mondial de l’Automobile de Paris en septembre 2002. Cris, hurlements, arrachage de cheveux : « Comment Porsche peut-il commettre un tel blasphème ?! » « Un camion Porsche! On aura tout vu! Et pourquoi pas un camion Ferrari tant qu’on y est? » Patience, mes amis, patience…

Le PDG de Porsche de l’époque, Wendelin Wiedeking, justifiait ce modèle de la façon suivante : « Pour rester indépendant, Porsche ne doit pas dépendre du segment le plus instable du marché... Nous ne voulons pas devenir simplement un département marketing de certains constructeurs automobiles géants. Nous devons nous assurer que nous sommes suffisamment rentables pour financer nous-mêmes nos prochains développements. » Il faut dire que la marque a failli disparaître au milieu des années 90. Près de 20 ans plus tard, on peut dire que Porsche a été visionnaire. Même si paradoxalement, c’est la rentabilité retrouvée qui amènera les dirigeants à avoir les yeux plus gros que le ventre en voulant absorber Volkswagen. L’opération sera un échec, Porsche se faisant racheter par Volkswagen, exactement ce que le constructeur souhaitait éviter. Le point à retenir reste que Porsche produisait 14 362 véhicules en 1993, qu’il en a produit 301 915 en 2021 (dont plus de la moitié sont des VUS) et qu’il a fêté son millionième Cayenne en 2020. Dont acte.

L’argent parle

Le mot clé est ici rentabilité. Les VUS, c’est rentable! Le monde en veut encore et encore, encore plus, toujours plus. D’autres constructeurs que l’on n’attendait pas forcément sur ce segment ont fait les mêmes calculs et sont arrivés aux mêmes conclusions : Bentley avec le Bentayga (septembre 2015), Lamborghini avec l’Urus (décembre 2017), Rolls-Royce avec le Cullinan (mai 2018) et Aston Martin avec le DBX (novembre 2019). Et puis il y a déjà les habituels qui roulent sur l’or avec leurs utilitaires haut de gamme : Mercedes, BMW, Cadillac, Lincoln, Range Rover…

Il n’y a pas si longtemps, Ferrari jurait, crachait, la main sur la Bible, que l’on ne les y prendrait pas. Au départ, Enzo Ferrari lui-même était farouchement opposé à l’idée d’un modèle à 4 portes. En juillet 2015, Flavio Manzoni, le directeur du design de Ferrari déclarait : « Nous ne pouvons pas faire quelque chose juste parce que c'est la tendance. Ce ne serait pas une Ferrari, Enzo Ferrari se retournerait dans sa tombe. » En janvier 2016, Sergio Marchionne, alors PDG de Ferrari, assurait qu’il faudrait « lui passer sur le corps » avant que la compagnie ne construise un VUS.

En octobre 2016, Nicola Boari, directeur du marketing, et Enrico Galliera, directeur commercial, expliquaient  : « Nous n’avons aucun plan pour fabriquer une 4 portes ou un VUS » alors que l’Urus avait été annoncé. Mais voilà que Ferrari commence le développement du projet F175 en 2017 avant de le confirmer officiellement en septembre 2018. Difficile de regarder les concurrents ramasser les dollars à la pelle sans réagir. On a beau vouloir rester pur, il y a des actionnaires qui trépignent en arrière. Ferrari aura tout de même attendu 20 ans après le Cayenne… Admirons sa retenue.

Le connu et l’inconnu

Purosangue veut dire pur-sang en italien (logique pour la marque au cheval cabré et apparemment, Mustang était déjà pris…). Commençons par ce que nous savons. Il aura un V12, comme l’a confirmé Benedetto Vigna, le PDG de Ferrari : « Nous avons testé différentes options, mais je pense qu'il était clair que … le V12, avec l'expérience produite et la performance qu’il procure, demeurait la bonne solution à offrir sur le marché. » Il devrait donc développer dans les 800 chevaux, prenant d’office la première place du podium. Il aura une transmission intégrale, qui pourrait être une évolution du système de la GTC4 Lusso. Il sera plus bas que ses concurrents et aura un long capot enveloppant, créant des proportions inhabituelles dans le segment, ainsi que 4 sorties d’échappement et un diffuseur arrière prononcé.

Tout le reste n’est que supputations. Parmi elles, on retrouve des portes à ouverture antagoniste, une boîte de vitesses à double embrayage à 8 rapports, de futures déclinaisons V8 biturbo ou V6 hybride rechargeable (la plate-forme de base serait celle de la Roma, autorisant ainsi de telles motorisations), une suspension ajustable en hauteur et un prix canadien dans les 400 à 500 000 dollars. Mais tout cela reste à confirmer lors de la présentation, prévue à la fin de 2022. La commercialisation doit débuter au premier ou deuxième trimestre 2023.

Ferrari a battu des records de production en 2021 (11 155 exemplaires) et s’apprête à faire encore mieux en 2022. Le Purosangue permettra à la marque d’atteindre les 15 à 16 000 exemplaires par année d’ici peu. Les actionnaires se frottent les mains. Enzo, lui, doit se retourner dans sa tombe…

Feu vert

Feu rouge

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