Ferrari Portofino M - Loin des circuits
Imaginez… Vous venez de finir un expresso sur une terrasse du port. Vous regardez les bateaux de pêche côtoyer d’immenses yachts. Vous montez dans votre Ferrari et prenez la route 227, qui longe la côte italienne vers Rapallo. Le son du V8 résonne, les gens se retournent sur votre passage. Il fait beau, alors vous baissez le toit. Vous sortez de Portofino en direction de Gênes puis, dans quelques heures, Monaco, où vous arriverez frais et dispos. Alors, on n’est pas bien, là?
En utilisant le nom de Portofino, Ferrari a choisi une image forte : ce petit village du nord de l’Italie est aussi loin dans l’esprit qu’il soit possible d’une place comme le Nürburgring. Parce que, avouons-le, les voitures de sport modernes sont des monstres de performance tellement puissants et efficaces qu’il n’y a guère que sur un circuit que l’on peut pleinement en profiter. Dans la circulation courante, elles ont le même niveau de pertinence que le lancement d’un missile balistique pour se débarrasser d’un moustique.
Les puristes se sont trompés!
Ferrari l’a bien compris en introduisant la California en 2009. Les puristes ont hurlé : « Pas assez dure, pas assez extrême! » Il faut dire que son V8 placé à l’avant (une première chez Ferrari) ne développait « que » 453 chevaux. Mais la marque ne s’est pas trompée et le coupé-cabriolet s’est remarquablement bien vendu. Pour la remplacer, au millésime 2018, la compagnie a logiquement pris une approche évolutive. De premier abord, on avait l’impression que la Portofino était plutôt un profond restylage, d’autant que les deux autos ont le même empattement. En fait, la structure a été entièrement revue (+35% en rigidité torsionnelle), les places arrière ont gagné quelques précieux centimètres alors que le poids s’abaissait de 70 kilos. À peine trois ans plus tard, Ferrari présentait la Portofino M, pour Modificata, histoire de rester au niveau.
Le V8 F154BB de 3,9 litres, introduit dans la California T de 2014, produisait 552 chevaux grâce à une injection directe combinée à deux turbos IHI, un vilebrequin plat (flatplane) et une lubrification par carter sec. Aujourd’hui, la variante F154BH de la Portofino M a gagné près de 60 chevaux (et 20 par rapport au F154BE de la Portofino) tout en consommant et en polluant moins. Pour y arriver, les ingénieurs ont utilisé de nouveaux profils de cames pour optimiser le remplissage de la chambre de combustion, ajouté un capteur de vitesse à chaque turbo (ce qui a permis d’augmenter leur vitesse de rotation de 5 000 tr/min) et revu la ligne d’échappement (ajout de filtres à particules et suppression des silencieux). Le logiciel de contrôle des turbos élimine presque totalement le temps de réponse et ajuste le couple en fonction du rapport sélectionné (jusqu’à 561 lb-pi sur les 7e et 8e rapports).
La boîte de vitesses (placée à l’arrière pour une meilleure répartition des poids) à double embrayage compte 8 rapports. Elle est dérivée de celle de la SF90, mais diffère par l’allongement des rapports et l'addition d’une marche arrière (il n’y a plus de moteur électrique pour assurer cette fonction). Son logiciel a évolué pour permettre un contrôle plus précis des embrayages afin d’offrir une conduite plus souple en ville et une meilleure réactivité sur route ouverte.
Salade d’acronymes
SSC 6.0, F1-TCS, E-Diff3, FDE, SCM-E Frs, ADAS… Que voilà un langage obscur! Essayons de faire le tri. La Portofino M est dotée d’un différentiel à contrôle électronique (E-Diff3), d’une suspension adaptative à contrôle magnétorhéologique (SCM-E Frs), d’un contrôle de traction avancé (F1-TCS), d’un système de contrôle latéral dynamique (FDE, utilisation des freins pour améliorer la stabilité en entrée et en sortie de virage, fonction uniquement disponible quand le Manettino est en mode « Race ») et le tout est coordonné par le SSC 6.0, qui évalue l’angle de dérive en temps réel. Quant à l’ADAS, il s’agit des systèmes avancés d’aide à la conduite optionnels.
Heureusement, pas besoin d’un diplôme d’ingénieur pour profiter de la Portofino M. Ce qu’il faut retenir, c’est que le toit rigide se déplie en 15 secondes, que les places arrière sont restreintes, mais qu’un volet s’ouvre vers le coffre pour le transport d’objets longs, que la planche de bord offre une excellente ergonomie,bien qu’elle ait pris un petit coup de vieux avec l’arrivée de la Roma. Et enfin, sachez que les options ne manquent pas (sièges ventilés, chauffe cou, écran tactile pour le passager, carbone à tous les étages…), faisant grimper l’addition vers des hauteurs absolument indécentes.
Tous ses acquéreurs n’ont pas le désir de faire de la piste. Pour eux, la Portofino M délivre un mélange intéressant de performance (0 à 200 km/h en 9,8 secondes tout de même), de confort et d’agrément qui invitent au voyage. Et puis, il n’y a pas que la côte italienne, il y a aussi des coins fantastiques chez nous!
Feu vert
- Polyvalence exceptionnelle
- Une vraie Ferrari, quoi qu’en disent les puristes
- Coupé et cabriolet
Feu rouge
- 2 + (presque) 2
- L’intérieur de la Roma est plus moderne
- Options chères, chères, chères…