Fisker Ocean - Détermination ou obstination?
Encore un nouveau joueur dans le secteur des véhicules électriques? L’incroyable succès de Tesla a donné des idées à plus d’un entrepreneur. Tous ne réussiront pas, c’est certain. Mais le Fisker Ocean a (peut-être) plus de chances d’y arriver que d’autres : il a de l’expérience, des partenaires sérieux et du capital à la hauteur de ses ambitions.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Henrik Fisker a eu une vie intéressante. Il a commencé sa carrière chez BMW en 1989 comme designer automobile, où il a notamment réalisé la Z8. Il a pris en 2001 la tête du design d’Aston Martin et a travaillé sur les Vantage et DB9. En 2005, il a démarré Fisker Coachbuild, où il a construit des versions recarrossées (pas très réussies) des Mercedes SL et BMW Série 6. En 2007, il a fondé sa propre marque, Fisker Automotive, afin de produire la Karma, une berline hybride rechargeable aux lignes somptueuses.
Malheureusement, l’auto était bourrée de problèmes techniques et les ennuis se sont accumulés pour la compagnie, notamment l’ouragan Sandy qui a détruit 346 véhicules dans un port du New Jersey en 2012. Fisker a quitté la compagnie en mars 2013, avant que celle-ci ne fasse faillite et que ses actifs ne soient rachetés par la société chinoise Wanxiang (qui a relancé la production sous le nom de Karma Revero). Il a alors continué ses activités de design, puis a créé le carrossier VLF en 2016, en activité jusqu'en en 2019. En 2016 toujours, il a fondé Fisker Inc. dans le but de produire des véhicules électriques. Six ans plus tard, la compagnie s’apprêtait à fabriquer son premier modèle.
Le doux son des embruns…
L’Ocean offre des lignes très contemporaines, mélange de Nissan Ariya et de Range Rover. L’intérieur est présenté par Fisker comme « végane » : pas de matériaux d’origine animale et une utilisation maximale de matières recyclées (vieux filets de pêche, t-shirts, bouteilles en plastique, caoutchouc…). La planche de bord minimaliste accueille en son centre un large écran de 17,1 pouces (conçu par Foxconn, le fabricant de l’iPhone) présentant l’originalité de pouvoir tourner en position « portrait » (vertical) ou « paysage » (horizontal). Il y a de la place pour cinq, mais un modèle à trois rangées devrait arriver plus tard. Les versions les mieux équipées ont droit à un système audio « HyperSoud » (16 haut-parleurs), un mode « California », qui permet de baisser simultanément toutes les vitres, un écran arrière pour contrôler la climatisation et le système média ainsi que le toit « SolarSky » (des panneaux solaires qui permettent, selon les conditions, d’ajouter jusqu’à 2 400 kilomètres d’autonomie par année). Tous les niveaux viennent avec de nombreuses aides à la conduite.
Les 5 000 premiers exemplaires construits sont nommés « One » et offrent deux moteurs électriques d’une puissance combinée de 550 chevaux, une autonomie de plus de 560 km avec une capacité de remorquage de 1 800 kilos. Ils sont proposés entièrement équipés au prix de 68 999 $ US (les prix canadiens n’ont pas été communiqués au moment de mettre sous presse). Après, la production des versions haut de gamme « Extreme » sera lancée, mêmes spécifications, même prix. Plus tard, Fisker commencera la fabrication des versions « Ultra » (deux moteurs, 540 chevaux, autonomie de 545 km) et « Sport » (un moteur, traction avant, 275 chevaux, 400 kilomètres d’autonomie, capacité de remorquage de 925 kilos). Elles seront vendues 49 999 et 37 499 $ respectivement.
Les batteries sont fournies par CATL, l’un des leaders mondiaux du secteur, et font appel à une chimie lithium-ion-phosphate pour le modèle à traction ou nickel-manganèse-cobalt pour les modèles à quatre roues motrices. La production devrait démarrer dans l’usine Magna-Steyr de Graz, en Autriche (filiale du consortium canadien Magna, qui possède d'ailleurs 6% de Fisker Inc.), le 17 novembre 2022. La marque entend construire 50 000 exemplaires en 2023.
Et ensuite?
La compagnie Fisker Inc. n’a pas encore fabriqué son premier véhicule de série qu’elle parle déjà de ses projets. En 2023, elle présentera la PEAR (pour Personnal Electric Automotive Revolution), une berline compacte qu’Henrik Fisker décrit comme « révolutionnaire et qui n’entrera dans aucun segment existant. Elle sera dotée d'une nouvelle technologie d'éclairage et d'un pare-brise avant enveloppant. » Elle sera produite dans une ancienne usine GM, à Lordstown en Ohio, avec Foxconn comme partenaire industriel. Suivra, en 2024, la Ronin, une sportive grand tourisme.
Reste maintenant à voir comment tout cela aboutira. On le sait, développer une nouvelle marque coûte extrêmement cher et rien n’est garanti. Fisker Inc. a été introduite en bourse en octobre 2020 et son titre a été quelque peu malmené en 2022. La marque a encore besoin de financement pour réaliser ses ambitions. Espérons qu’Henrik Fisker ait appris de ses erreurs…
Feu vert
- Design intéressant
- Équipements originaux
- Modèle d’entrée à prix attractif
Feu rouge
- Beaucoup d’inconnues sur l’avenir
- Marché des VUS électriques de plus en plus encombré