Chrysler 300 - Retour vers le passé
En 2023, nul besoin de conduire une Delorean DMC-12 flanquée d’un convecteur temporel pour retourner dans le passé. Prendre le volant d’une Chrysler 300 vous donne une bonne idée de ce qu’était l’automobile il y a une décennie. Chaque année, on pense que la dernière heure de la 300 est arrivée et qu’elle va quitter la gamme. Il faut dire que les grandes berlines ne font plus recette, et que la catégorie a été littéralement désertée. Mis à part sa cousine la Dodge Charger, et la Kia Stinger même si c’est un peu tiré par les cheveux, il ne reste que peu de monde pour relever le gant dans ce segment de marché.
Toutefois, pour les quelques irréductibles qui voudraient résister encore et toujours à l’invasion des VUS, il est toujours possible de s’offrir une Chrysler 300. Lorsque l’on regarde le site internet du constructeur, on est surpris de lire « la Chrysler 300 place la barre très haut, avec son design somptueux, ses technologies avancées de série et ses capacités exceptionnelles ». Ces trois affirmations sont plutôt prétentieuses. En revanche, pour ce qui est du design, reconnaissons que la 300 vieillit plutôt bien, sa dernière refonte importante ayant eu lieu il y a… douze ans!
En ce qui concerne la technologie et les capacités exceptionnelles en revanche, c’est plus difficile à justifier. Pour appuyer ses dires, Chrysler met en avant son système multimédia de 8,4 pouces avec une interface UConnect (d’ancienne génération), associé à Apple CarPlay et Android Auto. Le tout fonctionne très bien au quotidien, mais qualifier ça de technologie avancée, c’est un peu exagéré.
De l’essence sinon rien!
En 2011, vendre une grande berline américaine avec un V6 et un V8, c’était tout à fait normal. En 2023, un peu c’est plus compliqué. D’abord parce que faire le plein de sa voiture coûte deux fois plus cher, mais aussi parce que l’électrification des transports prend de plus en plus d’ampleur.
Plus proche de la fin que du début de sa carrière, la 300 ne se préoccupe pas de ces considérations environnementales. Le moteur de base est le célèbre V6 Pentastar, qu'on ne présente plus tant on le retrouve partout chez Chrysler et Dodge. Il développe 292 chevaux et 260 lb-pi de couple (300 ch et 264 lb-pi dans la 300 S) et brûle 10,3 L/100 km de moyenne. Ce bloc est disponible dans toutes les versions (Touring, L et S) et peut aussi être jumelé au rouage intégral. Avec quatre roues motrices au lieu de deux, cette moyenne grimpe légèrement pour atteindre 11 L/100 km. Considérant la faible différence entre les versions à deux ou quatre roues motrices, le rouage intégral est à privilégier.
Sous le capot de la version S, il faut ajouter 3 450 $ pour bénéficier du V8 Hemi. Les performances augmentent logiquement (363 chevaux et 394 lb-pi), mais il n’est plus possible d’entraîner les roues avant. Avec le V8, c’est la propulsion ou rien. Et comme vous vous en doutez, la consommation augmente sensiblement, avec une moyenne combinée de 12,3 L/100 km.
Habitacle démodé mais confort ouaté
À l’intérieur, la 300 peine à cacher ses rides. La qualité de finition est moyenne et le design franchement démodé. C’est surtout vrai pour le plastique du tableau de bord, dont l’aspect trahit franchement son âge avancé. En revanche, le conducteur n’a aucun mal à trouver une position de conduite adéquate.
Un des points forts de la Chrysler 300, c’est son roulement confortable et bien calibré. Même lorsque l’asphalte est dégradé, les occupants demeurent isolés des trépidations du monde extérieur. Les sièges, moelleux et offrant un maintien adéquat, participent également à cette douceur d’ensemble. On peut envisager les longues étapes autoroutières sans crainte au volant de la grande berline Chrysler. Si les capacités dynamiques sont datées, elles demeurent néanmoins correctes tant que l’on ne brusque pas l’auto. Si le dynamisme fait partie de vos critères d’achat, vous n’êtes pas au bon endroit. Mieux vaut vous tourner vers une Kia Stinger, ou une berline allemande, qui sera moins confortable, mais assurément plus vive et agile dans les virages.
À l’heure du bilan, est-il encore pertinent d’acheter une Chrysler 300? Considérant l’âge de la voiture, ses moteurs plutôt gourmands, son habitacle désuet et l’engouement croissant des acheteurs pour les véhicules électriques et hybrides, nous pensons que non. D’autant plus que même dans un marché de l’occasion en pleine ébullition, les prix des Chrysler 300 usagées ne connaissent pas la même fièvre que les modèles les plus populaires. Et pour un achat à long terme, nous prenons peu de risques en vous disant qu’une Chrysler 300 neuve, achetée plus de 45 000 $, ne vaudra qu’une fraction de ce prix dans cinq ans…
Feu vert
- Lignes qui vieillissent bien
- Roulement très confortable
- Rouage intégral livrable
Feu rouge
- Dépréciation importante à long terme
- Habitacle daté
- Consommation élevée (avec le V8)