Dodge Challenger - Au diable la modernité!

Publié le 1er janvier 2022 dans 2023 par Julien Amado

Pour beaucoup de nostalgiques, les muscle cars des années 60 sont irremplaçables. On aime leur puissance démesurée, le hurlement de leur V8 avalant goulument des dizaines de litres d’essence et le crissement de leurs pneus sur l’asphalte à chaque accélération. Dans le paysage automobile des années 2020, cette période est clairement révolue. La société a changé, et elle évolue désormais vers plus de frugalité et de mesure.

Cependant, il reste quelques voitures qui refusent de céder à la modernité, à la baisse de cylindrée et à l’hybridation… en tout cas pour l’instant. La Dodge Challenger en fait partie. Et parmi les sportives actuelles, elle est assurément la meilleure représentante de ces modèles dépassés technologiquement, mais qui continuent de jouer la carte du charme « à l’ancienne ». Techniquement, la Challenger n’a pas évolué radicalement ces dernières années. Même chose du côté du design, inspiré des Challenger de la fin des années 60, il n’a pas connu de bouleversement majeur. Cela dit, il faut reconnaître un certain brio à ce coup de crayon initial, car le charme agit toujours.

Des cylindres et des chevaux

La seule batterie que vous allez trouver dans une Challenger sert à faire démarrer un moteur à essence. Pas de système électrique ou hybride (sacrilège !), mais un bon vieux V6 Pentastar en entrée de gamme. Et si cela ne vous convient pas, l’offre est pléthorique du côté des V8 puisque l’on peut opter pour le 5,7 Hemi, le 6,4 litres atmosphérique (SRT) et le redoutable 6,2 litres surcompressé dans les modèles Hellcat. Avec des puissances qui s’échelonnent de 305 à 807 chevaux, il est impossible de comparer directement une SXT avec une Redeye. Pour les versions à moteur V6, les performances sont adéquates et amplement suffisantes dans l’absolu. Avec cette mécanique, le châssis parvient à encaisser cette puissance sans sourciller. Et la traction intégrale (disponible en option), même si elle n’égale pas les meilleurs véhicules du marché, se débrouille correctement si vous souhaitez conduire une Challenger toute l’année.

De son côté, le V8 Hemi apporte déjà une bonne dose de caractère et une sonorité plus flatteuse. Avec le 6,4 litres atmosphérique, la puissance et le couple malmènent copieusement la partie-cycle. Mais ce n’est rien comparé aux versions Hellcat, qui soumettent le châssis à une véritable torture ! Mouvements de caisse intempestifs, ruades du train arrière, pneus qui patinent jusqu’à 120 km/h (même sur sol sec !), le châssis est dépassé par les évènements. Le conducteur en a aussi plein les bras, quel bonheur toutefois de faire siffler le compresseur à chaque accélération ! Et quel soulagement de savoir que le freinage, puissant et endurant, a été bien dimensionné pour ralentir cette furie !

Une fois revenu à une allure plus tranquille, on apprécie le bon confort des sièges et des suspensions, l’insonorisation tout à fait correcte ainsi que le système multimédia intuitif. En revanche, on aurait aimé des plastiques de meilleure qualité dans l’habitacle, surtout dans les modèles haut de gamme. La très faible surface vitrée, qui participe à ses lignes distinctives, limite aussi la visibilité, surtout sur les côtés et vers l’arrière.

Chères à l’achat… et à la pompe

En ce qui concerne les tarifs, la Challenger fait le grand écart. Si le prix d'une SXT à moteur V6 débute à un peu plus de 37 000 $, il faut compter au moins 43 000 $ pour profiter des joies du V8 de 5,7 litres. Et dès que l'on configure une version Hellcat, on entre dans une autre dimension, avec un prix de base supérieur à 80 000 $. Quand on prend en considération l’âge du véhicule et le peu de technologies modernes embarquées, on constate qu’une Challenger performante, ce n’est vraiment pas donné !

Et si l’on se penche du côté de la consommation, il n’y a guère que le V6 qui parvienne à maintenir une moyenne raisonnable (10,3 L/100 km). De son côté, le rouage intégral n’ajoute que 0,7 L/100 km selon Ressources naturelles Canada. Et avec le litre d’essence qui dépasse les 2 $ au moment d’écrire ces lignes, il faut tout de même prévoir un budget carburant conséquent pour profiter des joies procurées par les V8. Avec le « petit » 5,7 litres, la moyenne s’établit à 12,3 L/100 km avec la boîte automatique.

Oubliez toute frugalité avec les Hellcat dont l’afficheur ne descend jamais sous les 15 L/100 km, même en effleurant l’accélérateur. En étant plus enthousiaste, le V8 surcompressé peut grimper jusqu’à 25 L/100 km sans aucune difficulté. Voilà le prix à payer pour profiter des vocalises de ce V8 de feu. En somme, la Challenger n’est plus dans le coup dynamiquement et appartient sans aucun doute à une autre époque. Néanmoins, elle demeure la descendante la plus fidèle des muscle cars des années 60…et c’est ce qui fait tout son charme.

Feu vert

Feu rouge

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