Aston Martin DB11 - Après la crise

Publié le 1er janvier 2022 dans 2023 par Hugues Gonnot

Dire que les 109 années d’existence d’Aston Martin ont été tumultueuses est un gentil euphémisme. Les crises, les faillites et les reprises se sont succédé, à un rythme parfois effréné. Le dernier coup chaud remonte à 2020. C’est là que s’est imposé un nouvel investisseur : le Montréalais Lawrence Stroll.

En rachetant 25% des parts de la compagnie, monsieur Stroll en est devenu le président exécutif. Il a réalisé une injection massive de liquidités, resserré les liens financiers et techniques avec Mercedes-Benz (qui possède maintenant 20% des actions) et annoncé un plan de développement ambitieux. Est-ce que ce sera suffisant pour assurer l’avenir?

Crise de personnalité

La période la plus significative historiquement est celle de 1947 à 1972, lorsque David Brown était le propriétaire. C’est là que la marque lancera la série DB (initiales du patron) avec une forme de calandre qui fait aujourd’hui la signature de tous les modèles de la marque. C’est aussi là qu’Aston Martin gagnera les 24 heures du Mans (en 1959) et qu’elle passera dans la légende en s’associant à partir de 1964 à une franchise de films dédiée à un espion buveur de martinis. Pourtant, Brown devra passer la main en 1972 ainsi que plusieurs autres par la suite, y compris Ford.

Comment faire prospérer une marque dans un monde où la technologie, les législations et les goûts des consommateurs évoluent de plus en plus vite tout en restant fidèle à une tradition exigée par les acheteurs? L’ombre de David Brown pèse encore aujourd’hui sur le développement des produits. On avait reproché à Aston Martin d’avoir étiré l’utilisation de la plate-forme VH, conçue pour la DB9. La marque a écouté et est partie d’une feuille blanche pour concevoir celle de la DB11, toujours en aluminium.

Pour le style, l’idée était d’obtenir des lignes propres, élégantes, dépourvues au maximum d’appendices aérodynamiques. Pourtant, l’écoulement de l’air a été au centre des préoccupations comme on le constate en observant les prises d’air sur les ailes (qui limitent la surpression à l’avant et dirigent l’air sous les rétroviseurs) ou le pilier C (qui canalise l’air sous le coffre d’où il ressort via une fine ouverture, créant ainsi une surpression). L’ensemble est complété par une fine lame rétractable (baptisée Aeroblade), qui se déploie au-delà de 160 km/h et un diffuseur.

Les voitures de sport modernes deviennent extrêmes, mais tout le monde ne veut pas battre des records de vitesse sur le Nürburgring. Certains souhaitent encore dérouler les kilomètres sans se faire briser les vertèbres. C’est pour cela que le V12 maison est calibré pour répondre en douceur dès les plus basses rotations (notamment grâce à des turbos à double volute) et que le mode Confort de la suspension adaptative offre réellement du confort (il y a aussi des modes Sport et Sport Plus). Par contre, la version V8 au caractère bien trempé incitera naturellement à une conduite vigoureuse. C’est le seul moteur disponible dans la Volante.

Les possibilités de personnalisation sont impressionnantes : trois couleurs pour les arches de toit, 58 pour la carrosserie, 38 pour le cuir, trois environnements intérieurs mono ou bicolores, ensembles carbone… Et si cela ne suffit pas, il reste toujours la division Q (en référence à James Bond) pour le sur-mesure. Les places arrière sont limitées et le coffre est un peu juste mais cela a-t-il de l’importance dans une voiture du genre?

Crise évitée

Fin 2022 ou début 2023, les DB11, DBS et Vantage recevront de profondes modifications, comme l’a indiqué Lawrence Stroll en entrevue. L’esthétique sera revue, principalement à l’avant. Toute la partie mécanique (moteur, transmission, suspension) connaîtra des évolutions. Aston Martin s’est engagée à maintenir le V12 pendant encore quelques années et le V8 devrait être remis au niveau des derniers modèles AMG, son fournisseur. L’un des changements les plus importants concernera le système d’infodivertissement… enfin! L’accord avec Mercedes stipulant que la technologie allemande dans les véhicules anglais devait avoir au moins trois ans deviendra caduc. Les coupés recevront une évolution très british du système MBUX de dernière génération, y compris avec des voix ayant le « bon » accent anglais.

L’objectif est de porter la production à 10 000 exemplaires à l’horizon 2024/2025 avec une part de 40% pour les modèles à moteur avant. Au-delà, c’est l’électrification. Un premier véhicule 100% électrique devrait voir le jour autour de 2025 et tous les modèles offriront une variante électrifiée d’ici 2026. Les bonnes ventes de 2021 ont permis à Aston Martin de réduire considérablement ses pertes. Mais ne croyez pas que les crises se soient arrêtées. La marque a eu trois PDG en moins de 30 mois et doit encore réaliser des bénéfices. On reste dans la tradition!

Feu vert

Feu rouge

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