Alfa Romeo Giulia - Singulière
Alfa Romeo en arrache depuis son retour au pays. Dans les chiffres, la marque a vendu un peu moins de 919 véhicules au Canada, en 2021. De ce nombre, seulement 212 étaient des berlines Giulia. À titre comparatif, les rivales comme l’Audi A4, la BMW Série 3 et la Mercedes-Benz Classe C se sont toutes écoulées en plusieurs milliers d’unités durant la même période.
Cette piètre performance des ventes crée un phénomène de singularité paradoxalement avantageux. Acheter une Giulia vous distingue immédiatement de vos voisins. Et la variante Quadrifoglio est rare comme le trèfle à quatre feuilles qui permet de l’identifier. Sur papier, les performances sont au rendez-vous. À l’œil, le style est unique. Pourquoi donc n'est-elle pas plus populaire ?
Une nouvelle variante
Dans le but d’aligner son offre avec les besoins des clients, la Giulia se voit attribuer une toute nouvelle déclinaison baptisée Estrema pour l’année-modèle 2023. Celle-ci s’insère entre la version Veloce et la très dévergondée (et très dispendieuse) Quadrifoglio. Ce modèle emprunte quelques composantes clés a cette dernière comme la suspension active et le différentiel à glissement limité, dans le but d'offrir la dynamique de conduite rehaussée, sans le trèfle à quatre feuilles et le prix à six chiffres.
Toutes les déclinaisons sauf la Quadrifoglio sont animées par un 4 cylindres turbocompressé de 2 litres qui développe une cavalerie 281 chevaux et un couple de 306 lb-pi. Cette configuration motrice semble constituer la norme dans le segment, et la performance livrée de la Giulia tombe pile dans les normes. Tous les modèles – toujours sauf la Quadrifoglio – héritent également de la traction intégrale de série. Une boite automatique à huit rapports génère les deux mécaniques. En ce qui concerne la fameuse variante au trèfle chanceux, elle est animée par un V8 de 2,9 litres biturbo inspiré d’une mécanique Ferrari qui déballe pas moins de 505 chevaux. Toute la cavalerie est envoyée aux roues arrière.
Conduite agile, intérieur abstinent
Sur le plan de l’agilité, la Giulia brille, même dans sa version de base. Bien que le turbocompresseur souffre d’un très léger délai à bas régime, le moteur distribue son couple rapidement par la suite pour déployer des accélérations agréables et des reprises qui ne déçoivent pas. Cette conduite est modulable grâce à l’ADN, soit le sélecteur de mode de conduite de la Giulia. Celui-ci, agrémenté d’un mode Dynamic, affute les sens de la berline, d’un mode Natural, qui agit comme un mode « normal » de conduite quotidienne, et d’un mode Advanced Efficiency, qui se veut « écologique » en tentant tant bien que mal de modérer les ardeurs motrices de l’Italienne pour qu’elle limite sa consommation.
Un mode Race s’ajoute à la déclinaison Quadrifoglio. Ce calibrage, inspiré de la compétition, prend tout son sens grâce à la suspension active. D’ailleurs, c’est dans ce mode que la Quadrifoglio adopte son caractère le plus trempé, projetant ses 505 chevaux aux roues arrière via la boite de vitesses actionnée chirurgicalement par les palettes de changements de vitesse massives montées derrière le volant. La direction de cette Quadrifoglio est également plus étroite et réactive et son système antipatinage, résolument permissif, laisse la voiture glisser l'arrière en sortie rapide de virage, le tout en parfait contrôle comme dans une chorégraphie. Pour calmer les ardeurs de la bête, on a armé cette déclinaison d’étriers de freins Brembo à six pistons à l'avant et à quatre pistons à l'arrière.
L’habitacle de la Giulia est quant à lui paradoxalement sobre. Il manque le raffinement pour rivaliser avec les berlines allemandes, mais également le caractère pour s’harmoniser avec la dynamique de conduite servie par la voiture. Hormis quelques menus inutilement complexes, le système d'infodivertissement reste adéquatement intuitif pour les tâches quotidiennes. Se distinguer dans l'industrie automobile actuelle demeure une commande de taille. La Giulia possède cette étincelle passionnée (et un brasier enflammé dans la variante Quadrifoglio) grâce à une conduite inspirante, des motorisations puissantes et un je-ne-sais-quoi de stylique qui la différencie des autres.
La compétition est féroce dans le segment. Et les problèmes liés à sa fiabilité, son prix de départ, son réseau de concessionnaires restreint, et le fait qu’elle n’est pas offerte en autant de configurations (coupé, cabriolet, etc.) que ses rivales constituent tous des obstacles réels à la popularité de cette berline au sang italien. D’autre part, Alfa Romeo planifie se convertir entièrement à l’électrique d’ici 2027. Et ceci amène une autre question : la marque saura-t-elle transposer la dynamique singulière de la Giulia dans une voiture à batteries?
Feu vert
- Design qui se démarque réellement
- Dynamique de conduite unique
- Version Quadrifoglio exaltante
Feu rouge
- Fiabilité
- Prix de base élevé
- Peu de concessionnaires au Québec