À savoir avant d’acheter électrique

Publié le 28 octobre 2023 dans Électrique par Antoine Joubert

La voiture électrique fait désormais partie de nos habitudes. Et lorsque je dis « nos » habitudes, je fais référence à nous, les Québécois, qui sommes plus que quiconque convaincus de ses bénéfices. À preuve, la majorité des automobilistes la considère lorsque vient le temps de remplacer leur véhicule, même s’ils ne font pas toujours le saut. Assurément, notre gouvernement aura tout mis en œuvre pour nous vendre ses beaux côtés, dans l’optique ultime du contrôle de l’énergie, mais aussi parce que Québec souhaite donner l’exemple en matière d’émissions de gaz à effet de serre.

Naturellement, avec les tarifs d’hydroélectricité les moins chers d’Amérique du Nord, Québec offre un avantage financier considérable aux automobilistes québécois. Sans compter ces généreux crédits octroyés pour l’achat d’un véhicule électrique, pouvant atteindre 7 000 $ taxes incluses. Un montant auquel s’ajoute jusqu’à 5 000 $ additionnel provenant du fédéral, pour un somme totale de 12 000 $ taxes incluses (ou 10 437 $ plus taxes). Cela signifie essentiellement qu’une voiture électrique de 42 000 $ comme la Chevrolet Bolt se voit octroyer un rabais net de 25%, ce qui n’est pas banal. Évidemment, plus le prix de vente du véhicule augmente, plus le pourcentage de rabais diminue, ce qui explique pourquoi les véhicules électriques les moins chers sont de loin les plus convoités. Peut-être exception faite du Mazda MX-30, désavantagé par une trop faible autonomie (161 km) pour attirer la masse de gens.

Photo: Dominic Boucher

Cela dit, les automobilistes ancrés dans leurs vieilles habitudes ne sont souvent pas conscients de leurs besoins réels. Ne réalisent pas qu’ils ne roulent quotidiennement pas plus de 75-80 km, ce qui signifie qu’un véhicule proposant 150 km d’autonomie (ou 100 km par temps froid) peut très souvent convenir. Maintenant, parce que certains autres véhicules proposent une autonomie deux fois supérieure à prix comparable, inutile de vous dire vers quelle alternative se dirige massivement la clientèle.

Les avantages de la voiture électrique sont nombreux, à commencer par ce silence de roulement qui se fait fortement apprécier dans le brouhaha du quotidien. Sous-estimé, cet avantage va même jusqu’à contribuer à une diminution du stress (*donnée absolument non scientifique, mais constatée par l’auteur de ces lignes, qui apprécie cette quiétude après une grosse journée de travail !). Évidemment, la très faible utilisation énergétique se traduisant par plusieurs centaines de dollars en surplus dans nos poches chaque mois devient aussi un avantage, surtout si les recharges se font principalement à domicile. Un autre bénéfice? La puissance d’accélération et l’instantanéité du couple, qui permet de réagir promptement et sans délai. Et pas besoin de la plus rapide des Tesla. Une simple Kia Niro EV vous offrira ce petit oumph si précieux duquel on ne peut plus se passer. Autrement dit, après avoir connu cette fougue d’accélération, il est difficile de revenir à une compacte à essence traditionnelle.

Photo: Kia

Dire adieu aux pétrolières est également chose agréable. Non seulement parce que vous économisez en énergie, mais aussi parce que vous n’avez plus à vous y arrêter. Le constructeur Volkswagen a d’ailleurs créé une sympathique publicité qui l’illustre bien, l’automobiliste ne s’arrêtant à la station-service que pour une friandise. C’est qu’en fait, avec une borne de recharge à domicile (quasi essentielle lorsqu’on se procure un VÉ), on devient maître de son propre ravitaillement. Et puis, plus besoin de chasser un prix du litre de carburant qui fluctue du matin au soir, la tarification d’Hydro-Québec se situant en moyenne autour de 0,10 $ le kWh (donc 6,00 $ pour une pleine charge sur une Chevrolet Bolt/Hyundai Kona/Kia Soul).

La voiture électrique offre aussi cet avantage de ne déprécier en valeur que de façon symbolique. Surtout, lorsqu’il est question des voitures les plus accessibles. Pensez justement aux Chevrolet Bolt, Hyundai Kona /Ioniq 5, Kia Soul/Niro/EV6, Nissan LEAF ou Volkswagen ID.4. Des véhicules subventionnés et pour lesquels la demande est beaucoup plus grande que l’offre. Évidemment, plus vous montez en gamme et plus la dépréciation augmente, jusqu’à devenir élevée, sur les modèles non subventionnés. Ajoutons aussi que les VÉ ne sont aucunement la cible des réseaux de vols de voitures, vous permettant de dormir tranquille. Et pour cause, les véhicules volés sont majoritairement exportés vers l’Afrique ou le Moyen-Orient, où les modèles électriques n’ont aucunement la cote.

Photo: Dominic Boucher

Les moins bons côtés d’une électrique

Ce n’est hélas pas parce que les VÉ sont moins convoités des voleurs que les primes d’assurance s’en voient diminuées. Au contraire, celles-ci sont souvent plus élevées que celles d’un véhicule à essence comparable. Cela s’explique par le coût des réparations nettement plus élevé, par la non-disponibilité des pièces, par le manque d’expertise pour réparer ces véhicules et surtout, par la non-disponibilité d’un véhicule de remplacement. En somme, si vous aviez demain matin un sinistre avec votre Hyundai Ioniq 5, l’assureur serait en mesure de vous émettre un chèque, mais certainement pas de vous trouver une autre Ioniq 5. Il faut aussi ajouter à l’équation le fait qu’un véhicule de location prêté pour un maximum de 30 jours n’est souvent pas électrique, et qu’on doive à ce moment dédommager l’assuré pour l’essence qu’il utilisera tout au long du processus de réclamation.

Photo: Adobe Stock/Maksym Yemelyanov

La voiture électrique demande aussi de l’entretien. Certes, beaucoup moins dans le court terme, mais il faut savoir que plusieurs modèles sont dotés de plusieurs systèmes de refroidissement qui se doivent de bien performer, alors que d’autres sont dotés de moteurs électriques sur lesquels il faut sporadiquement effectuer un changement d’huile. Sachez aussi qu’un véhicule électrique, par son poids, implique souvent une usure prématurée des pièces de suspension et de direction, les pneus ayant eux aussi une durée de vie plus limitée. Quant aux freins, ils sont clairement moins sollicités, mais ceux-ci doivent faire l’objet d’un entretien annuel (peu dispendieux), sans quoi la corrosion pourrait avoir le dessus. 

Et puis, il y a le prix. Une facture qui demeure passablement plus élevée que celle d’un modèle à essence, en partie parce que les constructeurs sont justement conscients du fait que le gouvernement accorde de généreux crédits. N’oubliez pas non plus les taux de financement parfois presque usuraires, qui viennent faire exploser les mensualités.

Photo: Adobe Stock/Onchira

Terminons en mentionnant qu’une borne de recharge à domicile est plus que nécessaire si vous faites l’achat d’un VÉ. Parce que vous ne serez pas alors dépendant d’un réseau comme le Circuit Électrique ou celui des Superchargeurs Tesla, mais aussi parce qu’il vous en coûtera beaucoup moins cher pour vos recharges. La problématique se situe donc souvent pour ceux qui ne peuvent obtenir installation, soit parce qu’ils stationnent sur la rue ou qu’ils vivent en unité de condominium, où les  installations sont souvent problématiques. À ce moment, il faut prendre le temps d’évaluer ses besoins et les bornes environnantes, en prenant conscience du fait que l’achalandage grimpera en flèche au fil du temps, sur chacune d’entre-elle.    

À voir aussi : La pénurie d’expertise des véhicules électriques nuit à l’industrie automobile

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