Saab 9-7X, une américano-suédoise !

Publié le 12 février 2008 dans 2008 par Denis Duquet

Lorsque certaines personnes ont pris connaissance de la 9-7X lors de son lancement il y a maintenant plus de deux ans, elles n’ont pu que s’écrier : « Qu’est-ce qui se passe à Trollhättan ? Dieu, est-ce possible que l’on puisse commander une Saab à moteur V8 ? » Et il ne s’agit là que des exclamations les plus polies... La raison de l’arrivée de ce gros VUS sur le marché répondait tout simplement aux besoins de cette marque afin de profiter du créneau très lucratif à l’époque pour les véhicules du genre.

Compte tenu des ressources financières passablement limitées de ce constructeur suédois et de la nécessité pour GM de réduire les dépenses, il était impossible de concevoir quelque chose à partir d’une feuille de papier blanc. La seule solution était de se baser sur un véhicule existant. Et les malheurs des uns font souvent le bonheur des autres puisqu’Oldsmobile venait de plier bagages et la Bravada, ou du moins sa plate-forme, devenait disponible. Les ingénieurs suédois ont alors retroussé leurs manches pour transformer cette américaine en suédoise. Et avant de continuer, je m’oppose fortement au fait que plusieurs rejettent cette Saab du revers de la main en prétextant qu’il s’agit d’une Chevrolet Trailblazer. Mais on a utilisé la Bravada qui était fort différente de la Chevrolet. Non seulement sa suspension et des éléments de sa plate-forme l’associaient davantage à une automobile, mais son rouage intégral lui était exclusif.

Convertie

L’une des tâches les plus difficiles pour les ingénieurs est d’adapter à une marque un produit conçu pour être vendu sous une autre bannière dont la philosophie de design et de marketing n’est pas nécessairement la même. Il faut reconnaître que les responsables de la 9-7X ont accompli de l’excellent travail compte tenu des circonstances. En effet, dans l’habitacle par exemple, il est impossible de déplacer le volant, les buses de ventilation ainsi que la plupart des éléments mécaniques. Cela limite quelque peu la marge de manœuvre ! Malgré tout, cette Saab d’origine américaine ressemble tout de même à une authentique Saab avec ses buses de ventilation dotées du petit bâtonnet de direction. La clé de contact est sur la console centrale tandis que l’ingénieux porte-gobelet articulé est également de la partie. En plus, les sièges avant sont très confortables et offrent un bon support latéral. Le pédalier réglable permet d’adopter une meilleure position de conduite. La version essayée comportait des sièges avec sellerie de cuir et leur finition était impeccable. Malheureusement, les plastiques durs ne sont pas absents de l’habitacle… histoire de nous rappeler qu’il s’agit d’un produit GM !
Les stylistes ont réussi avec assez d’habilité à conjuguer les éléments visuels extérieurs propres à cette marque. Selon moi, la calandre avant est bien intégrée à l’ensemble, sans trop alourdir la silhouette ou avoir l’air de quelque chose de rapporté. Le fait de peindre le pilier D en noir allège la silhouette et le véhicule à l’air moins balourd.

Oui mais !

Au chapitre de la mécanique,  seules des modifications ont été apportées à la direction dont les points d’ancrage ont été rigidifiés, ainsi qu’à la suspension, revue en fait de fermeté. Ces changements s’avèrent positifs sur une route en bon état, car la direction est moins engourdie et le train avant réagit avec plus de fermeté. Malheureusement, cela devient un peu trop ferme sur mauvaise route. Mais au moins, la direction a beaucoup gagné en précision.

Je suis persuadé que si la 9-7X avait été destinée à un marché autre que celui de l’Amérique, le moteur de série aurait été le six cylindres en ligne de 4,2 litres d’une puissance de 291 chevaux, comme c’est le cas présentement. Mais on aurait sans doute ajouté un autre moteur au catalogue, probablement un six cylindres diesel. Par contre, compte tenu de la vocation américaine de cette Saab, c’est un V8 de 5,3 litres de 300 chevaux qui est offert. Ce V8 est le moteur à tout faire chez GM : robuste, fiable et doté du système de gestion alternative des cylindres. Sa consommation est quasiment similaire à celle du six cylindres en ligne, mais sa capacité de remorquage est supérieure puisqu’elle est de 6 500 livres (2 948 kg), soit 1 000 livres (453 kg) de plus qu’avec le six cylindres. Mais la grosse différence réside dans son rendement. Son couple est non seulement supérieur, mais il se manifeste à plus bas régime, le rendant plus apte au remorquage. Par contre, vous avouerez avec moi qu’une Saab à moteur V8 est un oxymoron.

Les ventes de cette Saab au Québec ne sont pas des plus spectaculaires. C’est facile à expliquer : la 9-7X ne correspond pas à ce que représente une Saab pour l’acheteur type de la marque. On a fait du bon travail mais en grande partie en ciblant le mauvais client. Elle est pourtant supérieure au GMC Envoy et au Chevrolet Trailblazer...

Feu vert

Choix de moteur, direction précise,
habitacle cossu, sièges confortables,
stable en virage

Feu rouge

Faible diffusion, dépréciation rapide,
suspension parfois mal amortie,
version Aero anchronique, moteur V8 6,0l

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