Saturn VUE, la puissance d'un nom

Publié le 12 février 2008 dans 2008 par Alain Morin

Lorsqu’elle a amorcé ses activités en 1990, la marque Saturn, créée par General Motors, proposait une nouvelle façon de voir et de faire des automobiles. Outre les carrosseries en polymère dont elle a très bien su se servir au niveau marketing, Saturn présentait des voitures bien assemblées, fort modernes et, surtout, un service à la clientèle hors pair. Mais le temps, cet inexorable patron, s’est chargé de faire pâlir l’image de Saturn. Après avoir conservé beaucoup trop longtemps sa série SL, Saturn a eu beaucoup de difficultés à remonter la pente auprès des consommateurs. Mais le vent a récemment tourné. En 30 mois, toute la gamme Saturn aura été renouvelée !

Parmi ces nouveautés, on retrouve la très réussie berline intermédiaire Aura, le joli roadster Sky et le bien tourné multisegment Outlook. À venir, une réjouissante compacte appelée Astra. Et lors du renouvellement de la plupart de ses véhicules, Saturn ne s’est pas gêné pour aller piger dans sa filière allemande Opel. Les plus perspicaces n’auront vu à peu près aucune différence entre une Saturn Sky, par exemple et une Opel GT. Et depuis peu, le VUS compact Saturn Vue a été transformé du tout au tout. Cette fois, si le Opel Antara est identique au Vue, il faut savoir que ces véhicules ont été développés en Corée du Sud et dessinés en Italie. Le Vue, lui, sera assemblé au Mexique. Véhicule mondial, vous dites ?

Le Vue avait entrepris sa carrière en 2002. S’il réunissait alors de nombreuses qualités, ses quelques gros défauts lui donnaient mauvaise presse. Les ingénieurs de Saturn n’ont jamais cessé de faire évoluer leur véhicule utilitaire sport. À tel point que les dernières années de la génération précédente ont montré un véhicule fiable et plus agréable à conduire. À la version de base s’est greffée une version sportive baptisée Red Line et une autre, encore plus intéressante puisqu’écologiquement amicale, le Green Line avec sa motorisation hybride.

Le Vue revu

Mais le temps était venu de passer à autre chose. Le Saturn Vue a donc été entièrement revu et a été dévoilé au dernier Salon de l’auto de Los Angeles. Au niveau du style, rien du nouveau Vue ne ressemble à l’ancien. Même les panneaux de polymère n’y sont plus. Malgré leur facilité à absorber les petits chocs et à faire fuir la rouille, ces panneaux de plastique se dilataient beaucoup sous l’effet de la chaleur. Ils demandaient des interstices très larges et la qualité de la peinture qu’on appliquait sur ces panneaux variait de passable à pourrie. Tout à fait subjectivement, plusieurs personnes apprécient grandement le design du Vue. Même s’il affiche des airs avec d’autres véhicules de la même catégorie (Honda CR-V entre autres), il n’en demeure pas moins que ses lignes sont bien proportionnées et qu’elles ne se démoderont pas demain matin. De plus, la qualité de son assemblage semble avoir accompli des pas de géant expert en saut en longueur.

Les ingénieurs ont retenu un châssis monocoque pour le nouveau Vue, sachant fort bien que 95 % des propriétaires de ces VUS compacts n’iront jamais ailleurs que dans quelques pouces de neige. Pas moins de quatre motorisations différentes sont au menu du Vue. Il y a tout d’abord le quatre cylindres Ecotec 2,4 litres de 164 chevaux. Ce moteur en aluminium, de conception très moderne avec son double arbre à cames en tête et ses quatre soupapes par cylindre se sent un peu à l’étroit dans le Vue. II est obligatoirement relié à une transmission automatique à quatre rapports et à la traction (roues avant motrices), et ses performances sont loin d’épater la galerie. Les accélérations et les reprises sont plutôt pénibles et on entend bien le moteur se plaindre chaque fois. Au moins, on ne remarque aucun effet de couple, cette triste manie qu’ont les tractions puissantes de tirer d’un bord ou de l’autre au moindre coup d’accélérateur. Si les performances et les capacités de remorquage ne représentent pas pour vous des points cruciaux, le quatre cylindres pourrait faire l’affaire. Par contre, le fait que la transmission ne compte que quatre rapports et que le moteur soit toujours sollicité devrait donner une moyenne de consommation pas très éloignée de celle du V6. Il faut noter que cette transmission possède un mode manuel qui, s’il n’améliore pas les performances, conserve le régime moteur au rapport désiré lorsque vous tirez une remorque, par exemple. Plus tard durant l’année, une transmission manuelle à cinq rapports sera disponible.

V6, neige et antirouille

Dans la génération précédente, Saturn proposait soit un 3,5 litres ou un V6 3,5 litres d’origine Honda dans son Vue. Ce n’est plus le cas. Le 3,5 maintenant offert de série pour les versions plus dépouillées (XE) qui seront nanties de la traction intégrale est le même que celui qui équipe la Saturn Aura. Le principal avantage de ce moteur est d’être associé avec la transmission automatique à six rapports et de profiter de la traction intégrale à moindre coût. Le moteur le plus intéressant de la gamme est un V6 de 3,6 litres, provenant, lui aussi, de l’Aura. Il développe 250 chevaux et presque autant de couple. Sans donner des ailes au Vue, ce moteur lui assure des performances très correctes avec un 0-100 km/h de 9,4 secondes tandis qu’il ne faut que huit secondes pile pour passer de 80 à 120 km/h. La transmission qu’on lui a octroyée est une automatique à six rapports très douce et possédant un mode manuel qui, dans notre véhicule d’essai, ne se montrait pas des plus empressés pour changer les rapports. Le mode entièrement automatique est d’autant plus intéressant. Côté rouage d’entraînement, deux choix s’offrent au consommateur. Traction ou intégrale. Cette dernière n’exige aucune intervention du conducteur et est considérée par plusieurs comme une intégrale « detipeud’neige ». Pourtant, lors du match comparatif entre VUS compacts dont vous pourrez lire les résultats dans la première partie de ce Guide, notre Vue à rouage intégral a passé sans trop d’hésitations dans un sentier qui nous a surpris par son niveau de difficulté. D’ailleurs, si on regarde sous le Vue, on découvre d’imposants longerons (on découvre aussi qu’il n’y a pratiquement pas d’antirouille mais ça, c’est une autre histoire…) qui font la longueur du véhicule et qui lui assurent une excellente rigidité. Notez cependant qu’il ne s’agit pas d’un châssis à longeron comme une camionnette, mais plutôt d’un châssis monocoque supporté par des longerons. Nuance. Pour en revenir au V6, sachez qu’il peut remorquer jusqu’à 1 588 kg (3 500 livres) si la remorque est équipée de freins.

Un peu plus tard durant l’année, une version hybride, le Vue Green Line fera son apparition. En fait, il devrait s’agir de la même motorisation que celle de l’Aura. Nous parlons ici d’un ensemble moteur essence/moteur électrique/génératrice. Le moteur électrique et la génératrice assistent le moteur à essence lorsqu’il en a besoin. Dans l’Aura, le fonctionnement de ces éléments se montre des plus discrets et il aide à diminuer sensiblement la consommation. À l’autre bout du spectre, une version sportive Red Line devrait très bientôt débarquer chez les concessionnaires. On parle du moteur 3,6 litres et de divers éléments plus sportifs tels que suspensions révisées, pneus plus gros, etc.

Conduite améliorée

Si le Saturn Vue fait peau neuve au niveau de la carrosserie et de la mécanique, on peut en dire autant pour les impressions de conduite. Premier choc; le châssis est rigide. Dans l’habitacle, on n’entend aucun bruit de caisse et le véhicule ne part pas de tous les côtés au moindre trou. Les suspensions se montrent beaucoup plus en contrôle et, en plus de procurer un confort surprenant, maintiennent le véhicule sur le bitume avec aplomb. Par contre, sur la version quatre cylindres, les suspensions nous ont paru un peu moins affirmées sans, toutefois, entraver la tenue de route. La direction, autrefois totalement déconnectée de la réalité, a fait de beaux progrès. Ce n’est pas encore parfait (elle est toujours à assistance électrique) mais au moins, on sent qu’on a quelque chose entre les mains. Dans un monde parfait, nous n’aurions jamais besoin de freins. Malheureusement, il faut décélérer très souvent. Et « malheureusement » s’applique très bien dans le cas du Vue. S’il est un élément à améliorer dans ce véhicule, c’est bien le freinage. Les distances sont exagérément longues et l’ABS, qui n’est pas des plus discrets, en a plein les bras. Pourtant, le nouveau Vue possède des freins à disque aux quatre roues. Les ingénieurs ont dû oublier de lui dire…

Dire que l’habitacle a vécu des changements serait un euphémisme… L’accès à bord est très facile mais, une fois rendus, conducteur et passagers doivent composer avec des sièges plus ou moins confortables. Et tous s’entendent sur le maniement de la roulette du soutien lombaire, peu commode c’est le moins qu’on puisse dire ! Les jauges sont faciles à consulter et toutes les commandes tombent naturellement sous la main. Un bémol cependant pour le bouton servant à actionner l’essuie-glace arrière, placé au tableau de bord. Son maniement n’est pas intuitif et, en plus, il est placé juste à côté du bouton servant à désactiver le système de contrôle de traction. Une simple distraction et, sur chaussée glacée, on se retrouve sans ce précieux allié… La visibilité est excellente et, la nuit, les phares éclairent très bien. Les jauges se parent alors d’un jaune orangé qui, personnellement, me laisse froid. Les places arrière sont un peu trop dures à mon goût mais la place centrale, elle, doit être faite de feuilles de contreplaqué recouvertes d’un tissu.

La soute à bagages n’est pas la plus grande de sa catégorie mais son aménagement est réalisé avec professionnalisme. Le seuil de chargement se situe bas et à égalité avec le plancher, tandis que les dossiers des sièges arrière s’abaissent pour donner une plate-forme plane. Le pneu de secours loge sous le tapis du coffre, un gros avantage lorsque vient le temps de changer une crevaison. Je sais, le service OnStar ou l’assistance routière sont là, mais pensez au propriétaire de votre véhicule dans dix ans… Enfin, le hayon ouvre haut. Ceci est une excellente nouvelle pour les gens qui ont tendance à se péter le coco sur tous les mécanismes de coffre. Mais il s’agit d’une très mauvaise nouvelle pour les gens plus petits ! Idéalement, il faudrait uniquement des gens de 5’6".

Lorsqu’est venu le temps de revoir de fond en comble leur véhicule utilitaire sport, les gens de Saturn ont sûrement envisagé l’adoption d’un nouveau nom. Après tout, ce n’est pas un petit nom qui fait hésiter les constructeurs américains. On rebaptise les modèles comme on jette un stylo lorsqu’il n’est plus bon. Pourtant, le Vue possédait une belle réputation et son nom n’était pas synonyme de maladie grave et infectieuse. Ainsi, le Vue est revenu. Et cette nouvelle génération a tout, elle aussi, pour réussir. Qualité de fabrication, agrément de conduite et prix justes. Il ne reste que la fiabilité à prouver mais, en général, les récents produits Saturn n’ont pas beaucoup péché à ce chapitre.

Feu vert

lignes joliment dessinées, châssis solide,
intégrale surprenante, finition améliorée,
version hybride (à venir)

Feu rouge

Moteur 2.4 un peu juste,
freins syndiqués, sièges peu confortables,
volant non télescopique

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