Toyota établit un record mondial de ventes
Toyota a annoncé mardi avoir écoulé 11,2 millions de véhicules en 2023, un record confortant son premier rang mondial en volume. Mais le colosse japonais fait profil bas, alors que trois de ses filiales sont touchées par des scandales.
La hausse sur un an a été robuste (+7,2 %), alors que le groupe (marques Toyota, Lexus, Daihatsu et Hino) a profité d’une envolée de ses ventes de véhicules hybrides et de la résorption des pénuries de semi-conducteurs, qui avaient précédemment ralenti sa production.
- À lire aussi: Toyota bZ4X 2024 : le prix grimpe, mais la recharge par temps froid s’améliore
- À lire aussi: Combien coûte... le Toyota Tacoma 2024?
Toyota a récupéré le titre symbolique de numéro un mondial de l’automobile en volume en 2020 et l’a conservé depuis, devant le groupe allemand Volkswagen, de nouveau arrivé deuxième l’an passé avec 9,24 millions de véhicules écoulés (+12 %, selon des chiffres publiés début janvier).
Le sud-coréen Hyundai-Kia s’est maintenu à la troisième place, avec 7,3 millions d’unités vendues en 2023 (+6,7 %).
De son côté, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors a écoulé 6,4 millions de véhicules l’an dernier (+4 %), a calculé l’AFP à partir des ventes annuelles de Nissan (+4,6 %) et Mitsubishi (-10,4 %), également publiés mardi. Celles de Renault, publiées mi-janvier, ont progressé de 9 % en 2023.
Les ventes en volume de Stellantis devraient être annoncées lors de ses résultats annuels le 15 février. Barclays s’attend à environ 6,15 millions de véhicules vendus par le groupe franco-italo-américain en 2023.
« Honte » du président de Toyota
Toyota n’a cependant guère envie de pavoiser ces temps-ci. Car tant Hino (camions et bus) que Daihatsu (mini-voitures) sont éclaboussés par des irrégularités dans les certifications de leurs véhicules au Japon, de mauvaises pratiques qui duraient depuis des années.
Les ventes de Hino ont chuté l’an dernier à cause de ce scandale (-9,8 %), et Daihatsu a suspendu toute sa production depuis fin décembre, en espérant la reprendre progressivement à partir de février.
Toyota a aussi annoncé lundi la suspension des expéditions de dix modèles diesel à cause d’irrégularités similaires dans l’homologation de leurs moteurs au Japon, produits par une autre de ses filiales, Toyota Industries.
« J’ai honte d’admettre que de telles situations se soient produites », a déclaré mardi le président du conseil d’administration de Toyota, Akio Toyoda, lors d’une conférence de presse dans une ancienne usine du groupe reconvertie en musée commémoratif à Nagoya (centre du Japon).
Comme Toyota à la fin des années 2000, quand la marque avait dû procéder à des rappels géants de véhicules dans le monde à cause de problèmes de qualité, ses filiales « ont perdu de vue les valeurs et les priorités qui auraient dû été maintenues », a estimé M. Toyoda.
Il a plaidé pour un retour aux sources, axé sur le « gemba », la « philosophie » de Toyota consistant à optimiser ses procédés en plaçant l’atelier, ses employés et ses produits au cœur.
« Retrouver la confiance de nos clients prendra du temps », a encore estimé le petit-fils du fondateur de Toyota, qui a exprimé ses « profondes excuses » pour les scandales touchant ses filiales.
Il a aussi dit se sentir « pleinement responsable » de ces scandales. Mais plutôt que de démissionner, il veut « agir » et faire profiter aux filiales de son expérience passée de redressement de Toyota dans les années 2010, a-t-il expliqué.
Retard dans l’électrique
Les scandales dans les filiales « pourront potentiellement avoir des répercussions sur la réputation globale de Toyota, surtout si les inquiétudes se portent sur la gouvernance et les pratiques éthiques », a déclaré mardi à l’AFP Tatsuo Yoshida, analyste automobile chez Bloomberg Intelligence.
« L’étendue de leur propagation au-delà du Japon dépendra de la sévérité des problèmes, de la façon dont Toyota va y faire face » et de la manière dont sa réaction sera perçue par l’opinion publique, a-t-il ajouté.
Toyota est par ailleurs en retard dans le segment 100 % électrique, dans lequel il a vendu seulement 104 018 véhicules en 2023: un chiffre qui a certes quadruplé sur un an, mais qui fait toujours pâle figure par rapport à l’américain Tesla (1,81 million de voitures électriques livrées) et au chinois BYD (1,57 million d’unités).
Mais pour l’instant, Toyota compense largement ce point faible par le dynamisme de ses ventes mondiales de véhicules hybrides (plus de 3,4 millions d’unités en 2023, un bond de 31,4 % sur un an).
Toyota vise 1,5 million de ventes électriques par an dès 2026, mais cet objectif s’annonce de plus en plus difficile à tenir.