Porsche Taycan Turbo GT 2025 : tornade furtive

Séville, Espagne – Chez Porsche, l’appellation Turbo GT désigne les versions les plus performantes de la gamme. La Taycan ne fait pas exception, avec cette nouvelle mouture aux capacités dynamiques de très haut niveau.

C’est encore plus vrai lorsque l’on ajoute l’ensemble Weissach. Une appellation qui fait référence à la piste d’essai de Porsche située à l’ouest de Stuttgart, laquelle a servi au développement de nombreux véhicules de route et de compétition.

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La Turbo GT se distingue de la Turbo S grâce à des feux arrière revus et un aileron différent. Mais aussi par un fond plat et des déflecteurs en bas des pare-chocs avant et arrière qui améliorent l’écoulement de l’air autour de la voiture. La Weissach va encore plus loin avec un aileron surélevé en fibre de carbone.

À l’intérieur, la Turbo GT dispose de quatre places, mais la Weissach se passe de banquette arrière. En l’absence de cette dernière, c’est un couvercle en fibre de carbone qui recouvre le plancher.

Sur le modèle européen que nous avons photographié, les sièges avant sont aussi en fibre de carbone. Toutefois, ces derniers ne seront pas disponibles au Canada, remplacés par des éléments réglables sur 18 positions. Très bien adaptés à la piste grâce à un excellent maintien, les sièges en carbone compliquent l’entrée à bord et sont moins confortables au quotidien.

La Turbo GT utilise une batterie de 105 kWh, la plus grosse dans la gamme Taycan. Comparée à une Turbo S, la boîte de vitesses a été revue et l’onduleur de 900 ampères est également spécifique. L’autonomie WLTP s’élève à 554 km pour la Turbo GT et 555 km pour la Weissach. Il faut s’attendre à des chiffres moins optimistes pour les données EPA qui ne sont pas connues pour le moment.

Grâce à l’utilisation de fibre de carbone à divers endroits et l’élimination des sièges arrière, Porsche annonce avoir gagné 75 kg sur la Turbo GT Weissach. Les jantes forgées de 21 pouces sont spécifiques à ce modèle, et les étriers de freins allégés sont recouverts d’une peinture dorée exclusive. Ils pincent des disques en carbone céramique (PCCB) de série.

Les modèles européens affichent un poids de 2 220 kg (Weissach), les véhicules canadiens doivent cependant composer avec 15 kg supplémentaires puisque les sièges avant ne sont pas en carbone. Vu la cavalerie disponible, cette différence est anecdotique…

De 777 à 1092 chevaux

Il y a trois niveaux de puissance à bord de la plus performante des Taycan. Les valeurs de base (tout étant relatif…) s’élèvent à 777 chevaux et 818 lb-pi. En sélectionnant le mode Attaque en appuyant sur la palette à droite du volant, le conducteur dispose de 1 019 chevaux durant 10 secondes. Et lorsqu’il utilise le mode Départ canon, il dispose de 1092 chevaux et 988 lb-pi! Mais pendant deux secondes seulement.

Cette cavalerie impressionnante permet à la Turbo GT de passer de 0 à 100 km/h en 2,3 secondes, de 0 à 200 km/h en 6,6 secondes et d’atteindre 290 km/h en vitesse de pointe. Avec l’ensemble Weissach, ces valeurs tombent à 2,2 secondes, 6,4 secondes et 305 km/h respectivement. Pour vous donner un ordre d’idées, une Bugatti Chiron met 2,4 secondes pour atteindre 100 km/h depuis l’arrêt et 6,1 secondes pour passer les 200 km/h.

Détentrice de deux records du tour pour une berline à quatre portes homologuée (Laguna Seca et la boucle nord du Nürburgring, la Nordschleife), nos attentes étaient élevées au moment de prendre le volant sur la piste espagnole de Monteblanco. Et le moins que l’on puisse dire c’est que nous n’avons pas été déçus!

Départ canon et pluie battante

Porsche avait prévu deux sessions au volant de la Turbo GT Weissach. Bien que cette météo soit plutôt inhabituelle dans le sud de l’Espagne, notre première session s’est déroulée sous une forte averse. Prendre en main un véhicule de plus de 1 000 chevaux sur une piste détrempée n’est pas la situation rêvée. En revanche, c’est un très bon moyen d’évaluer la facilité de prise en main de la plus radicale des Taycan.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Turbo GT Weissach est très facile à apprivoiser au premier abord. Les premiers tours de roue se font en douceur, avec une aisance déconcertante. L’excellente adhérence des pneus Pirelli, spécifiques à la voiture, permet des entrées en virage efficaces et une belle vitesse de passage en courbe. Le freinage s’est montré puissant et facilement dosable, avec un ABS qui ne s’est déclenché que lorsque la voiture passait dans de grosses flaques d’eau.

Pour nos deux derniers tours, le pilote situé devant nous donne le signal pour actionner le mode Attaque en sortant du dernier virage afin de maximiser l’accélération. Soulevant des litres d’eau derrière elle, la Taycan de notre instructeur nous brouille totalement la vue dans la ligne droite tandis que la vitesse grimpe en flèche. La situation augmente le rythme cardiaque de votre serviteur, mais la Taycan demeure sereine, traversant ce rideau d’eau à plus de 250 km/h sans bouger de sa trajectoire. Impressionnant… et épeurant à la fois!

Le temps s’est heureusement calmé rapidement, nous permettant d’évaluer la voiture sur une piste totalement sèche en début d’après-midi. Premier morceau de bravoure, un départ canon au début de la ligne droite. Les deux pieds appuyant à fond sur les pédales, il suffit de relâcher son pied gauche du frein pour déclencher la foudre. Forte de sa puissance maximale, la Turbo GT Weissach accélère avec une telle vigueur que vous avez la sensation que votre cerveau va heurter le fond de votre boîte crânienne. Après les premières secondes, votre coeur s’emballe d’un seul coup tandis que l’indicateur de vitesse a déjà dépassé les 200 km/h.

Pas le temps de se relâcher, il faut freiner au bout de la ligne droite avant de négocier le premier virage. La Turbo GT freine violemment, s’inscrit en courbe avec autorité et affiche une vitesse de passage ahurissante pour une voiture de 2,2 tonnes.

Les pneus finissent par se faire entendre dans les virages lents si l’on se montre trop optimiste, mais difficile de lui en vouloir tant la vitesse est déjà élevée. La Turbo GT Weissach ressort déjà comme une balle du dernier virage avec sa puissance de base. Mais le mode Attaque transfigure l’accélération. La vitesse grimpe à toute vitesse, faisant penser à un gros turbo qui se mettrait à souffler d’un seul coup. Au bout de la ligne droite de seulement 750 mètres, la Turbo GT Weissach dépasse les 270 km/h au moment de toucher les freins. La puissance de ralentissement est forte et constante, tolérant parfaitement un freinage dégressif jusqu’au point de corde sans saturer le train avant.

Le tranchant de la direction permet de placer l’auto au millimètre et de resserrer efficacement les trajectoires. C’est particulièrement sensible dans les virages serrés. La suspension active, qui était plus difficile à cerner à bord de la Panamera essayée un mois auparavant sur le même circuit, fait merveille ici. Les réglages adoptés rendent la conduite plus naturelle et efficace. Tout semble facile à son volant.

C’est sans aucun doute la principale qualité de la plus redoutable des Taycan. Avec sa technologie de pointe et son efficacité à toute épreuve, elle pardonne beaucoup les erreurs et vous donne l’impression d’être un bien meilleur pilote que vous ne l’êtes vraiment.

Vous l’avez compris, la Taycan Turbo GT dotée de l’ensemble Weissach cumule les superlatifs. Les deux places assises de cette voiture surpuissante, efficace et plaisante à conduire font qu’elle se destine aux passionnés de conduite sportive plutôt qu’aux parents en quête d’une familiale.

Est-ce que cette berline délurée sera aussi enthousiasmante sur les routes défoncées du Québec? Probablement pas. Par contre, pour les puristes prêts à faire des compromis, il s’agit d’une machine unique en son genre. Pour les autres, une Turbo GT dépourvue de l’ensemble Weissach mais dotée de quatre vraies places sera déjà une voiture incroyable à conduire. Et bien plus polyvalente au quotidien…

Les Turbo GT et Turbo GT Weissach sont étonnamment vendues au même prix de base de 270 000 $. C’est beaucoup d’argent et hors de portée d’un grand nombre d’acheteurs. Mais si l’on regarde cela sous un autre angle, cette berline survitaminée est vendue une fraction du prix d’une Bugatti Chiron pour des performances voisines. C’est un pensez-y-bien… si vous en avez les moyens!

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