Le Québec abolit le prix plancher de l’essence : quel impact?

Publié le 21 mai 2024 dans Actualité par TVA Nouvelles

L’abolition du prix plancher de l’essence dans la province, annoncée jeudi dernier par le ministre Pierre Fitzgibbon, est bien accueillie par la Fédération canadienne des contribuables, qui souhaite cependant que ce soit l’une de plusieurs mesures afin de diminuer le coût à la pompe pour les Québécois.

« On pense que c’est une bonne nouvelle, affirme le directeur Québec de la Fédération canadienne des contribuables, Nicolas Gagnon. On avait même fait pression sur le précédent ministre de l’Énergie, qui à l’époque avait refusé de retirer ce mécanisme. Le Québec fait partie des rares juridictions qui en avaient encore un qui s’appliquait. Ça va permettre aux distributeurs d’essence d’offrir un prix plus compétitif aux automobilistes québécois. On voit ça d’un très bon œil. »

M. Gagnon estime que cette mesure pourra au minimum permettre qu’il ne soit jamais illégal pour les stations-service d’afficher un prix plus bas.

« Si par exemple vous aviez une station-service et que vous essayiez de distribuer votre essence à un prix moins élevé que celui fixé par la Régie de l’énergie, vous pouviez recevoir une mise en demeure de la part de votre compétiteur de l’autre côté de la rue, qui en se basant sur l’estimation, pouvait vous accuser de concurrence déloyale, explique-t-il. Entre 2018 et 2023, il y a eu 4 787 mises en demeure distribuées aux stations-service au Québec parce qu’elles appliquaient un prix pas assez élevé. C’est quand même 4 787 opportunités manquées par les automobilistes québécois.»

La Fédération canadienne des contribuables compte continuer à faire pression sur le gouvernement Legault pour qu’il diminue les taxes sur le carburant.

« On espère qu’ils vont maintenir le cap et faire comme d’autres provinces comme le Manitoba, l’Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador, où on applique dans certaines juridictions une baisse de la taxe provinciale sur l’essence, avance le directeur. Au Québec en ce moment, entre 38 et 40% du prix qu’on paye aux stations-service, ce sont des taxes. »

Photo: Alain Morin

Autre son de cloche

L’élimination du prix plancher de l’essence ne fera pas en sorte que le plein sera moins cher pour les automobilistes, affirme pour sa part le président de l’Association des Canadiens pour l’énergie abordable, Dan McTeague.

En entrevue à l’émission Le Bilan sur LCN, ce dernier a affirmé que c’était davantage le marché américain, la valeur du dollar canadien et l’absence de concurrence qui influent sur le prix à la pompe.

« Avec le huard qui prend 136 cents pour acheter un dollar américain, ça veut dire qu’ici au Québec, on paye environ 28 cents le litre », soutient-il.

Le manque de raffineries au Canada fait également en sorte que le prix de l’essence demeure élevé au pays.

« On n’a plus de raffineries. On n’a plus la raffinerie Shell à Montréal, on n’a plus la raffinerie Esso dans la région de Dartmouth. On a simplement deux raffineries et elles ne font pas vraiment de concurrence, parce que les prix sont déjà déterminés aux États-Unis », indique Dan McTeague.

Quant au prix de l’essence qui est plus élevé à Québec qu’ailleurs dans la province, éliminer le prix plancher ne changera rien, clame l’expert.

« La comparaison entre Montréal et Québec, c’est simplement une question de marge de détaillants. La marge du détaillant à Montréal, c’est souvent 6 à 8 cents le litre, tandis qu’à Québec, c’est plutôt 9 à 12 cents le litre », explique-t-il.

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