Vous magasinez un véhicule électrique? Pas d’urgence!

Publié le 9 août 2024 dans Blogue par Antoine Joubert

On apprenait cette semaine qu’en Allemagne, les ventes de véhicules électriques avaient chuté radicalement à la suite de l’abolition des crédits gouvernementaux applicables lors de leur achat. Une baisse de 36,8% par rapport à la même période l’an dernier, alors que le marché automobile général n’a baissé que de 2,1%. C’est donc clair, l’absence de petits véhicules abordables dans le monde de l’électrification, combinée au retrait des subventions fait instantanément reculer les acheteurs. Et tout laisse croire que ce sera pareil chez nous, au Québec.

En effet, dès janvier 2025, les crédits applicables qui sont actuellement de 7 000 $ au Québec chuteront de 3 000 $. Puis, dès 2026, ils ne seront que de 2 000 $ pour être ensuite abolis en 2027. Une stratégie moins rigoureuse que celle des Allemands, mais qui laisse supposer que les acheteurs abandonneront progressivement les véhicules électriques. Après tout, l’Ontario qui achète plus de deux fois moins de VÉ dans un marché deux fois plus grand confirme la tendance.

Naturellement, on s’attend à ce que d’ici la fin de l’année, les constructeurs usent de stratégies pour maximiser les ventes de VÉ dans la Belle Province. Voilà d’ailleurs une partie de la raison pour laquelle leurs stocks gonflent à vue d’œil, sachant bien sûr qu’à l’échelle canadienne, c’est au Québec que les VÉ ont la cote. Il faut dire qu’avec la modification récente des crédits octroyés en Colombie-Britannique (désormais limités aux véhicules de moins de 50 000 $), les constructeurs ont dû rapidement changer leur fusil d’épaule. Ces derniers envoient donc de larges inventaires chez nous, au Québec, où les rabais totalisent toujours 12 000 $ en incluant le crédit fédéral.

Or, les véhicules électriques (bien qu’ils se vendent encore bien) ne s’écoulent pas au rythme anticipé par les fabricants. Cela a d’ailleurs forcé Nissan à abaisser pour une seconde fois le prix de son VUS Ariya, tandis que Volkswagen propose des taux de financement à 0,99% pour son ID.4. Et puis, il y a Ford, toujours aux prises avec des Mustang Mach-E 2023 invendus et des milliers de modèles 2024 qui cherchent preneur. Pourtant, on baisse les prix comme s’il s’agissait d’une vente au rabais. Même Fiat, qui vient tout juste d’introduire sa 500e, tente tant bien que mal d’appâter une clientèle difficile à reconquérir.

Photo: Antoine Joubert

Le sprint final

Avec la fin des vacances et le retour en classe, les ventes de véhicules automobiles reprendront. Pour les concessionnaires québécois qui ont des dizaines, voire quelques centaines de véhicules électriques à écouler, il s’agira du sprint final avant la baisse des crédits. Un défi pour eux, qui devront résister à la pression des constructeurs souhaitant inonder les cours de nouveaux VÉ, tout en tentant d’attirer la clientèle avec comme argument la diminution prochaine des crédits gouvernementaux.

Pour une Fiat 500e, la diminution des crédits dès janvier 2025 représentera une hausse tarifaire de près de 10%, de 7,5% pour un Hyundai Kona et de 6% pour un Chevrolet Blazer EV. Ces chiffres serviront certainement à convaincre la clientèle de faire le saut en 2024, pour des modèles 2024 restants (alors que les 2025 débarquent). Mais attention, les acheteurs devront faire leurs calculs en considérant quelques facteurs.

Photo: Antoine Joubert

D’abord, le taux d’intérêt au financement. Parce qu’il est évident qu’en janvier prochain, les stocks seront toujours élevés. Et puisqu’il s’agit d’une période morte pour l’industrie et qu’il faudra dès lors user de persuasion pour séduire la clientèle, il y a fort à parier que les constructeurs abaisseront les taux. Pour un véhicule de 40 000 $, un taux passant de 6,9% à 4,9% sur un financement de 84 mois représente un écart de 3 696 $. Ou 696 $ de plus que le crédit perdu avec la réduction des subventions. Vous pouvez donc être certain qu’en janvier prochain, les manufacturiers joueront cette carte.

Il se pourrait également qu’on choisisse de casser le prix de certains modèles en offrant des rabais, comme le font déjà plusieurs d’entre eux. Mais surtout, il ne faudrait pas oublier qu’un modèle 2024 acheté en novembre ou décembre de cette année est déjà fortement dévalué face à un modèle 2025, disponible au même moment. Un écart de valeur marchande d’au minimum 3 000 $ à 4 000 $ dès le premier jour, même si la date de mise en service est identique.

Photo: Louis-Philippe Dubé

Donc, en théorie, un Ford Mustang Mach-E 2024 loué le 31 décembre 2024 à un taux de 4,99% avec un crédit de 12 000 $, coûtera en réalité aussi cher mensuellement qu’un modèle 2025 identique et loué au même taux, au 1er janvier 2025. Et ce, même si le crédit est alors abaissé à 9 000 $. Pourquoi? Parce que la valeur au bout du terme de location sera plus faible. Pour contrer cette situation, on risque encore une fois de baisser les taux et d’offrir de généreux rabais. Et puisque les constructeurs ont comme seul objectif de remplir les cours de VÉ, souvent au détriment de modèles à essence ou hybride en forte demande, il est fort possible que les offres en début d’année prochaine soient encore plus alléchantes que celles qui vous passeront sous le nez cet automne.

Bref, pas de panique! Le marché de l’électrification plafonne et est appelé à fluctuer à la baisse. Et même si ce dernier devait rester stable, l’offre plus grande que la demande ferait en sorte que les promotions ne seraient de toute manière que plus intéressantes.

À voir aussi : les véhicules électriques qui profitent le plus du rabais fédéral

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