La voiture chinoise cogne à nos portes

Publié le 16 août 2024 dans Blogue par Antoine Joubert

C’est à la suite d’une déclaration du chef conservateur Pierre Poilievre que nous avons été mis au fait des intentions de ce gouvernement de lourdement taxer les voitures provenant de Chine, imitant ainsi les États-Unis. Un tarif douanier de 100% qui serait selon ses dires imposé aux véhicules électriques fabriqués en Chine, laissant sans réponse la question des véhicules hybrides ou à essence de même provenance.

Il faut dire qu’à l’heure actuelle, General Motors (Buick Envision) et Ford (Lincoln Nautilus) commercialisent déjà des modèles y étant assemblés, alors que Polestar et Volvo en assemblent aussi plusieurs. Une situation qui inquiète forcément ces constructeurs, lesquels pourraient toutefois être en mesure de changer leur fusil d’épaule en transposant la production vers des usines nord-américaines ou du moins, hors du territoire chinois.

Considérez d’ailleurs qu’avec les contraintes de commercialisation déjà en place concernant le marché américain, rares sont les constructeurs qui maximiseront une production chinoise destinée à l’Amérique du Nord. Or, cette stratégie pourrait empêcher de nouveaux manufacturiers chinois de débarquer chez nous, en chamboulant le marché établi avec des stratégies marketing défiant toute concurrence. Autrement dit, à l’instar des Américains, le gouvernement Poilievre désirerait avec cette loi bloquer une possibilité d’immersion massive de constructeurs chinois afin de protéger la vente des véhicules canadiens.

Photo: Antoine Joubert

N’oublions pas qu’au cours des dernières années, plusieurs constructeurs ont choisi d’investir chez nous dans la fabrication d’usines de véhicules électriques, de batteries ou de pièces destinées à la fabrication de véhicules électriques, en réponse à l’octroi de subventions du gouvernement fédéral. On souhaite donc maximiser le succès de ces entreprises afin que le retour sur investissement soit le plus intéressant possible, ce qui passe forcément par des stratégies pour bloquer la concurrence.

Cela aura hélas une incidence sur le coût moyen des véhicules électriques qui ne sera pas appelé à baisser puisque cette stratégie éliminera la possibilité de voir débarquer des modèles compacts ou sous-compacts que les fabricants établis ne veulent tout simplement plus produire. À preuve, au Québec, on ne compte pour l’heure que six véhicules électriques vendus à moins de 50 000 $ (avant la déduction des subventions). Et de ce nombre, considérez que les Chevrolet Equinox EV, Hyundai Kona électrique et Kia Niro EV affichent des prix tout juste sous ce seuil psychologique, ne faisant pas d’eux des véhicules particulièrement accessibles.

La faute à BYD?

BYD (Build Your Dream) est un constructeur chinois qui s’est vite ancré dans la plupart des marchés mondiaux. Proposant un catalogue de produits fort attrayants, il est même parvenu à dépasser les chiffres de ventes de Tesla durant certaines périodes en 2024, prouvant que le prix est un facteur déterminant.

Photo: Antoine Joubert

Si BYD connaît déjà du succès au Mexique et en Amérique du Sud, il n’ a - pour une raison évidente - aucune intention de commercialiser des véhicules aux États-Unis. Toutefois, il travaille d’arrache-pied pour s’implanter rapidement sur le marché canadien, selon ce que rapportait récemment le journal Automotive News, le 30 juillet dernier. Est-ce donc un hasard si à peine une semaine plus tard, Poilievre annonçait son intention d’imposer des tarifs douaniers pour les véhicules électriques chinois? Bien sûr que non!

Parce qu’il est évident qu’une telle loi viendrait chambouler les plans d’un sino-constructeur qui, avec raison, effraie les marques généralistes bien établies et l’industrie automobile canadienne. Et pour cause, la marque pourrait offrir une berline compacte dont le prix estimé avoisinerait les 30 000 $ avant les crédits. Même chose pour les VUS Seal U et Tang, dont les factures défieraient toute concurrence.

Naturellement, la production des véhicules de BYD pourrait être faite en dehors de son pays d’origine, afin de percer le marché nord-américain, mais pour le moment, il ne semble pas que le constructeur ait cette intention. Chose certaine, la Chine cogne à nos portes. Et bien que le chef conservateur ne veuille pas l’ouvrir, il est clair que ce n’est qu’une question de temps avant que ces véhicules circulent chez nous. Quelle sera la stratégie de BYD ou des autres constructeurs souhaitant obtenir leur part du gâteau? On le saura bien assez tôt.

À voir aussi : BYD tente de percer le Canada et ces Fiat qui ne se vendent pas

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