Infiniti Q45, talentueuse, mais…
Si j’étais à la direction de la division Infiniti, je me ferais un malin plaisir à remplacer l’appellation de cette voiture qui n’a jamais su tirer son épingle du jeu sur notre marché. À ses tout débuts en 1989, elle était sans doute la plus douée des voitures japonaises de haut luxe. Tout au moins en fait d’agrément de conduite, de tenue de route et de performances. Pourtant, elle a été joliment larguée par la Lexus LS400 puis par la LS430.
Sa silhouette inusitée a été jugée coupable de ce manque de succès. Plusieurs modifications par la suite et une apparence se rapprochant encore davantage de celle de la Jaguar XJS, la Q45 était toujours à la traîne. C’en était trop et une toute nouvelle génération est apparue au tournant du millénaire. La silhouette avait été modernisée, le moteur V8 de 4,5 litres trônait sous le capot, tandis que les communiqués de presse consacraient des paragraphes entiers à la puissance des phares de route. À les inspecter de près, il semble qu’une batterie antiaérienne loge sous cette lentille cristalline pendant que son jet lumineux ultra puissant tranche la nuit comme un couteau dans le beurre.
Malgré tout, les ventes sont en demi-teintes. En dépit de cette débauche d’équipement, de gadgets et de puissance, il semble que cette voiture n’a jamais offert cet amalgame si difficile à trouver qui donne de l’homogénéité à une auto. De plus, la G35 apparue presque au même moment assurait une silhouette mieux réussie, un agrément de conduite plus relevé et d’intéressantes performances; le tout à un prix nettement plus alléchant que les 90 000 $ et des poussières de la Q45.
Cette année, la situation sera encore plus difficile pour ce modèle puisqu’il faudra compter en plus sur la nouvelle M45 dont le châssis plus moderne en fait une concurrente très intimidante, d’autant plus qu’elle se vend moins cher. Il ne faut pas lancer la serviette pour autant, car la plus luxueuse des Infiniti possède toujours un atout que ses consœurs d’écurie ne peuvent offrir : le prestige d’être la plus chère de la gamme.
Toute garnie
Comme il se doit sur une voiture de cette catégorie et de ce prix, l’équipement est plus que complet. La sellerie des sièges est en cuir, les appliques en bois véritable foisonnent sur la planche de bord, la console centrale et les garnitures des portières, tandis qu’une pléthore de boutons de toutes sortes placées sous l’écran LCD de la planche de bord vous permet de vous refroidir ou vous réchauffer selon la saison, tout en observant votre position géographique à l’écran. D’ailleurs, cet écran est relié à une caméra vidéo placée sur la partie supérieure de la plaque d’immatriculation arrière, ce qui vous permet d’avoir une vue imprenable sur l’espace derrière la voiture lors des manœuvres de recul et de stationnement. Soulignons au passage que la plupart des commandes sont intuitives à l’exception de celles réglant la climatisation qui semblent avoir été initialement conçues comme un exercice de mémorisation. Mais, j’allais oublier ! La pendule analogique trône toujours au centre de la planche de bord. Sans cela, ce ne serait pas une Infiniti !
Presque aussi longue qu’une Mercedes de la Classe S, la Q45 ne possède pas une habitabilité à tout casser car ses places arrière peuvent être jugées « assez justes » et le dégagement pour la tête est également à améliorer. Et la même remarque s’applique au coffre à bagages puisque sa capacité de 385 litres est inférieure à celle d’une Chevrolet Cobalt !
Il motore ?
Si vous vous êtes rendu jusqu’ici dans la lecture de cet essai routier, vous êtes déjà informé de mon manque de passion pour cette berline de luxe. Mais soyez rassuré, mes impressions de conduite comportent également des notes positives, notamment au chapitre de la mécanique. Le moteur V8 4,5 litres qui tourne sous le capot en aluminium est silencieux comme pas un, et sa conception technique est à l’égal des toutes dernières nouveautés avec son bloc en alliage, son calage des soupapes constamment variable, son allumage à haute intensité et son système d’injection numérique. De plus, il est couplé à une boîte automatique à cinq rapports qui gère les passages des vitesses avec une grande douceur. De type adaptative, cette boîte, comme toutes les autres du genre, est parfois prise en défaut lorsque le conducteur accélère, lève le pied subitement pour l’enfoncer tout aussi rapidement. Il en résulte généralement une secousse dans la transmission. Mais appuyez progressivement sur l’accélérateur et les rapports s’enclenchent comme dans du beurre, tandis qu’il ne faut que sept secondes pour atteindre les 100 km/h, départ arrêté.
Même si la conception de la Q45 est récente, cette grosse berline ne possède pas un châssis aussi rigide que celui de la nouvelle M45 et cela se manifeste par une certaine mollesse dans les courbes, alors que la voiture ne réagit pas aussi rapidement et avec autant de précision que la M de la nouvelle génération. De plus, la position de conduite, l’emplacement des commandes et l’agrément de conduite en général ne sont pas au même niveau que sur la M45. La différence est subtile, mais facile à détecter. La dernière carte de la Q45 demeure le prestige de son prix et de sa position dans la hiérarchie Infiniti. Pour certains, c’est ce qui compte.
Feu vert
Luxe assuré
Moteur V8 performant
Transmission efficace
Finition impeccable
Phares avant ultrapuissants
Feu rouge
Silhouette quelconque
Habitabilité moyenne
Prix élevé
Direction trop assistée
Tenue de route moyenne