Jaguar XJ 2011, du jurassique au XXIème siècle!

Publié le 2 mai 2010 dans Premiers contacts par Alain Morin

En 2009, Jaguar a vendu 77 exemplaires de sa XJ au Canada. Aussi bien dire une année misérable. Et ce n’était guère mieux du côté américain, toutes proportions gardées. Mais les choses devraient changer avec la venue de la nouvelle XJ qui débarquera chez les concessionnaires d’ici quelques jours, tout au plus deux semaines.

La XJ 2011 se trouve à des lieux, des années-lumière devrais-je dire, du modèle précédent. À tel point que je me demande si Jaguar n’aurait pas dû changer son appellation. Aux États-Unis, où les constructeurs se débarrassent d’un nom célèbre comme d’un pissenlit au milieu d’une roseraie, on ne se serait sans doute même pas posé la question!  Comme les récentes créations de Jaguar, la carrosserie tout aluminium porte la signature de Ian Callum, un des designers les plus influents du moment. L’avant est inspiré de l’un peu plus petite berline XF tandis que la partie arrière, la plus controversée, est tout à fait inédite pour Jaguar. La ligne de toit basse qui s’allonge démesurément, surtout sur la version à empattement allongé, est soulignée par des feux arrière qui reviennent très haut sur les ailes, un peu à la Citroën C6. Lors du lancement de la XJ, les opinions étaient très partagées mais une ballade dans Beverly Hills, qui en a pourtant vu d’autres, nous a prouvé qu’à tout le moins la voiture ne laisse personne indifférent. Autant à l’arrêt que lancée sur la route, la XJ, avec ses lignes trapues et sportives, affiche une présence que l’ancienne génération n’avait plus.

Dans l’habitacle, on a réussi à préserver, un peu, le cachet vieillot si cher à Jaguar. Les jauges, situées dans un écran HD, reprennent le style anglais traditionnel et les buses de ventilation surdimensionnées ajoutent au cachet. Bien entendu, les appliques de bois véritable sont toujours de mise mais, signe des temps, il est possible d’opter pour des appliques de carbone. Comme on est en droit de s’y attendre, l’habitacle recèle de cuirs nobles et les rares pièces de plastique sont d’une grande qualité. Les différents panneaux sont assemblés avec soin et aucun bruit de caisse n’est venu troubler la quiétude d’aucun de nos véhicules essayés.

À empattement court ou allongé, votre XJ?

Tout comme l’ancienne génération, la XJ se décline en deux modèles, soit à empattement régulier et à empattement allongé. Ce dernier possède des portes arrière allongées de 125 mm (5 pouces). Une ballade à l’arrière d’une XJ L (pour « Long » ou, si vous préférez « à empattement allongé ») nous a permis de constater que l’espace ne fait pas défaut, que les sièges sont très confortables malgré une certaine dureté et que leur cuir glissant rend la fesse promeneuse. La place centrale, pour y avoir pris place quelques instants, ne m’a pas impressionnée outre mesure. Les versions plus cossues ont droit à une tablette placée derrière chaque siège avant. Ont-elles une utilité quelconque? Je ne sais pas mais elles font chic. Le coffre, contrairement à ce qu’on serait porté à croire, n’est pas très grand et il n’est pas possible de lui faire gagner de précieux litres en abaissant le dossier des sièges arrière. Il n’y a même pas de trappe à skis. I-NAD-MIS-SIBLE.

À l’avant, les sièges s’avèrent très confortables et maintiennent bien les corps dans les courbes serrées. Le volant se prend bien en main et on est loin du boudin extraordinairement maigre des anciennes XJ. Le conducteur fait face à une instrumentation très complète et entièrement digitale en HD, svp. On retrouve certes des aiguilles mais elles sont virtuelles. Ce type d’instrumentation implique beaucoup moins de contraintes quand à la présentation graphique et il est possible de personnaliser plusieurs paramètres. Au centre, trône une large console, un peu trop large diront les claustrophobes. Cette console présente une molette, déjà vue sur les XF et XK et qui sert de levier de vitesse. C’est pratique, intuitif et franchement tendance! La nuit, le tableau de bord illuminé est du plus bel effet. Soulignons au passage que les différents piliers qui soutiennent le toit sont assez étroits pour ne pas compromettre la visibilité tout le tour, chose de plus en plus rare en ces temps où, pourtant, la sécurité est devenue une priorité. Enfin, comment ne pas parler du superbe système audio Bowers & Wilkins de 1200 watts. Nous n’avons pas pu faire l’écoute du système de base d’à peine 600 watts mais nous croyons qu’il doit bien se débrouiller aussi!

Un moteur, 1365 chevaux et 1265 livres-pied de couple

Dans la hiérarchie de la berline de prestige de Jaguar, on retrouve tout d’abord la XJ, la XJ Supercharged (SC) et la XJ SuperSport. Ces trois versions sont proposées avec l’empattement régulier et allongé.  Tous ces modèles ont droit à un V8 de 5,0 litres. Celui des versions « pauvres » développe tout de même 385 chevaux et 380 livres-pied de couple. Accouplé à une transmission automatique ZF à six rapports particulièrement au point, il permet à cette voiture de près de 1800 kilos de franchir le 0-100 km/h en 5,7 secondes selon Jaguar et confirmé par mon chronomètre.

Ceux qui aiment un peu plus de punch (et qui possèdent un peu plus de punch dans leur compte en banque…) opteront plutôt pour une XJ Supercharged qui, comme son nom l’indique, reçoit un surcompresseur. Cet accessoire permet de tirer pas moins de 470 chevaux et 424 livres-pied de couple du 5,0 litres. Un après-midi d’essai s’est soldé par une moyenne de 15,7 litres/100 km de super, bien entendu. Il faut toutefois avouer que nous avons parfois joué dramatiquement avec l’angle de l’accélérateur…  Comme on est en droit de s’y attendre dans une voiture de prestige anglaise, les accélérations sont à la fois musclées et douces. En conduite urbaine ou tout simplement pépère, la XJ SC semble dormir mais le moindre coup sur l’accélérateur réveille l’animal en elle, en émettant une sonorité fort agréable.  Enfin, en haut de la gamme, on retrouve la Supersport, une véritable bête de la route avec ses 510 chevaux et 461 livres-pied de couple. Malheureusement, nous n’avons pas pu mettre la main sur cette bagnole mais tout nous porte à croire qu’il serait très difficile de s’en défaire, dès le premier kilomètre parcouru!

Grâce à un châssis en alu fort rigide auquel on a accroché des suspensions pneumatiques adaptatives extraordinairement bien calibrées, la voiture s’accroche à la chaussée avec une rare détermination tout en demeurant toujours confortable. En virage serré, on sent très peu de roulis et la direction, autrefois la bête noire de Jaguar, s’avère précise et se permet même d’offrir un bon retour d’informations, une première pour une XJ. Lorsque le bouton qui commande la transmission est placé en mode Sport, on remarque aussitôt que les révolutions du moteur augmentent. Les reprises sont alors encore plus marquées.

Dynamique, la XJ!

Mais c’est surtout lorsque le mode « Dynamic » est sélectionné grâce à un bouton sur la console que les choses s’animent vraiment. Le moteur passe alors en mode « attaque », la transmission maintient ses rapports plus longtemps si on choisit de ne pas profiter (ce qui serait dommage) des palettes situées derrière le volant de toutes les XJ, l’accélérateur est plus sensible, le ratio de la direction devient plus serré et les amortisseurs se raffermissent. Bref, une jouissance, surtout lorsqu’on roule en Supercharged. D’ailleurs, les XJ Supercharged et Supersport sont dotées d’un différentiel actif (Active Differential Control) qui ajuste automatiquement le couple envoyé à chaque roue arrière (car la XJ est une propulsion) selon les conditions de la route et la puissance requise.  Après avoir conduit une XJ de base et une SC, force est d’admettre que les ingénieurs de Jaguar ont effectué un sapré bon boulot. Jamais sur les petites routes en lacet donnant sur le Pacific Coast Highway la XJ L n’a paru lourde ou pataude. Elle n’est pourtant pas un poids plume malgré l’utilisation intensive de l’aluminium.  La XJ n’est certes pas aussi sportive qu’une XK-R mais là n’est sa vocation.

Parlons $$$$$$

Les prix de la gamme XJ vont de 88 000$ pour la XJ à 130 500$ pour la Supersport en passant par la Supercharged de 104 000$. Ajoutez entre 3 000 et 7 500$ selon le modèle pour une version allongée. Ces prix peuvent paraître faramineux à première vue mais la compétition fait pire, bien pire. Qu’on songe aux BMW Série 7, Audi A8, Mercedes-Benz Classe S qui coûtent quelques dizaines de milliers de dollars supplémentaires.

La marque Jaguar, qui allait nulle part il y a à peine quelques années, semble renaître de ses cendres. Il reste la question de la fiabilité qui hante toujours l’auguste marque anglaise même si elle ne figure plus parmi les cancres de la catégorie selon J.D. Power. Pour améliorer son image à ce sujet, Jaguar offre maintenant  la couverture Platine qui consiste en une garantie complète (incluant les changements d’huile, le remplacement des balais d’essuie-glaces, etc) de 5 ans ou 80 000 km… ce qui, entre nous, n’est pas des plus généreux. Mais si on se fie à la confiance des dirigeants de Jaguar, cette marque laissera sa marque pour plusieurs années encore!

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