Volvo S90/V90 - Comme une Jaguar?

La Jaguar. Il fut une époque où elle faisait rêver, où elle était symbole de richesse, de raffinement et de bon goût. Puis, tranquillement, on l’a laissée aller. Pour la voir finalement anéantie. Il est bien sûr ici question de la grande berline Jaguar. Qui n’est plus. Alors qu’elle fut jadis le porte-étendard de la marque. Celle qui donnait des ailes aux autres produits. En serait-il de même avec la grande berline Volvo?

Naturellement, la S90 (jadis la S80) n’a pas une histoire aussi riche que celle d’une berline XJ. Or, elle a fortement contribué à rehausser l’image d’un constructeur qui, malgré son ascension conséquente grâce à la multiplication de ses VUS, tient toujours à s’accrocher à ses racines. Inutile de vous le dire, la berline S90 est sur le respirateur artificiel. Avec à peine 22 ventes au Québec l’an dernier, vous vous doutez bien que les concessionnaires l’ont pratiquement oubliée. Et pourtant…

Transition électrique ?

Nous avons assisté en cours d’année à l’arrivée de plusieurs berlines intermédiaires de luxe 100% électriques. D’abord, avec la berline G80 de Genesis, puis avec les nouvelles Mercedes-Benz EQE et BMW i5. Si prochaine génération il y a, c’est à ces voitures que Volvo s’attaquera. Cela dit, la vieillissante S90 (lancée pour le millésime 2017) continue d’étonner sur le plan technique avec la version Recharge introduite en cours d’année 2022. Une voiture non seulement rapide, grâce à ses 455 chevaux, mais qui permet d’obtenir plus de 60 km d’autonomie en mode électrique, avant la mise en marche du système hybride. Une autonomie au sommet de la catégorie, en attendant l’arrivée des BMW 530e et Mercedes-Benz Classe E, fraîchement renouvelées, et proposant elles aussi des technologies hybrides rechargeables.

Est-ce que l’acheteur d’une berline de luxe serait donc davantage axé sur la technologie que la moyenne? Vous pouvez en être certain. D’ailleurs, le fait de résister à la tendance en s’offrant une berline plutôt qu’un VUS témoigne d’un intérêt plus marqué pour l’automobile par l’acheteur. Voilà pourquoi Volvo a choisi d’intégrer cette technologie à la S90, aussi retrouvée chez les S60/V60, mais surtout, dans les VUS XC60 et XC90.

À équipement égal, le bond de la version régulière (B6) à la S90 Recharge représente 8 000 $. Un montant considérable, mais totalement justifiable, considérant le surplus de puissance et l’autonomie électrique. Certes, la voiture fait davantage sentir son poids, mais son comportement demeure celui d’une grande berline ultra solide et extrêmement confortable. Une voiture qui n’est certainement plus la saveur du mois, mais qui constitue un gage d’équilibre pour l’acheteur ne souhaitant pas se faire brasser au volant d’une voiture inutilement sportive.

Naturellement, l’achat d’une S90 demeure délicat compte tenu de sa forte dépréciation, bien qu’en pourcentage, sa valeur ait moins tendance à chuter avec l’hybride rechargeable. Parce que bien que la voiture ne soit guère éligible aux crédits gouvernementaux, les avantages de la « plaque verte » demeurent très intéressants au Québec.

Cross Country

Disparue du catalogue canadien pendant deux ans, la V90 Cross Country effectuait un retour en cours d’année 2022. Une drôle de stratégie, mais qui a certainement plu aux quelques centaines d’acheteurs qui allaient la redécouvrir. Naturellement, Volvo lui a greffé une motorisation mise à jour, c’est-à-dire ce 2 litres turbocompressé et suralimenté, s’accompagnant d’une hybridation légère avec alterno-démarreur de 48 volts. Une technologie qui permet de bénéficier d’un couple plus généreux et dit-on, d’un meilleur rendement énergétique. Cela dit, la V90 Cross Country demeure passablement gourmande, avec une consommation oscillant autour des 10 L/100 km.

Depuis le retrait de la Mercedes-Benz E450 4Matic All-Terrain, la dernière rivale de la V90 Cross Country est l’Audi A6 Allroad. La berline suédoise offre l’avantage d’une disponibilité rapide, d’une meilleure garde au sol et surtout, d’un prix d’entrée inférieur de 10 000 $. Certes, la puissance est un tantinet moindre, mais le comportement routier demeure celui d’une voiture capable de composer avec les pires conditions en offrant toujours le summum du confort, notamment en raison des éléments suspenseurs et des sièges. Et puis, n’oublions pas non plus ce redoutable sentiment de sécurité, qui a fait la réputation du constructeur et qui demeure d’actualité. Il faut dire qu’ici, l’impression de fragilité perçue chez la compétition n’a pas lieu d’être, un autre avantage de cette familiale très spacieuse, et qui de son côté, conserve une très bonne valeur de revente. Certainement meilleure que les valeurs résiduelles établies pour leur location, qui n’est malheureusement pas si avantageuse. Chose certaine, et bien qu’elle ne soit pas offerte en version Recharge, la V90 demeure une option de choix, aussi pratique qu’originale.

Feu vert

• Confort exceptionnel
• Familiale bien adaptée à nos conditions routières
• Puissance et autonomie (Recharge)

Feu rouge

• Modèle en fin de carrière
• Forte dépréciation (S90)
• Fiabilité encore incertaine