Genesis G80 - Douée dans l'art de la douceur

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Louis-Philippe Dubé

À une époque pas si lointaine que ça, le luxe automobile passait toujours par la berline. Grand confort, habitacles soignés garnis de boiseries et de technologies avancées, grosses motorisations et surtout beaucoup d’espace faisaient partie de cette opulence. Les berlines américaines comme les Cadillac et Lincoln étaient prisées des banlieusards bien nantis cherchant à signifier leur statut social et leur mode de vie. Puis, l’industrie a basculé. Lincoln a perdu ses berlines, et celles de Cadillac sont sur le respirateur artificiel. Quoique leurs équivalentes européennes tiennent le coup de peine et de misère, le grand luxe passe dorénavant par les gros utilitaires.

Depuis ses débuts, Genesis semble nostalgique de cette époque, mettant en marché trois berlines qui adhèrent à cette philosophie du confort, mais avec une touche coréenne singulière. Le but étant de s’emparer des parts de marché restantes dans le créneau en réinterprétant cette quête du luxe à quatre portes à sa façon. Le tout accompagné d’un service après-vente inclus dans le prix d’achat.

À la pompe ou à la borne

La G80 héberge d’office un 4 cylindres de 2,5 litres turbocompressé de 300 chevaux et 311 lb-pi de couple. Ensuite vient le V6 3,5 litres, toujours turbocompressé, qui développe 375 chevaux et 391 lb-pi de couple. Les deux moteurs s’accordent avec une transmission automatique à 8 rapports qui envoie la puissance aux quatre roues. Soulignons d’emblée que le 4 cylindres offre amplement de puissance pour manier agilement la G80 tout en la gardant « légère », tout étant relatif.

Genesis vous demandera plusieurs milliers de dollars additionnels pour le V6, qui, quoique plus vigoureux, ne semble pas aussi bien équilibré dans la G80. Peu importe la motorisation thermique choisie, les accélérations et reprises sont satisfaisantes. Côté châssis, inutile de vous dire que la G80 est calibrée pour le confort plutôt que pour la sportivité. Mais cela convient parfaitement bien à son caractère.

L’année dernière, la G80 a ajouté une corde 100% électrique à son arc. Avec deux moteurs électriques qui génèrent conjointement 365 chevaux et un couple impressionnant de 516 lb-pi, elle propose aux électromobilistes une alternative qui se distingue des bagnoles allemandes du segment. Parmi les éléments que l’on aime particulièrement de cette variante électrifiée, c’est qu’à l’instar de sa coquille extérieure, qui ressemble presque en tout point à sa sœur à moteur thermique. En hormis quelques détails esthétiques, elle adopte une conduite aussi douce et pondérée que cette dernière. En outre, elle est étonnamment efficiente. Si sa consommation moyenne est évaluée à 21,7 kWh, notre essai nous a démontré qu’elle peut être encore plus frugale qu’elle ne le prétend. Cela constitue tout de même une prouesse d’envergure pour une voiture électrique basée sur une plate-forme thermique.

Un habitacle axé sur la zénitude

Les designers coréens prennent à cœur l’expérience du conducteur et des passager dans l’habitacle. Ces intérieurs sont généralement présentés comme des havres de paix tapissés de textures et de matériaux neutres et apaisants. Genesis n’est pas dans le design épuré, mais essaie plutôt de procurer une expérience sensorielle avec un amalgame d’éléments parfois novateur, parfois kitsch. Que l’on aime ou pas, il faut applaudir le travail et la philosophie derrière l’idée, dans un contexte où les habitacles sont de plus en plus dénudés et centrés sur les écrans tactiles qui ne font que gagner en grosseur. La G80, elle, a un écran plutôt volumineux de 14,5 pouces qui surplombe le tableau de bord. Il peut être contrôlé de manière tactile, ou encore par une molette située dans la console centrale. On apprécie le fait que Genesis ait également conservé une série de boutons à portée de main pour contrôler des systèmes essentiels comme la navigation et la permutation entre les diverses fonctionnalités du système d’infodivertissement.

Un bémol à souligner : la G80 ne fournit pas beaucoup d’espace de chargement pour une berline de luxe intermédiaire avec un maigre 371 litres. Dans la variante électrifiée, c’est encore pire avec seulement 306 litres. L’adaptation du moteur électrique à l’arrière est à blâmer ici, mais ceux qui recherchent un maximum d’espace dans le coffre seront un peu déçus.

Si Lincoln avait poussé la note du raffinement et créé sa propre image de luxe au lieu de rafistoler ses berlines en pigeant exclusivement dans le catalogue de pièces Ford, les Continental et les MKZ seraient peut-être toujours sur nos routes en tant que symboles du luxe à l’américaine – en plus d’être une charmante forme de protestation contre les utilitaires. Voilà ce que Genesis tente d’accomplir, et à date, il est difficile de faire objection à ce qui semble être une recette gagnante. Pour l’instant, du moins!

Feu vert

Feu rouge

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