Rolls-Royce Spectre - Mais que reste-t-il aux grandes ?

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Hugues Gonnot

Silence de roulement, absence de vibration et couple massif disponible à bas régime sont parmi les attributs historiques de Rolls-Royce. Mais aujourd’hui, à peu près n’importe quelle auto électrique est capable d’en faire autant. Alors, comment continuer à se différencier auprès des acheteurs les plus exigeants dans cette nouvelle ère?

La première incursion de la vénérable marque anglaise dans le monde de la voiture électrique date de 2011 avec la 102EX, une Phantom VII dotée de deux moteurs électriques générant 389 chevaux et d’une batterie de 71 kWh. Des chiffres qui font aujourd’hui sourire et qui illustrent bien les progrès accomplis en un peu plus de 10 ans. À l’époque, l’autonomie limitée (estimée aux alentours de 150 km) et la durée de charge avaient tué le projet de commercialisation.

Mais maintenant, même pour Rolls-Royce, l’électrification est inévitable. La marque entend éliminer les moteurs à combustion de sa gamme après 2030. Pour sa première auto électrique, baptisée Spectre (suite logique après Ghost et Phantom et, apparemment, Ecto-1 était déjà pris…), le constructeur a longuement sondé ses clients et fixé une consigne simple à ses équipes de développement…

Une Rolls en premier, une auto électrique en second

Cela veut dire : pas de gadgets délirants, de planche de bord en 3D avec 8 milliards de couleurs ou de 0 à 100 km/h capables de vous dévisser les boyaux. « Nous avons beaucoup appris et il était clair que nous n’avions pas besoin d’être le numéro un avec une autonomie démesurée, mais que 500 km étaient tout à fait suffisants pour nos clients », a déclaré le PDG de Rolls-Royce. Dans les faits, 577 chevaux, 520 km d’autonomie (norme WLTP) et un 0 à 100 km/h en 4,5 secondes ne feront gagner aucune victoire dans la guerre des chiffres que se mènent les constructeurs.

Les Anglais ont un mot absolument délicieux pour exprimer la manière dont la puissance doit être délivrée : wafting (que l’on pourrait approximativement traduire par flotter). Rien ne doit être brusque. L’idée se retrouve également au niveau de la suspension qui utilise des barres antiroulis actives. Déconnectées en ligne droite, permettant ainsi à chaque roue de bouger indépendamment et de limiter les trépidations dans la cabine, elles sont resolidarisées en approche de virage, les amortisseurs pneumatiques sont raffermis et le système à 4 roues directrices embarque. L’auto analyse les données en provenance de 18 capteurs pour garantir une stabilité optimale. Quant à l’insonorisation, les ingénieurs ont dû trouver le bon équilibre afin qu’une absence totale de bruit ne soit pas oppressante.

Le ciel est la limite

Rolls-Royce a beau évoquer « la clarté et la précision des lignes » des yachts les plus modernes, la Spectre fait néanmoins penser à une Wraith qui aurait passé plusieurs centaines d’heures supplémentaires en soufflerie, optimisation de l’autonomie oblige... Ce qu’elle a fait : le Cx est seulement de 0,25, la calandre (illuminée par 22 DEL) intègre des volets mobiles et même la célèbre Spirit of Ecstasy a été redessinée pour offrir une meilleure pénétration dans l’air. Pourtant, la Spectre n’a rien à voir avec une Wraith. Basée sur la plate-forme en aluminium des Phantom et Cullinan, elle est plus grande dans toutes les dimensions et, bien évidemment, plus lourde (à cause des 700 kg de batteries installées dans le plancher).

En ouvrant les portes à ouverture antagoniste, on découvre une symphonie luminescente. Les fibres optiques destinées à recréer un ciel étoilé sont partout : au toit et, c’est nouveau, aux portes. Sur la planche de bord, le nom « Spectre » est entouré de 5 500 étoiles qui s’éteignent à l’arrêt. Le tableau de bord est pour la première fois entièrement numérique, bénéficiant de la nouvelle architecture logicielle SPIRIT. Grâce à elle, une application permet au client une interaction à distance avec la voiture et de recevoir « des informations organisées par les spécialistes en intelligence du luxe de la marque ». Rien de moins! Quant aux possibilités de personnalisation, elles sont, comme d’habitude, quasiment infinies.

Derrière ce faste, on a quand même l’impression que Rolls-Royce peine un peu à se renouveler et à apporter de la substance. Qu’est-ce que la Spectre amène de plus par rapport à la concurrence à part quelques gadgets promotionnels comme les fibres optiques sur les portes? En ces temps de changements profonds où de nouveaux concurrents émergent, le respect forcené de la tradition est-il encore une force sur le marché? Nous verrons bien… Mais en attendant, croyez- vous que cela inquiète la marque? Que nenni amis plébéiens, que nenni! Les carnets de commandes sont déjà pleins et ceux qui réaliseront leur achat aujourd’hui n’auront pas leur auto avant 2025. Pour le moment, tout va bien!

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