Nissan Ariya - Douze ans plus tard

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Antoine Joubert

Comment Nissan, pionnier du monde de la voiture électrique moderne, a-t-il pu laisser la concurrence prendre d’assaut un marché sur lequel il figurait, jusqu’à tout récemment, dans le trio de tête? La pandémie, l’approvisionnement de pièces, l’affaire Carlos Ghosn? Allez donc savoir. Toujours est-il que Nissan a finalement introduit l’Ariya au printemps dernier, après un report de plus d’un an. Conséquemment, disons que l’effet de nouveauté auquel le véhicule aurait eu droit n’a pas eu lieu, laissant même le temps à de nouveaux concurrents comme le Toyota bZ4X (pas le plus talentueux) de toucher terre avec un pas d’avance.

C’est donc plus de 12 ans après l’arrivée de la Leaf que Nissan débarque avec un second véhicule électrique, cette fois sous forme de VUS. Ce dernier ne remplace pas la Leaf à proprement parler, il s’immisce plutôt dans un segment en pleine ascension où plusieurs joueurs sérieux s’y trouvent déjà. Pensez notamment au Mustang Mach-E, au Hyundai Ioniq 5 ou au Kia EV6. Le défi pour Nissan est donc de taille, considérant aussi qu’il doit pallier un désintérêt du public face à des produits comme le Rogue, qui subissait l’an dernier une baisse de vente de 33%.

Tout un Ariya…

Jeu de mots facile, me direz-vous, mais l’acquisition de l’Ariya en est un en soi! Parce que son arrivée fut retardée et parce que comme tout véhicule électrique éligible aux crédits gouvernementaux, la demande s’avère plus forte que l’offre. N’oublions pas non plus que ce VUS s’inscrit dans le segment de marché le plus en vogue, celui des VUS compacts. D’ailleurs, son format est directement comparable à celui du Rogue, bien que son habitacle soit spacieux au point de se rapprocher de celui du Murano.

Il s’agit d’ailleurs de l’un de ses attributs, il se démarque par un environnement habitable très vaste et facilement exploitable, où se trouvent des rangements de soubassement, un espace immense pour les jambes et la tête de même qu’une console centrale coulissante et motorisée, permettant d'offrir une meilleure position de conduite. Conducteur et passager avant profitent également de sièges particulièrement confortables, une qualité souvent attribuable aux produits de la marque.

Comme pour la Mustang Mach-E ou le Tesla Model Y, Nissan propose ici une planche de bord au design générique avec, comme seule caractéristique, un gigantesque écran. On a scindé ce dernier en deux parties parfaitement égales, la première servant de bloc d’instrument avec un graphisme semblable à celui des Rogue et Pathfinder, puis le second, servant au divertissement, aux communications et à la ventilation. Fort heureusement, quelques touches de base du système de chauffage/climatisation sont joliment intégrées à une moulure décorative ceinturant le poste de conduite, avec retour haptique. Voilà une belle attention, au même titre que le bouton circulaire du volume de la radio.

Affublé d'un design générique, l’Ariya l’est tout autant en conduite au point où il se fait oublier. La direction un brin déconnectée, la suspension plutôt mollasse, le silence de roulement et la puissance tout juste honnête pour les modèles à traction en font un produit plutôt ennuyeux. Et donc désavantagé sur ce point face à la concurrence. Ajoutons également que malgré le confort qu’on lui attribue pour de longs trajets, l’extrême sensibilité du capteur sensoriel relatif au système de conduite assistée ProPilot Assist devient un réel irritant. Donnons toutefois à César ce qui lui revient : l’avantage d’une qualité de construction plus qu’honnête, d'une puissance considérable pour les modèles à rouage intégral et d’une autonomie convaincante. Quant à la vitesse de recharge, elle peut atteindre 130 kW dans le meilleur des mondes, permettant de passer de 20% à 80% en 40 minutes.

e-4orce à grands frais

Optez pour un modèle à grande autonomie baptisé Venture+ et votre facture oscillera autour des 62 000 $. Choisissez maintenant un modèle avec rouage intégral e-4orce (prononcez « i-force ») et la facture se chiffrera à 63 000 $, mais avec un équipement inférieur. Ainsi, pour le rouage intégral et un niveau de luxe plus sérieux, on dépasse aisément le cap des 70 000 $. Rien de très attrayant, considérant le fait que Hyundai, Kia et Volkswagen sont financièrement plus compétitifs. Même le Model Y à rouage intégral et à grande autonomie vient lui jouer dans les pattes en matière de prix, bien que le crédit gouvernemental ne soit que partiel dans ce cas.

En observant les choses différemment, on peut aussi affirmer que l’Ariya coûte à équipement égal environ 22 000 $ de plus que le Rogue, de format comparable. Évidemment, les crédits applicables viennent amenuiser la facture, laquelle aurait toutefois dû être plus compétitive. En raison du contexte, l’Ariya connaîtra néanmoins du succès, bien qu’il ne permettra pas à Nissan de reprendre une position de meneur, peut-être à jamais perdue.

Feu vert

Feu rouge

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