Cadillac Celestiq - Le prestige

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Hugues Gonnot

Pour Cadillac, la Celestiq n’est pas un projet comme les autres. Son succès ne sera pas déterminé par les profits qu’il génèrera, mais par le prestige qu’il apportera à la marque, tout comme au reste de la gamme. Pendant des décennies, le slogan de Cadillac a été « Standard of the world » (le standard du monde). Il fut un temps où être qualifié de « La Cadillac des … » en disait long.

En 1957, une Eldorado Brougham coûtait autant qu’une Rolls-Royce et était aussi luxueuse, peut-être même plus. Lorsque le magazine Car and Driver a comparé six autos de prestige en juillet 1965, la Cadillac Fleetwood Brougham s’est classée derrière la championne, la Mercedes 600, un sommet d’ingénierie deux fois et demie plus cher. Elle a confortablement devancé ses concurrentes américaines ainsi que les Rolls-Royce Silver Cloud III et Jaguar Mark X. L’apogée! Puis, les faux pas stylistiques, technologiques et commerciaux se sont accumulés dans les années 70 et 80. Il faudra attendre le début des années 2000 pour que Cadillac retrouve de la pertinence sur le marché du luxe avec la thématique « Art & Science ». En mettant son avenir entre les mains de la fée électricité, la marque tient l’occasion de se réinventer… encore une fois!

Deux rôles en un

De la Sixteen à moteur V16 à la Elmiraj, en passant par la Ciel, Cadillac a montré plusieurs concepts tentant de recapturer la magie d’autrefois… sans jamais aboutir. Puis, en 2016, à Pebble Beach, elle a dévoilé l’Escala, un modèle censé devenir la future CT8. Les plans sont chamboulés, en 2018, alors qu’il est décidé que la marque devienne le fer de lance de l’offensive de GM dans l’électricité. Mais l’idée d’un véhicule porte-drapeau a persisté et la CT8 s'est métamorphosée en Celestiq.

Elle sert également de laboratoire roulant en permettant le développement de nouvelles méthodes de production. Par exemple, le plancher de la plateforme BEV3 fait appel à seulement 6 morceaux en aluminium moulé, que l’on a ensuite soudés et usinés. La Celestiq compte aussi 115 pièces fabriquées par impression 3D, autorisant des dessins plus complexes. Comme pour la Lyriq, les lignes sont signées de la Française Magalie Debellis. Dans un segment étonnamment conservateur quant au style, l'arrière fastback risque de ne pas faire l’unanimité. Assurément, Cadillac n’a pas cherché à plaire à tout le monde et c’est tant mieux.

Cette fois-ci, c’est personnel

Par rapport à une Tesla Model S, la Celestiq ne devrait offrir « que » 600 chevaux et 483 km d’autonomie, et réaliser le 0 à 100 en « seulement » 4 secondes. Au lieu de vouloir impressionner avec des chiffres, Cadillac a plutôt mis l’accent sur le confort et la vie à bord. Les liaisons au sol comprennent une suspension à air, des amortisseurs à contrôle magnétique, des barres antiroulis actives, et quatre roues motrices et directrices. À l’intérieur, chacun des quatre passagers bénéficie d’un siège individuel réglable selon 20 directions, chauffant, climatisé et massant. Il peut obscurcir « son » quadrant de toit grâce à un verre intelligent. Les écrans se retrouvent évidemment partout : sur la planche de bord (55 pouces, définition 8K pour le conducteur), sur la console centrale avant (11 pouces) et arrière (8 pouces) ainsi que derrière chaque siège avant (12,6 pouces). L’éclairage ambiant est assuré par 450 DEL offrant 18 animations. Enfin, la chaîne AKG Studio Reference vient avec 38 haut-parleurs (!) et est couplée à un système actif de suppression des bruits de roulement. En comparaison, la Model S fait un peu… austère.

Même s’il ne se situe encore qu’au niveau 2, le nouveau système de conduite semi-autonome Ultra Cruise devrait pouvoir être utilisé dans un plus grand nombre de situations que le Super Cruise qu’il remplace. La Celestiq abrite un LiDAR à l’avant, 4 radars à courte portée (un à chaque coin), 3 radars longue portée et 7 caméras 8 mégapixels. Imaginez la puissance de calcul...

À partir de décembre 2023, la production se fera au Centre Technique de Warren (une première depuis l’inauguration du bâtiment en 1956) à la main par des techniciens triés sur le volet. Cadillac entend construire au maximum deux autos par jour, soit entre 400 et 500 par an. Et parce que la marque a mis l’accent sur une personnalisation totale, aucune d’entre elles ne devrait être identique. Quatre thèmes (Magnetic, Aurora, Mist et Vale) serviront de point de départ. Ensuite, le client aura la possibilité de demander ce qu’il veut, Cadillac pouvant par exemple inventer de nouvelles couleurs extérieures au besoin.

Le prix final n’est pas encore communiqué, mais il dépassera allégrement les 400 000 $ canadiens. Au moment d’écrire ces lignes, les carnets de commandes afficheraient complet pour les 18 premiers mois de production. Qui aurait cru que l’une des principales concurrentes de la première Rolls-Royce 100% électrique, la Spectre, serait une Cadillac?

Feu vert

Feu rouge

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