BMW Série 8 - Délicieusement anachroniques

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Marc Lachapelle

Pas facile d’être une berline, un cabriolet ou un coupé de grand luxe à moteur thermique en pleine révolution électrique. Sans compter que les VUS de toutes les tailles se multiplient et se répandent plus vite que la carpe asiatique et la moule zébrée. Même dans ce segment fort exclusif. C’est ce que vivent actuellement les sveltes et imposantes voitures qui composent la Série 8. Y compris la suave cousine Alpina B8 Gran Coupé qui s’y est greffée, il y a deux ans.

BMW s’est aventuré maintes fois à créer des coupés racés, depuis sa renaissance du début des années 60. Le splendide coupé 3.0 CSL des années 70 est nul doute le rejeton le plus spectaculaire de cette première époque. Les coupés de Série 6, plus anguleux, sont arrivés juste après. Avec l’immense premier coupé de Série 8, lancé en 1990, le constructeur bavarois sembla plutôt célébrer, sans retenue, sa grande réussite des deux décennies précédentes. En 2003, BMW présentait une deuxième génération de la Série 6, déclinée en coupé et décapotable. Trois ans plus tard, on découvrait des versions M6 de ces deux modèles, animées par un V10 de 500 chevaux. L’intention était toujours de répliquer au rival de Stuttgart et ses versions AMG modèle pour modèle, quelle que soit la taille du créneau. C’était aussi la mission des Gran Coupé à quatre portières, lancées en 2013 pour contrer les Audi A7, Mercedes-Benz CLS et différentes Porsche Panamera.

La même formule en mieux

Dans le même esprit, BMW dévoilait en 2019 de nouveaux coupés et cabriolets M850i xDrive qui relançaient la Série 8, après une pause de vingt ans. Cette deuxième génération s’enrichissait, dès l’année suivante, de versions Gran Coupé, M8 et M8 Competition qui portaient d’un seul coup le nombre de ses modèles de deux à neuf.

Malgré le gain numérique de leur appellation, les M850i Cabriolet et Coupé étaient plus courtes de 4,1 cm que les 650i qu’elles remplaçaient. En revanche, les Gran Coupé de Série 8 étaient plus longues que leurs devancières de 7,8 cm, plus larges à l’arrière et un poil plus hautes, sur un empattement allongé de 5,4 cm. Tout ça pour bonifier l’espace vital aux places arrière, face aux rivales susmentionnées. Sous des silhouettes soigneusement rafraîchies mais résolument fidèles aux formes de leurs devancières, ces nouvelles M850i xDrive étaient des Grand Tourisme transformées. Leur habitacle entièrement redessiné, plus spacieux, plus moderne, plus complet et mieux fini, y est évidemment pour quelque chose aussi.

Concentration et intensité variables

Le plus impressionnant est encore de goûter l’équilibre inédit de ces grandes voitures. Une sérénité nouvelle due d’abord au fait que les Série 8 sont construites sur l’architecture modulaire CLAR qui sous-tend maintenant la quasi-totalité des BMW (et la Toyota Supra). Cette structure autoporteuse, qui regorge d’alliages et de matériaux aussi légers que robustes et rigides, est à peu près parfaite. Elle permet à une suspension à bras asymétriques à l’avant, bras multiples à l’arrière et amortissement variable minutieusement réglée de faire le reste.

Les M850i xDrive affichent une agilité et une maniabilité surprenantes, pour leur taille et leur masse. Grâce à leurs roues arrière directrices, en bonne partie. Leur carrosserie est d’une solidité impeccable et leur roulement étonnamment fin et maîtrisé. Même sur nos chaussées défoncées et malgré leurs larges pneus à flancs très bas, montés sur des roues en alliage de 20 pouces. La vigueur de leur V8 biturbo de 4,4 litres et 523 chevaux est un autre élément clé de cette discrète métamorphose.

Concernant les M8 Competition, la chose est simple. En plus du même V8, dont la puissance passe à 617 chevaux, elles disposent de trains roulants raffermis, de pneus encore plus larges et de freins plus costauds. Elles livrent pourtant des performances et un comportement sérieusement relevés, sans presque de sacrifice en confort ou en qualité de roulement. À se demander comment. Finalement, au sommet de la gamme, l’Alpina B8 Gran Coupé redistribue à son tour ces éléments primordiaux, pour offrir un léger surplus de confort, de raffinement et d’exclusivité.

Tout ça n’empêche pas les Série 8 actuelles d’être à la traîne, face à des concurrentes qui proposent une électrification plus poussée. On pourrait espérer, par exemple, que le V8 biturbo de la B8 Gran Coupé profite de l’hybridation légère qui a porté la puissance du groupe propulseur identique de son frère, l’imposant XB7, de 612 à 630 chevaux. Il n’y a peut-être tout simplement pas l’espace. Quoi qu’il en soit, l’avenir électrique de ces grandes voitures est prometteur. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer les performances de la berline i7 ou du multisegment iX M60 et d’extrapoler ensuite. Juste un peu.

Feu vert

Feu rouge

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