Lamborghini Revuelto - Le baroud d’honneur du V12
Le moteur V12 a toujours été une constante dans l’histoire de Lamborghini. Signe des temps, il revient aujourd’hui en version hybride. Un dernier tour avant de passer à la trappe? L’année 2023 célèbre les 60 ans d’existence de Lamborghini ainsi que les 25 ans de la prise de contrôle par Audi. Volant de succès en succès, avec des ventes record de 9 233 exemplaires en 2022, on a l’impression que la marque a toujours été forte.
C’est oublier son histoire tumultueuse, ses nombreux repreneurs et le fait qu’elle n’arrivait même pas à produire 100 voitures par an au début des années 80. C’est justement le rachat par Audi qui a amené stabilité et croissance. Évidemment, c’est le VUS Urus qui assure aujourd’hui l’essentiel des ventes. Mais l’Aventador a tout de même connu une très belle carrière avec 11 465 exemplaires écoulés en 11 ans (pour comparaison, ce fut seulement 1 983 exemplaires en 17 ans pour la mythique Countach). Les attentes sont donc grandes pour sa remplaçante.
La beauté est intérieure
Les lignes sont acérées et agressives, mais l’extérieur de la Revuelto fait malgré tout penser à une Aventador poussée à 11, comme dirait Spinal Tap. On aurait souhaité que l’équipe de Mitja Borket, designer en chef de Lamborghini, aille davantage de l’avant et nous évite cette impression de déjà-vu. Mais les grands patrons allemands n’ont pas l’habitude de changer un style qui gagne (voyez les Audi depuis 15 ans…). Et gagnant, le style l’est sûrement puisque, peu après la présentation du modèle, les carnets de commandes étaient déjà pleins pour les deux années à venir. Non, pour trouver les vraies nouveautés il faut se pencher sous la carrosserie.
Au sein du groupe Volkswagen, Lamborghini est un spécialiste de la fibre de carbone. Dès 1987, les ingénieurs de la marque (dont un certain Horacio Pagani…) ont créé une Countach avec un châssis en composite. Puis, en 2010, elle dévoile le concept Sesto Elemento qui fait appel à de la fibre de carbone forgée, procédé pour lequel la société obtiendra plusieurs brevets. Aujourd’hui, Lamborghini présente la structure Monofuselage qui combine la fibre de carbone classique (en couche) et forgée ainsi que l’aluminium. Ne pesant que 188 kilos, ce châssis s’avère 10% plus léger et 25% plus rigide que celui de l’Aventador.
Plus rouge que verte
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la marque n’a connu que deux générations de V12 en 60 ans. Ce n’est qu’en 2011 que Lamborghini a lancé le nouveau bloc, sur l’Aventador. Sur la Revuelto, il a été assez profondément revu et il ne pèse que 218 kilos, contre 235 précédemment. Il développe à lui tout seul 814 chevaux. Il est également retourné de 180 degrés pour s’accommoder de l’inédite boîte à double embrayage à 8 rapports qui remplace la boîte robotisée à simple embrayage et 7 rapports de l’Aventador.
Il reste à parler de la principale nouveauté de la Revuelto : il s’agit d’une hybride rechargeable (la Sián FKP 37 avait déjà un moteur électrique mais utilisait des supercondensateurs) qui devrait émettre 30% de gaz polluants en moins que l’Aventador. Non, le but n’est pas de sauver la planète mais de permettre aux gestionnaires de fonds d’investissement et autres vedettes de rentrer dans certains centres urbains qui seront bientôt fermés aux moteurs thermiques. C’est pour cela que la batterie, située dans le tunnel central, n’offre qu’une capacité de 3,8 kWh, bonne pour 10 à 15 km en mode Città 100% électrique (elle peut être entièrement rechargée par le V12 en 6 minutes). Deux moteurs à flux axial développant 110 kW sont installés à chaque roue avant. Un troisième moteur électrique, de 110 kW lui aussi, est monté dans la boîte de vitesses. Il fait office de démarreur, de générateur, d’assistant au V12 ou aux moteurs avant, et de moteur en solo. Ainsi, la Revuelto est une auto à 4 roues motrices, mais également à 4 roues directrices et avec le contrôle vectoriel du couple. Grâce à ces technologies et à une répartition du poids av/ar de 44/56%, elle devrait se montrer particulièrement dynamique. En combinant les modes de gestion de la motorisation hybride et les modes de conduite, vous obtenez 13 modes d’utilisation différents.
L’intérieur est plus habitable que celui de l’Aventador et est, évidemment, dominé par trois écrans : 12,3 pouces derrière le volant, 8,4 pouces sur la console centrale et 9,1 pouces devant le passager. Lamborghini avance de larges possibilités de personnalisation avec 400 teintes extérieures et plusieurs mélanges de cuir et de tissu Corsa-Tex selon 70 couleurs dans l’habitacle.
Lamborghini a annoncé ses plans pour l’avenir. Le premier véhicule 100% électrique arrivera en 2028 et il s’agira d’une Grand Tourisme. La première supercar à batteries de la marque ne sera pas offerte avant le début des années 2030. Cela nous laisse encore un peu de temps pour profiter du dernier V12 de Sant’Agata. Heureusement, Lamborghini l’a bien mis en vue!
Feu vert
- Un bon gros V12 derrière les sièges
- Plus de 1 000 chevaux grâce à l’hybridation
- Agilité (4 roues motrices et directrices)
Feu rouge
- Esthétique « déjà-vu »
- Autonomie électrique extrêmement réduite
- Au moins deux ans d’attente…