Subaru Solterra/Toyota bZ4X - Excès de prudence

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Louis-Philippe Dubé

Si Toyota est bien ferré dans les hybrides et Subaru dans la traction intégrale, ni l’un ni l’autre ne l’est dans l’électrique. Pour le moment du moins. Ces deux constructeurs renommés pour leurs prouesses techniques et pour la fiabilité de leurs produits ont tardé à mettre un véhicule 100% électrique sur le marché lorsqu’on les compare à leurs homologues américains et sud-coréens.

Même s’ils partagent la même plate-forme et des caractéristiques techniques quasi identiques, le bZ4X et le Solterra sont présentés au public d’une manière totalement différente. Toyota mise sur la fiabilité et la polyvalence, tandis que Subaru canalise ses efforts marketing sur l’aventure et la robustesse. Mais ce déploiement conjoint n’est pas venu sans ses désagréments. Problèmes sur la chaine d’assemblage, rappels hâtifs… le départ a été quelque peu difficile. Qui plus est, bien qu'il offre un bon rapport qualité/prix sur papier, le duo ne vient pas sans des petits caprices qui pourraient décourager certains acheteurs.

De bonnes qualités

Mécaniquement, la seule différence majeure entre les deux véhicules se situe du côté de Toyota, qui donne le choix entre les roues motrices avant et la traction intégrale. De son côté, le Solterra vient exclusivement avec la traction intégrale. Avec les quatre roues motrices, on parle d’une puissance de 215 chevaux et d’un couple 248 lb-pi dans les deux modèles, avec une autonomie de 360 kilomètres. Du côté du bZ4X à roues motrices avant, on perd un peu de vigueur avec 201 chevaux et 196 lb-pi. L’autonomie, elle, s’élève à 367 km avec le rouage intégral, er grimpe jusqu'à 406 kilomètres avec les roues motrices avant. Au cours de nos essais, nous avons trouvé l’autonomie plutôt conservatrice sur papier. Notre Solterra, par exemple, aurait pu rouler au-delà de 400 kilomètres en été.

Sur la route, la puissance développée par le duo est suffisante pour la conduite de tous les jours, sans pour autant riveter ses occupants à leurs sièges. On profite également d’une maniabilité impressionnante compte tenu du poids. Si le propriétaire moyen ne s’aventure probablement pas trop loin des sentiers battus, il est bon de souligner que les deux véhicules ont des aptitudes hors route dignes de mention. Avec une variété de modes de conduite pour diverses surfaces comme la boue et la neige, on profite d’ajustements comme la possibilité de demander au rouage intégral de maximiser l’adhérence. Les deux véhicules peuvent aussi être munis d’un mode Grip (exclusif au rouage intégral), qui agit comme un régulateur à basse vitesse dans le but de guider le véhicule dans les sentiers de manière sécuritaire.

Dans son habitacle, le duo bZ4X/Solterra s’en tire bien avec un mélange de textures robustes amalgamées à des plastiques noir piano. On apprécie particulièrement l’ergonomie des commandes et le système d’infodivertissement, rapide et intuitif de nature. Du côté du Solterra, on offre une option de longerons de toits capables de soutenir jusqu’à 80 kg (176 lb) lorsque le véhicule est en mouvement et jusqu’à 318 kg (700 lb) lorsqu’il est immobile. Une option qui peut s’avérer utile pour les campeurs, par exemple.

Des manies contraignantes

Les propriétaires de Toyota et de Subaru ont tendance à conserver leurs véhicules longtemps. Et les ingénieurs ont adopté une stratégie conservatrice afin de protéger l’élément le plus critique du véhicule contre les ravages du temps : la batterie. En effet, pendant que certaines voitures électriques permettent des puissances de recharge (théoriques) allant jusqu’à 300 kW, le bZ4X et le Solterra voient leur puissance limitée à 150 kW et 100 kW respectivement. La batterie des modèles à rouage intégral pourrait aussi se protéger à -20 degrés Celsius en empêchant la recharge rapide. D'autre part, un conducteur ne peut pas effectuer plus de deux recharges rapides en une seule journée. Grâce à ce choix technique (et selon Toyota), la batterie devrait perdre un maximum de 10% de sa capacité après 10 ans.

Or, les choses bougent vite dans la filière électrique. Par exemple, selon de récentes recherches, on a découvert que la « vieille » Tesla Model S ne perd que 12% de la capacité originale de sa batterie après avoir parcouru 320 000 kilomètres…Ceci étant dit, il faut également comprendre que ces contraintes n’affecteront qu’une partie des acheteurs. Si vous planifiez recharger majoritairement à la maison et limiter les très longs trajets nécessitant la recharge rapide sur une BRCC (surtout en hiver), les chances que vous soyez incommodés par ces mesures de précautions sont minces.

Avec un mélange de gros bon sens et de caprices, le duo bZ4X/Solterra offre une bonne dose de polyvalence, des performances suffisantes et un habitacle habitable qui rivalise avec la compétition. Or, avec ses caractéristiques contraignantes sur le plan de la recharge et des performances, le duo japonais pourrait bientôt (et déjà) s’avérer désuet dans une industrie automobile où les avancées arrivent à vitesse grand V.

Feu vert

Feu rouge

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