Hyundai Nexo - La licorne coréenne

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Guillaume Rivard

Quel avenir pour l’hydrogène? Voilà la question à 5 millions de dollars, littéralement. On vous rappelle que c’est grosso modo le prix payé en 2019 pour l’installation de la première, et encore la seule, station de remplissage publique au Québec, dans notre belle capitale... Une poignée d’autres se trouvent en Colombie-Britannique et c’est tout. Par conséquent, croiser un véhicule qui fonctionne à l’hydrogène sur nos routes relève presque du rêve.

Le Nexo de Hyundai en est un. Pour l’avoir essayé, on peut vous assurer que cette licorne coréenne existe bel et bien, malgré ce que disent les ventes : une seule unité à la grandeur du pays en 2021… et pas la moindre en 2022. Un gros zéro. Au moment de mettre sous presse, ce véhicule apparaissait toujours sur le site web de Hyundai Canada et l’un de ses porte-paroles nous confirmait qu’il est encore possible d’en commander un exemplaire. Par contre, c’est le néant pour ce qui est de la prochaine année.

L’hydrogène version 2.0

On s’en souvient, l’aventure de Hyundai dans le monde des véhicules à pile à combustible pour passagers a débuté avec le Tucson FCEV il y a une dizaine d’années. Le Nexo, lancé en 2018 et doté d’une plate-forme exclusive, représente la deuxième génération de cette technologie. La troisième est en développement et, d’après les informations dont on dispose, elle ne sera pas prête à être commercialisée avant 2024, donc au mieux comme modèle 2025 au Canada. En admettant bien sûr que Hyundai persévère avec son idée d’offrir à la fois des véhicules électriques à batterie et à pile à combustible sur notre marché.

Au fait, la seule concurrence directe provient encore et toujours de la Toyota Mirai. Quelque part en 2024, Honda prévoit de commencer à produire un CR-V avec pile à combustible aux États-Unis. Mais revenons au Nexo, qui prend la forme d’un utilitaire compact aux dimensions très comparables à celles de l’Ioniq 5, vedette de Hyundai. Son empattement est plus court d’une bonne vingtaine de centimètres, il se reprend cependant avec un coffre plus spacieux, du moins lorsque la banquette est relevée. Quant au design extérieur, qui n’a pas changé depuis sa sortie, le Nexo demeure au goût du jour avec sa signature d’éclairage à l’avant, ses poignées de porte encastrées et ses garnitures contrastantes en bas de la carrosserie.

Qu’en est-il des performances maintenant? Avec une pile à combustible et un réservoir d’hydrogène de 6,33 kg (157 litres) à la place d’une grosse et lourde batterie à haute tension, le Nexo affiche un poids raisonnable. Le couple de 291 lb-pi de son moteur électrique paraît bien également. Toutefois, les accélérations ne sont guère rapides. Douces, certainement, mais pas rapides, dans le genre 9 secondes pour atteindre 100 km/h. La faute revient surtout aux maigres 161 chevaux et à l’absence d’un rouage intégral. Du même coup, le remorquage n’est pas recommandé.

Une équation qui ne tient pas

On pourrait aussi pointer du doigt les pneus qui ne cherchent pas tellement à mordre la chaussée, mais plutôt à éviter la résistance de roulement, ennemie de la conduite écoénergétique. La maniabilité n’est pas dénuée d’intérêt malgré tout, entre autres grâce à la suspension bien calibrée, mais on est loin d’une voiture sport. Disons que l’accent est davantage mis sur le confort. D’ailleurs, les sièges du Nexo le confirment : on s’y sent bien à l’aise, la position de conduite est juste et la visibilité, pas mauvaise à part peut-être à l’arrière. Ajoutons que le double affichage numérique sur la planche de bord est attrayant et simple à consulter. Impossible d’en dire autant pour le reste du décor, truffé de surfaces clinquantes comme sur l’imposante console centrale aux nombreux boutons. Ça nous rappelle les magnétoscopes des années 1980!

Enfin, la force d’un véhicule à pile à combustible comme le Nexo est sa grande autonomie, été comme hiver. D’après le constructeur, c’est 570 ou 612 km selon la version. Dommage que l’unique point de ravitaillement accessible au public soit à Québec… et que celui-ci ne fonctionne pas toujours! On parle par expérience. Faire le plein d’hydrogène prend cinq minutes, ce qui est génial, attention durant la saison froide par contre : le fusil peut rester momentanément gelé sur le véhicule en raison de l’hydrogène pressurisé.

Stable durant les mois qui ont précédé la parution de cet ouvrage, le prix de l’hydrogène s’élevait à 17,30 $/kg, donc avec sa consommation moyenne de 1,1 kg/100 km, le Nexo coûte environ 19 $/100 km. C’est passablement plus cher qu’un VUS compact à essence et rien à voir avec un modèle électrique à batterie. Ajoutez à cela un prix de base supérieur à 70 000 $, inadmissible aux subventions gouvernementales, et l’équation ne tient tout simplement pas pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde.

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