Audi Q8 - La jeune vieille garde

Publié le 1er janvier 2024 dans 2024 par Marc Lachapelle

Maintenant que la série Q8 prête son binôme à une version électrique, Audi procède à une modification de sa gamme. Deux des trois déclinaisons existantes de ce VUS de luxe quittent le catalogue pour le millésime 2024. Les Q8 et SQ8 ne sont pas reconduits cette année, laissant le RS Q8 comme seul véhicule à moteur thermique dans la gamme des VUS se terminant par un huit.

Audi n’a jamais fait les choses comme les autres, misant invariablement sur l’innovation et le raffinement technique plutôt que sur les coups d’éclat et les bidules spectaculaires. Rien d’étonnant pour un constructeur allemand dont la devise est « le progrès par la technologie » (vorsprung durch technik). À preuve, son rouage intégral quattro qui a provoqué une révolution en Championnat du monde des rallyes dans les années 80 avant d’imposer les quatre roues motrices dans le segment des voitures de luxe. Et les autres, par la suite.

Des cibles multiples

Lancé chez nous en 2019, le Q8 est construit sur l’architecture MLB Evo qui sous-tend également les cousins Bentley Bentayga, Lamborghini Urus et Porsche Cayenne, au sein du groupe géant Volkswagen AG. Excusez du peu. Avec sa silhouette profilée et ses cinq places, le Q8 s’inscrit dans le sillage du Q7, le VUS de luxe à trois rangées qu’Audi a patiemment hissé au sommet de sa catégorie, après une entrée tardive. Comme d’habitude, Audi offre un amalgame soigneusement dosé de confort, de luxe et de performance, sans négliger aucun de ces éléments. La qualité de l’assemblage et une présentation devenue exemplaire vont de soi, à cette enseigne. Comme les cotes de fiabilité louables que le Q8 partage avec ses frères de la série Q7.

Lorsqu’il était encore au catalogue, le Q8 était un enfant sage et bien élevé. Son V6 biturbo de 3 litres et 335 chevaux réalisait des performances correctes et enregistrait une consommation acceptable. De même, sa conduite était sûre et sans surprise. De son côté, le SQ8 était animé par un V8 biturbo de 4 litres et 500 chevaux. Il était aussi posé sur des pneus de performance plus larges, gérés par une suspension pneumatique, avec des disques de frein avant plus grands. Cette période étant révolue, la seule variante disponible se veut plus exclusive.

Le RS Q8 affiche un cœur de lion, une variante du V8 du défunt SQ8, mais qui développe plutôt 591 chevaux. Évidemment, ce RS a les nerfs et les réflexes pour maîtriser cette cavalerie. Il ajoute des pneus plus larges sur des roues plus grandes, des disques de frein avant et arrière plus grands encore et une suspension pneumatique antiroulis. Sans faire autant d’esbroufe que plusieurs rivaux, le RS Q8 livre des performances, une dégaine et des sensations de haut niveau, à un prix moins délirant. Il a toutes les chances, aussi, de mieux vieillir.

Les pièges de la vertu

Audi maîtrise la recette des habitacles chics, raffinés et axés sur le dernier cri en technologie. Il l’a prouvé en devenant le premier à utiliser l’écran configurable de 12,3 pouces (dans l’Audi TT en 2015) qui a remplacé depuis les cadrans classiques dans une multitude de véhicules. Ce « cockpit virtuel » fut bientôt rejoint par des écrans qui permettent d’accéder à une kyrielle de systèmes et de réglages. Le Q8 n’y a pas échappé. La planches de bord est d’une élégance indiscutable. La surface uniformément noire et brillante de leur portion centrale se couvre cependant trop rapidement d’empreintes digitales... De quoi garder un linge doux dans le coffre à gants pour restaurer le look impeccable de l’ensemble avant que la visite arrive.

Les affichages sont présentés avec un goût exquis mais leur fonction et leur utilité ne sont pas toujours parfaitement claires. Il faut s’y habituer, comme trop souvent. La chose n’est jamais aussi vraie que pour la pléthore de systèmes de sécurité ahurissants et l’absence du moindre bouton pour les désactiver. On doit se contenter de choisir l’intensité de leurs interventions sur l’écran central. Nous avons aussi été étonnés d’entendre les portières sans cadre claquer bruyamment dans une série dont la qualité de fabrication et la solidité sont à l’abri de tout reproche, autrement. Pour le reste, le confort du RS Q8 est adéquat considérant sa vocation, avec un agrément de conduite à l’avenant.

Avec l’élimination des Q8 et SQ8 qui étaient des valeurs stables et sûres, Audi montre clairement ses intentions pour l’avenir. Le rétrécissement de la gamme au profit du seul RS Q8 laisse penser que les jours de ce VUS à moteur thermique sont comptés. En attendant l’arrivée d’un RS Q8 e-tron aux performances certainement étourdissantes mais silencieuses, il reste encore un peu de temps pour profiter des vocalises de cet utilitaire hors du commun. De quoi prolonger sa réussite discrète auprès d’acheteurs avisés qui le sont tout autant.

Feu vert

Feu rouge

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