Subaru Legacy - Le début de la fin?
Le segment des berlines intermédiaires est en déclin. On ne vous apprend certainement rien avec cette déclaration qui est tout sauf fracassante. Si les meneuses du segment, comme les Toyota Camry et Honda Accord, continuent d’être populaires pour le moment, la décroissance est forte pour celles qui suivent derrière. La Subaru Legacy n’y échappe pas. Dans les faits, elle a été la moins vendue de la catégorie au Québec en 2022. Et ce n’est absolument pas mérité à notre avis. Spacieuse, confortable et plaisante à conduire, elle n’est qu’une victime du désamour des consommateurs pour ce segment.
Sur le marché depuis 2020, la Subaru Legacy de septième génération a profité de quelques améliorations esthétiques l’année dernière alors qu’elle arrivait à la moitié de son mandat. Pour 2024, le constructeur japonais procède à une réorganisation de la gamme. En fait, en toute simplicité, Subaru ne conserve à partir de maintenant qu’une seule et unique version de la Legacy. En effet, seule la version GT poursuit sa route. Mentionnons que cette déclinaison a droit au puissant moteur turbocompressé à 4 cylindres de 2,4 litres.
Bien qu’on s’ennuie du moteur à 6 cylindres à plat de la précédente génération, il faut tenir compte du fait que les constructeurs subissent une forte pression pour tendre à diminuer la taille des cylindrées. Développant 260 chevaux, cette mécanique plaira à l’amateur de conduite qui est en quête de plaisir au volant. Soulignons deux fois plutôt qu’une son comportement routier. En effet, les berlines de ce format ont souvent été synonymes d’insipidité. Ce n’est pas le cas avec la Legacy. Sans être sportive, elle procure un ressenti agréable à son conducteur. En revanche, il faut, composer avec l’élasticité de la transmission automatique à variation continue (CVT). Celle-ci représente parfois un irritant pour les acheteurs.
De ce fait, Subaru a donc éliminé les deux versions d’entrée de gamme de la Legacy. En effet, c’est l’heure de dire au revoir aux versions Tourisme et Limited. Avec un prix de départ d’environ 33 000 $, la Legacy Tourisme 2023 représentait, à notre avis, une affaire intéressante pour les consommateurs d’ici. Rappelons qu’on retrouvait, sous le capot de ces deux versions, un moteur atmosphérique à 4 cylindres en ligne à plat de 2,5 litres. Sans aplomb ni fougue, il était bruyant. Il répondait toutefois aux critères de bien des acheteurs qui n’avaient pas besoin de plus de puissance sous le pied droit.
Une valeur ajoutée qui s’effrite
Lorsqu’un constructeur rationalise son offre, ce n’est généralement pas un signe de prospérité. La Legacy vit-elle sur du temps emprunté au Canada? Avec cette mesure drastique prise par le constructeur, on n’a pas le choix d’entrevoir un avenir peu glorieux pour cette berline. Bien évidemment, on aurait apprécié que Subaru emprunte le virage de l’électrification avec sa voiture. Toyota, Honda et Hyundai offrent des déclinaisons hybrides avec leur berline intermédiaire. Qui plus est, la clientèle de Subaru est souvent amoureuse de plein air et d’aventures. Une touche de vert aurait fait le plus grand bien à celle que l’on laisse dorénavant mourir à petit feu.
Longtemps, la Subaru Legacy s’est distinguée de la compétition grâce à la traction intégrale. Alors que ses rivales ne proposaient que le rouage à traction, elle se démarquait grâce à cette caractéristique recherchée par les consommateurs du Québec, notamment. Or, au fil du temps, les berlines intermédiaires ont perdu des acheteurs au profit des VUS.
Les constructeurs ont donc tenté, tant bien que mal, de les retenir et de gérer la décroissance en dotant leurs berlines intermédiaires des quatre roues motrices. Ainsi, les Toyota Camry, Kia K5 et Nissan Altima proposent désormais cette caractéristique convoitée. Mais cela fait aussi en sorte que la Legacy devient une berline intermédiaire parmi tant d’autres.
On préfère l’Outback
Chez Subaru, le Forester ne performe pas comme il le devrait parce que le Crosstrek domine largement dans son segment et il lui cannibalise certainement plusieurs ventes. On observe également ce phénomène avec la Legacy et l’Outback. Subaru propose une formule si géniale avec l’Outback que les acheteurs avec un budget qui oscille autour de 45 000 $ le préfèrent à la Legacy.
Avec une garde au sol un peu plus élevée, des airs de VUS et un hayon bien plus pratique, il est difficile de justifier l’achat d’une Legacy quand on a une Outback stationnée juste à côté chez le concessionnaire. À moins de vouloir mordicus une berline. Et ce type de consommateur a pratiquement disparu. Nous apprécions évidemment la Legacy puisque ses qualités sont nombreuses. Pourtant, chaque fois qu’un lecteur s’interrogera à propos de ce modèle, intuitivement, nous sommes tentés de l’orienter vers l’Outback qui est plus pratique et dont la gamme est plus diversifiée.
Feu vert
- Moteur turbocompressé convaincant
- Conduite plaisante
- Rouage intégral efficace
Feu rouge
- Gamme dorénavant restreinte
- Abandon de la version à 35 000$
- Impression d’élasticité de la transmission CVT