La Norvège est sur le point de ne vendre que des véhicules électriques
OSLO | Sans jamais interdire l’achat de voitures à essence, la Norvège est sur le point de devenir le premier pays à atteindre l’objectif de ne vendre que des véhicules neufs 100% électriques sur son territoire en 2025. La prohibition, planifiée au Québec, nourrit la « colère », estime l’Association des véhicules électriques norvégienne.
Au dernier trimestre, plus de 96% des nouveaux véhicules vendus étaient totalement électriques. « Nous allons y arriver », affirme la secrétaire d’État aux Transports, Abel Cecilie Knibe Kroglund.
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En Norvège, il s’agit « d’un objectif » et non d’une obligation inscrite dans une loi comme au Québec. En 2024, ces ventes représentent 89% du marché. Même à Tromsø, à 350 km au nord du cercle polaire, presque tous les véhicules neufs sont électriques.
Une voiture sur quatre qui roule en Norvège est maintenant verte. C’est le modèle au diesel qui est encore majoritaire, mais qui perd du terrain chaque année.
« La transition est déjà largement réussie », croit la politicienne, car le marché et les consommateurs sont convaincus des avantages des véhicules électriques.
Pas d’interdiction
« Une des raisons de notre succès est que nous n’avons jamais dit qu’il serait illégal d’acheter une voiture à essence ou hybride. Si quelqu’un vous dit que c’est interdit, ça vous rend en colère », explique Christina Bu, PDG de l’Association des véhicules électriques.
Les politiques norvégiennes ont été mises en place dès les années 1990. Aujourd’hui, un rabais de taxe de 25% est accordé pour les VE et une surtaxe de 45 000 $ canadiens est imposée sur les véhicules thermiques, rendant les VE beaucoup plus abordables.
Cela représente une perte annuelle en revenus de 500 millions $ pour le gouvernement.
« C’est un coût, mais un investissement pour atteindre les objectifs climatiques et soutenir la transition énergétique », signale la secrétaire d’État Knibe Kroglund.
Puis, l’industrie est maintenant prête à soutenir cette transition, dit-elle.
Les revenus du gouvernement sont rééquilibrés grâce aux taxes sur l’électricité et aux recettes provenant d’autres secteurs économiques.
Ce succès repose sur un soutien populaire et politique malgré les défis qui étaient liés aux infrastructures de recharge, explique quant à elle Christina Bu.
L’arrivée de modèles accessibles, comme la Nissan LEAF en 2011, et le succès de la Tesla Model S en 2013 ont accéléré la transformation.
Maintenant, des bornes de recharge, il y en a partout en Norvège, principalement dans les stations-service.
Peu de critiques
Contrairement au Québec, la vaste majorité des Norvégiens comprend que cette transition est inéluctable.
« Il n’y a pas de grands groupes opposés à la politique des véhicules électriques. Il y a peut-être quelques personnes qui préfèrent encore les voitures à combustion, mais en général, la transition est bien acceptée », explique la secrétaire d’État Abel Cecilie Knibe Kroglund.
Selon Christina Bu, la seule manière de convaincre ceux qui résistent au changement et qui montrent des réserves est d’avoir recours à l’avantage financier.
Elle souligne que l’expérience pratique et les politiques incitatives « ont convaincu de nombreux sceptiques d’adopter les véhicules électriques », transformant progressivement les mentalités et accélérant leur adoption.
Conseils pour le Québec
L’Association est convaincue que le Québec pourrait accélérer sa transition en s’inspirant du modèle norvégien.
Mme Bu recommande des politiques incitatives, comme le système de « bonus-malus », où les taxes sur les véhicules polluants financent des incitations en faveur des VE.
« Grâce aux technologies, le Québec peut faire cette transition plus rapidement s’il le veut », signale-t-elle. « En Norvège, notre transition s’est faite au départ avec une technologie assez limitée. »
Elle soutient d’ailleurs que la norme « véhicules zéro émission » (VZE) du Québec est une excellente politique pour stimuler l’offre.
La Norvège qui ressemble au Québec
- Pour électrifier, la Norvège doit surmonter les obstacles liés à son territoire et à son climat hostile.
- Comme le Québec, la Norvège est vaste, complexe et sa population est dépendante de l’automobile.
- Il y a seulement 5,5 millions d’habitants sur un territoire de 1500 kilomètres carrés, marqué par des distances importantes entre les villes, des montagnes et des zones rurales isolées, notamment dans le nord.
- Les conditions hivernales extrêmes ajoutent des défis à l’électrification. Plusieurs contraintes ont été rabattues grâce à un réseau de recharge étendu et à une adoption massive des VE dans toutes les régions, même les plus recluses.
- Les avancées technologiques ont permis des autonomies adaptées aux conditions locales, plaident les experts et le gouvernement.
Les concessionnaires abandonnent l’essence et le diesel en Norvège
Pas moins de 25 constructeurs vendent exclusivement des modèles électriques en Norvège, incluant Volkswagen, Hyundai, Subaru et Lexus. Les concessionnaires présentent une multitude de modèles abordables. Bientôt, la BYD chinoise qui coûte environ 11 000 euros sera offerte.