Vivre sa passion pour l’automobile en miniature
Comme beaucoup d’amateurs d’automobile, j’ai commencé à jouer avec des petites voitures dès ma plus tendre enfance. Principalement des Matchbox, Hot Wheels et Majorette. Lorsqu’on est encore petit, ces dernières sont mises à rude épreuve dans des courses endiablées. Les plinthes autour de ma chambre d’enfant s’en souviennent encore!
C’est à mes 6 ans que j’ai reçu ma première « voiture de collection » (aussi appelées diecast) à l’échelle 1/18 : une Bugatti Type 59 de la marque Burago. Ça a été une révélation. Dans mes yeux d’enfant, cette grosse voiture était magnifique et superbement détaillée avec son capot laissant apparaître le moteur et le volant faisant tourner les roues. Bien qu’elle ait subi quelques outrages avec les années, je la possède toujours aujourd’hui.
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Ce cadeau a été le point de départ de ma collection de voitures miniature, qui a beaucoup évolué au fil des années. Depuis un peu plus de 30 ans, j’ai accumulé environ 200 véhicules de toutes les tailles. Des voitures banales, des exotiques, des voitures de course, et des motos que j’aime aussi beaucoup.
Voyant que j’adorais les miniatures, ma famille m’a aussi acheté des modèles à coller. La première voiture m’a été offerte par mon grand-père, une Renault 4cv au 1/43 de la marque Heller. Je pense qu'il avait une tendresse particulière pour cette petite auto populaire, puisqu'il les a vues rouler après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il pensait que la peinture et la colle étaient à l’intérieur de la boîte, mais ce n’était évidemment pas le cas. La voiture était supposée être rouge mais le résultat a été un peu différent. Je ne sais plus comment mes parents ont trouvé de la peinture grise et noire, quelques pinceaux et de la colle pas du tout adaptée dans la maison.
Vu que la peinture était vieille, le gris ne couvrait pas la carrosserie et s'est juste logé dans les creux au fil des couches, avec le plastique rouge d'aspect vernis... mais toujours visible par transparence! C'est de cette manière que j'ai fait mes débuts dans ce domaine, et je me suis vite pris de passion pour ce passe-temps qui permettait de voir les voitures prendre forme petit à petit.
Je me suis perfectionné avec l’âge, mais j’ai longtemps été mis en difficulté par les produits que j’utilisais, sans savoir qu'ils n'étaient pas adaptés. En effet, c’est un loisir qui coûte cher, et je n’avais pas assez d’argent de poche pour acheter les voitures et la peinture spécifique. J’ai donc utilisé plusieurs produits de substitution comme du vernis à ongles rouge pour peindre des feux arrière, ou de vieilles peintures aérosol de mon grand-père (encore lui!) pour les carrosseries. Le tout sans couche d'apprêt ou de vernis, c'était vraiment de la débrouille.
Le résultat n’était pas toujours réussi, mais paradoxalement cela m’a appris à perfectionner ma technique de peinture et stimuler ma créativité pour avoir un beau résultat sans le bon matériel. Cela me servira beaucoup par la suite.
Fabriquer des modèles qui n’existent pas
Après avoir acheté plus de matériel (outils, peinture et colle) et suivi scrupuleusement les notices de montage, j’ai eu envie de sortir un peu des sentiers battus. Mais au début des années 2000 les possibilités étaient plus limitées qu'aujourd'hui. J’avais par exemple acheté une MotoGP pilotée par Valentino Rossi en 2004, mais au lieu de la peindre en bleu comme prévu, j’avais utilisé du noir et apposé les numéros de course pour rappeler les modèles que l’on peut voir lors des essais de pré-saison.
J’ai aussi recréé des motos de certains amis, qui voulaient que leur miniature soit équipée des modifications qu’ils avaient apportées dans la vraie vie.
J’ai ensuite laissé tout cela de côté quelques années, avant de m’y remettre à la fin des années 2010. Mais cette fois, j’ai eu envie de me lancer de plus gros défis en modifiant des modèles au 1/18 qui ne sont pas prévus pour cela. L’idée c’était de mélanger le défi des modèles à coller avec les miniatures à l'échelle que je préfère. Cela me permettait d'aboutir à un modèle unique, que personne ne possède.
Je précise qu'il n'a jamais été question de modifier des miniatures rares et précieuses. Tous les véhicules que je transforme sont des modèles de grande série qui sont faciles à trouver un peu partout.
Ne sachant pas vraiment par quel projet commencer, je suis tombé par hasard sur une Citroën ID19 familiale au 1/18, identique à celle que possédait mon grand-père. Cette voiture était spéciale pour lui car elle était sortie de l'usine apprêtée mais sans peinture. En effet, mes grands-parents voulaient une couleur personnalisée : un « blanc frigo ».
Cela peut sembler un peu fou, mais à l’époque le blanc était toujours légèrement beige ou jaune, pas éclatant comme aujourd’hui. Le carrossier était sceptique, mais mes grands-parents ont insisté. À raison selon moi, car je trouve la combinaison d’époque avec le toit gris et l'intérieur vert très réussie.
J’ai donc décidé de démonter entièrement la miniature bleue et de repeindre la carrosserie, les jantes et les sièges dans la bonne couleur.
Plus tard, j'ai aussi modifié la plaque d’immatriculation pour que le numéro indiqué soit le bon. La plaque avant étant un peu croche dans la vraie vie, j’ai aussi reproduit ce défaut sur ma propre miniature. Pour réaliser la plaque, je me suis procuré des feuilles imprimables qui deviennent des décalques lorsqu’on les recouvre d’un vernis spécial. Cela m’a ouvert énormément de possibilités pour mes projets suivants.
La Covid-19 (et l'obligation de rester à la maison) a aussi été un moment propice pour mes projets un peu fous. Vu que je travaillais sur la Manic pour le Guide de l’auto 2021 (dont vous pouvez retrouver le dossier ici), je me suis dit que ce serait intéressant de reproduire les véhicules de l’équipe de course de l’époque. Grâce à toutes les images d’archives que j’avais scannées, je pouvais les observer sous toutes les coutures.
J’ai d’abord trouvé une Renault Estafette beige au 1/18 sur le web. Je l’ai démontée entièrement, poncée, puis repeinte en bleu pour qu’elle corresponde aux images que j’avais. J'ai ensuite réutilisé mon imprimante pour fabriquer les décalques dont j'avais besoin. Il n'est malheureusement pas possible d'imprimer du blanc sur une feuille transparente, ce qui m'a obligé à laisser du bleu autour d'une feuille de décalque blanche. C'est moins réaliste que ce que je souhaitais, mais je n'ai pas eu le choix...
J’ai ensuite acheté des tubes carrés en plastique pour fabriquer la remorque de l'équipe, qui était rudimentaire. Et j’ai volontairement laissé de la colle en surplus entre les sections pour que cela ressemble à des soudures sur du métal. Pour les roues, ce sont des modèles de la marque GMP que j'ai trouvées chez un détaillant.
Enfin, le plus gros morceau était la Manic-GRAC. J’ai cherché plusieurs monoplaces à l’échelle 1/18 pour réaliser la transformation, mais les Formule 1 étaient trop grosses… et trop chères pour être charcutées de la sorte! J’ai donc regardé du côté des modèles à coller, et j’ai découvert que les dimensions d’une Lotus 25 de Formule 1 à l’échelle 1/20 correspondaient parfaitement à celles d’une Manic-GRAC au 1/18.
J’ai acheté la voiture, découpé le petit V8 pour le transformer en 4 cylindres, refabriqué l'échappement, les carburateurs et modifié profondément le châssis. En effet, contrairement à la Lotus 25, la GRAC n'utilise pas une monocoque mais un élément tubulaire en acier. J’ai donc refabriqué les parties visibles avec les tubes en plastique qui maintiennent les pièces dans la boîte avant le montage.
Les seules choses qui ne sont pas totalement identiques sont la cinématique du train avant, la hauteur de l'arceau de sécurité et les jantes, légèrement différentes. Mais je trouve le résultat final tout de même convaincant.
Une fois tous les véhicules achevés avec les commanditaires de l’époque, je pense m'être approché tout de même assez près de la réalité. Il y a quelques défauts bien sûr, mais je me suis bien amusé avec ce projet.
Des miniatures pour chaque dossier du Guide
Au fil des années, j’ai commencé à lancer des projets reliés à chaque dossier écrit pour le livre. Après la Manic, j’ai aussi voulu reproduire la première Mustang de Gilles Villeneuve, avant qu’il ne la modifie profondément. Il s’agit d’un coupé 1967, avec moteur 289. La voiture était orange avec le capot noir mat.
Grâce à un grand nombre de photos d’époque trouvées sur le web (et que je n’ai pas le droit de reproduire ici) j’ai pu voir la voiture dans le détail ainsi que son numéro de plaque.
Je me suis donc procuré une Mustang 1/18 identique, mais beige. Je l’ai mise à nu, apprêtée, puis peinte de la bonne couleur. L’intérieur, initialement noir, a aussi été repeint dans une couleur tan comme à l'origine.
Enfin, j’ai aussi modifié l’échappement, ma voiture en avait un double tandis que celle de Gilles n’avait qu’une seule sortie côté droit (un peu tombante...) sur les images que j’ai vues.
J’ai aussi choisi de conserver les jantes d’origine à l’avant, mais j'hésite encore à repeindre les flancs blancs que je trouve trop voyants. À l'arrière, j'ai monté deux roues différentes (les deux qui n'avaient pas servi pour la remorque de la Manic-GRAC). Gilles a roulé avec cette configuration et je trouve qu’elle symbolise bien ses débuts où l’argent était loin de couler à flots.
Mon dernier projet en cours
Si vous avez acheté le Guide de l’auto 2025, vous avez sans doute vu que nous avons consacré tout un dossier à Jacques Duval. Après avoir terminé l’écriture, j’ai eu envie de me lancer dans un projet en lien avec notre fondateur. En cherchant des Porsche au 1/18, j’ai trouvé une 914 jaune, une très bonne base pour reproduire la voiture avec laquelle il a remporté les 24 Heures de Daytona en 1971.
Toutefois, j’ai été un peu déçu de constater que la miniature, bien que joliment détaillée, n’avait aucun ouvrant.
En plus de la peinture et des décalques déjà prévus pour modifier cette 914, j’ai donc décidé de découper le capot arrière et d’intégrer un moteur comme à l’origine. Pour ce faire, j’ai fabriqué un système d'ouverture avec des tubes en plastique et un fil de fer recourbé puis collé. Le tout sera évidemment repeint en noir avant de finaliser le projet. Je voulais utiliser de vraies charnières, mais cela imposait des découpes qui auraient été visibles une fois la voiture terminée.
J’ai aussi trouvé un flat-6 sur le web, un vendeur qui propose des reproductions imprimées en 3D à l’échelle 1/18. Le problème, c'est que j'attends toujours ce moteur miniature commandé en Europe, la grève de Postes Canada m'empêchant de terminer cette partie.
En attendant de pouvoir finaliser la mécanique, j’ai ajouté l’orifice de remplissage d’essence sur le capot. Percer la carrosserie à cet endroit était un peu stressant, mais je trouve cela plus réaliste que de coller un décalque. Pour reproduire le bouchon, j’ai utilisé le capuchon d’un vieux stylo à billes usagé et un morceau de plastique issu d’un casseau de framboises. Je trouve le résultat fidèle à la réalité, et je dois dire que je suis toujours content d'utiliser des objets de récupération qui n’étaient pas du tout faits pour ça au départ.
Pour aller plus loin et créer encore davantage, j’ai très envie de m’acheter une imprimante 3D pour que mes possibilités soient quasi infinies. Mais après un tel achat j’ai peur de ne plus faire que ça!
Quelques conseils si vous voulez vous lancer
Si ce billet de blogue vous a donné envie de modifier une voiture pour la faire à votre goût, voici quelques conseils qui vous éviteront de faire les mêmes erreurs que moi lorsque j’étais plus jeune.
-Pour repeindre une miniature, il est essentiel de la démonter avec soin. Soyez organisés et filmez ou photographiez ce que vous faites pour ne rien oublier au remontage. Personnellement, j’utilise des petits sachets de congélation pour ranger les phares, feux, vitres et vis. Il arrive parfois que les phares et clignotants soient collés par l’intérieur de la carrosserie. Dans ce cas il faut faire sauter la colle et pousser de l’intérieur vers l’extérieur avec une petite pointe ou un chasse-goupille. Soyez patients, en vous précipitant vous risquez de tout casser.
-La préparation du support va déterminer la qualité de votre peinture. Vous pouvez d’abord poncer la carrosserie, mais pas trop fort pour ne pas abîmer le plastique ou le métal. Si la voiture est en métal, vous pouvez aussi la plonger dans du diluant à peinture pour le mettre à nu. C’est un produit toxique, donc utilisez un masque et des gants. C’est aussi très inflammable, donc il faut le faire dans un endroit ventilé ou en extérieur.
-Avant de peindre il faut d’abord utiliser un apprêt (aussi appelé primer). Il faut qu’il soit adapté au matériau (métal, plastique ou les deux). Une fois que ce dernier est bien sec, il est possible d’appliquer la peinture.
-N’essayez pas de recouvrir toute la voiture d’un seul coup. Il faut faire plusieurs couches fines pour que le résultat final soit réussi. Vu que je ne dispose pas d’une cabine de peinture et que j’habite en appartement, je peins à l’extérieur, uniquement les jours où il fait suffisamment chaud, qu’il ne pleut pas et sans vent. J’utilise des canettes de peinture, de préfence celles destinées aux modèles à coller dont la pulvérisation est plus fine. Je les plonge toujours dans une eau chaude (température robinet, pas bouillante) pour rendre la peinture plus fluide et le rendu meilleur. J'attends ensuite 5 à 10 min entre chaque couche en cachant la pièce dans un carton dos au vent pour éviter que des poussières se collent durant le séchage. Pour avoir un résultat parfait, il est conseillé de vernir après avoir laissé la peinture sécher au moins 48 heures. Vous pouvez utiliser du vernis mat ou brillant selon l'effet recherché.
-Avant le remontage, j’attends toujours au moins 48 à 72 heures, histoire que la peinture et le vernis soient bien secs à cœur. Si vous n'attendez pas assez, vous risquez de faire des traces indélébiles avec vos doigts.
-Il n’y a pas besoin de beaucoup d’outils pour faire de beaux projets. Pour moi, les indispensables sont un scalpel de bonne qualité (type Exacto), quelques petites pinces, des pointes ou chasse-goupille, une pince à épiler, des tournevis de précision, du papier sablé avec des grains fins à très fins, quelques pots de peinture et des pinceaux de différentes tailles. Étant donné que je n’ai pas un atelier dédié à ce passe-temps, j’ai volontairement limité mon nombre d’outils pour faire mes projets. Et je trouve le résultat tout de même satisfaisant avec ce matériel de base.