Lexus LS460 Sport 2010: Poseuse ou Bolide?

Publié le 19 juillet 2010 dans Essais par Dan Fritter

La Lexus est une merveille de la magie du marketing. Bien qu’elle accuse un retard de plus de quelques décennies dans le marché sport, cette marque japonaise haut de gamme a tenté un effet de levier basé sur la réputation de Toyota pour la sécurité, la fiabilité et la qualité de construction pour présenter une éthique de design de luxe unique qui ne sacrifiait rien dans sa poursuite de la félicité motorisée.

Si seulement ces gens avaient été aussi chanceux dans leurs aspirations sportives, tout aurait été pour le mieux. Ayant réalisé un succès modéré avec le modèle SC400 des années ’90, les gens de Lexus ont tenté la même approche en marketing dans le  marché des adeptes de la performance, avec des résultats désastreux. Le modèle SC430 actuel s’est avéré un fiasco complet dès son introduction; jumelant un prix de vente exorbitant à une performance décevante et à un style peu attrayant, ce modèle a fortement déçu. Même le modèle IS-F considérablement plus impressionnant a dû livrer une âpre lutte pour la reconnaissance dans un marché dominé par des acheteurs qui ont passé des décennies à louer les mérites des M, AMG et des Quattro. Bien que le dernier et le plus impressionnant modèle, la LF-A, ait définitivement attiré l’attention des consommateurs, cette super-voiture très coûteuse n’a pas eu, jusqu’à maintenant, d’impact sur les autres modèles de la gamme.

Ce qui nous mène au sujet d’intérêt suivant : la LS460 Sport 2010. Jumelant l’archétype de la berline Lexus ultime par excellence au nouvel appétit de cette marque pour la gloire sportive, la LS460 Sport s’avère une espèce d’anachronisme pour une entreprise reconnue dédiée à la construction de véhicules capables de stationner tout seuls (à peine). Après une semaine passée à bord de ce « vaisseau amiral vedette » qu’est la LS600hL, je m’attendais à ce que la LS460 Sport valide son prix de vente relativement élevé grâce à une gamme de gâteries en performance et en vitesse, mais je fus surpris de trouver le profil familier guindé de la berline LS qui m’attendait aux locaux de presse de Toyota. Presque dépourvue d’éléments décoratifs, cette voiture n’exprime nullement le flair de l’apparence du modèle IS-F : pas de passages de roue évasées, aucun échappement superposé de style quad et pas de fentes désinvoltes sur les flancs.

À la place, on trouve le fini de la peinture aussi douce que le verre, typique aux modèles LS, qui est probablement l’une des meilleures au monde : les peintres de Lexus sont en effet obligés de se plier à un entraînement obligatoire à la peinture afin de pouvoir identifier au toucher les imperfections. On se retrouve donc avec une « serre » toute droite et élégante, affichant la même allure imposante à laquelle on peut s’attendre de n’importe quel autre modèle de cette gamme LS  moderne  de berlines. Cependant, une inspection plus détaillée révélera les éléments qui justifient le prix aussi élevé de ce modèle Sport.

En premier lieu, il y a les roues :  des rouleaux compresseurs massifs de 48,2 cm (19 po), à rayons de style « ailette fendue », à surface usinée, qui sont certainement assez imposants, mais qui sont  tout de même assez petits pour offrir une surface latérale significative. À l’avant, une calandre à l’aspect sport agressif ajoute apparemment plein de colère et de rage, mais en réalité, c’est une façon élégante d’emprunter le design des barres transversales en zigzag du modèle IS-F. Et enfin, pour les observateurs à l’œil d’aigle, on peut trouver une paire d’extensions de bas de caisse et un modeste béquet  à  l’avant  qui respecte la hauteur des bordures de trottoir.

Mais la grande nouvelle, ce sont ces roues ou plutôt ce qu’il y a derrière celles-ci. Bien que les décalques de jeune adepte de course ou les assortiments tape-à-l'œil  de couleurs contrastantes aient été omis, ne vous y trompez pas : ce ne sont pas des freins standards de la Lexus LS qui sont là à l’arrière. Confiant la LS460 aux soins des experts de freins Brembo, quand vint le temps d’équiper cette « barge de luxe » à l’allure de mastodonte, les gens de Lexus ont hérité d’un matériau de friction  pour les freins unique et incroyablement agressif qui, lorsque ajusté aux étriers de série déjà importants en taille, procure une performance de freinage étonnement rapide. Bien que déplaçant la balance d’un poids imposant de 1 973 kg (4 350 lb), ce véhicule est doté de freins qui inspirent confiance : ils sont simplement incroyables. Même après des essais répétés, je n’ai cessé d’être impressionné par la façon rapide et progressive qu’ils ont de freiner la progression de la LS460.

Bien sûr, il est relativement difficile de profiter du système de freinage d’une voiture lorsque vous n’avez peu ou pas du tout confiance à l’ensemble du système de suspension.
Bien qu’en apparence ce véhicule soit équipé d’un système de suspension orienté vers la performance, aucun  déclenchement de l’interrupteur de suspension adaptative de la position normale à la position sport ne pouvait convaincre le train avant de sortir de son mutisme. Ayant été conçu dès le début en tant que voiture de luxe sans égale, la LS460 Sport roule sur une plate-forme destinée à amortir et isoler les passagers de chaque bosse, tortillement et soubresaut sur la route, et il ne semble simplement pas exister de moyen pour éviter ce comportement. En conséquence, malgré une tenue de route prodigieuse et un minimum de roulis de la carrosserie (lorsque en mode Sport ; le mode Confort impose cependant un roulis comparable à celui de votre Yacht à moteur favori), un volant de direction vague et débranché aura vite fait de faire s’écrouler  le château de cartes. Simplement, vous n’avez aucune idée de l’emprise qui persiste et, bien que ce volant soit certainement plus rigide en conduite urbaine que le volant standard du modèle LS, ce volant ne livre pas de façon correcte en conduite vive et donne l’impression d’offrir la même résistance à 30 km/h qu’à 130 km/h.

Ce n’est pas là une bonne chose pour une marque de véhicule essayant désespérément de se distinguer en championne auprès des adeptes de voitures sport. Bien qu’il n’y ait pas de doute qu’il existe une niche pour des yachts terrestres luxueux de pleine taille, la question demeure : les gens de Lexus peuvent-ils en construire un? La réponse simple : pas encore. Bien qu’équipée d’un moteur V8 de 380 chevaux appuyé par une transmission manuelle automatisée à huit rapports (une autre caractéristique unique au modèle Sport), et dotée d’une allure vraiment impressionnante, cette voiture n’est simplement pas compétitrice face aux géants bavarois. Ayant peaufiné leur métier depuis des décennies, les Européens ont perfectionné le jumelage de la performance et du luxe; la 7-series de BMW est une voiture de conducteur fantastique et les grosses AMG-tuned S-classes de Mercedes sont susceptibles de rider la couche terrestre si elles produisent plus de puissance; la Audi S8 procure un moteur V10 incroyablement vif, dérivé de façon légitime de la Lamborghini, aux manières impeccables et d’une belle allure imposante. En ce qui me concerne, je n’ai pas encouru une voiture qui pouvait rivaliser avec le niveau de raffinement, de confort et de luxe du modèle LS standard.

Je suis quelque peu déçu de la décision des gens de Lexus de poursuivre leur incursion dans le marché de la performance dans une gamme de produits qui est facilement leur plus forte et leur plus sûre. En ratant tout simplement l’occasion d’apposer une étiquette sport à ce véhicule, les gens de Lexus ont modifié le but de cette voiture du fait de procurer aux acheteurs la voiture la plus luxueuse possible au fait de donner à ses clients la plus luxueuse voiture sport possible : à ce titre, la LS460 Sport ne réalise pas le succès escompté. Assurément, cette voiture est aussi raffinée et confortable que la LS460 standard, mais elle ne relève pas le défi de ce que la désignation Sport signifie. Procurant aux acheteurs une valeur supérieure sans compromis, la LS460 et la LS600h sont déjà des produits dignes de mention orientés vers le luxe qui se sont démarqués de façon unique dans un marché saturé de berlines sport de luxe.

Mais encore, s’il vous faut simplement posséder le produit Toyota équipé des meilleurs freins sur le marché, pour quelque raison que ce soit, ne cherchez pas plus loin.

Fiche d'évaluation
Modèle à l'essai Lexus LS 2010
Version à l'essai 460
Fourchette de prix 82 900 $ – 112 400 $
Prix du modèle à l'essai 94 550 $
Garantie de base 4 ans/80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur 6 ans/110 000 km
Consommation (ville/route/observée) 12,9 / 8,2 / 14,3 L/100km
Options n.d.
Modèles concurrents Audi A8, BMW Série 7, Jaguar XJ, Mercedes-Benz Classe S
Points forts
  • Style
  • Qualité
  • Rafinement
  • Confort
Points faibles
  • Pas les performancse d'une véritable sportive
Fiche d'appréciation
Consommation 3.5/5
Valeur subjective 2.5/5
Esthétique 4.0/5
Confort 5.0/5
Performances 3.0/5
Appréciation générale 4.0/5
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