Un outil de garagiste détourné par les voleurs
Les gadgets pour programmer les clés de voiture comme celui que nous avons utilisé devraient être interdits à la vente libre, selon des acteurs de l’industrie.
« Ils sont présentés comme des outils de réparation de véhicules, mais dans les faits, on sait qu’ils sont utilisés par des criminels. Ça ne peut plus continuer comme ça », soutient Brian Kingston, président et PDG de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules.
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Comme nous l’avions démontré, un voleur n’a qu’à se rendre sur Amazon ou dans une quincaillerie pour acheter un outil de programmation de clé, sans avoir à présenter de justification.
De tels appareils permettent de voler « environ 95% des véhicules sur le marché », affirme Philippe Breault, propriétaire de Clés Autos Mobiles PB, sur la Rive-Sud.
« On devrait minimalement avoir à prouver qu’on est un serrurier ou qu’on travaille dans un atelier mécanique pour pouvoir en acheter », juge le mécanicien de formation.
L’Association canadienne des chefs de police s’est aussi positionnée en faveur de « la restriction de la vente d’outils utilisés pour neutraliser les systèmes antivol » dans une présentation faite au Comité permanent de la sécurité publique plus tôt cette année.
Mauvaise cibleAu printemps dernier, le gouvernement fédéral a annoncé sa volonté d’interdire certains appareils dans le cadre de son Plan d’action national pour lutter contre le vol de véhicules.
Le ministre de l’Innovation avait donné en exemple le Flipper Zero, qui peut servir à copier des cartes d’accès, mais pas à voler des voitures récentes.
« La seule façon de voler une voiture avec un Flipper, c’est de casser la vitre avec », dit Patrick Mathieu, co-fondateur du festival Hackfest.
Le ministère a mené des consultations cet été et n’a pas encore déterminé quels appareils seront finalement réglementés. Il a refusé de confirmer que les programmeurs de clés seront concernés.
Dans tous les cas, Patrick Mathieu est très critique de l’interdiction d’appareils mur-à-mur, étant donné qu’ils peuvent de toute façon être recréés à partir de pièces électroniques.
La compagnie Autel, qui fabrique des programmateurs de clés, affirme pour sa part être en dialogue avec les autorités au sujet du détournement de ses appareils à des fins illégales.
« Nous explorons aussi des solutions, comme la coopération avec des tierces parties qui pourraient fournir un service d’accréditation », écrit une porte-parole du fabricant chinois, en réponse à nos questions.
Outil de programmation de clés
600 $
Utilisé par les garagistes, les serruriers et les mécaniciens
Souvent retrouvés lors de perquisitions en lien avec le vol de voiture
En vente libre
Flipper Zero
400 $
Utilisé par les pirates informatiques et les consultants en cybersécurité
À peu près jamais retrouvés lors de perquisitions en lien avec le vol de voitures
Dans la mire du fédéral