Le déclin de l’industrie automobile canadienne s’est poursuivi en 2024
La menace du président américain nouvellement élu Donal Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25% sur tous les produits importés des deux pays voisins des États-Unis soulève bien des enjeux. Elle donne aussi l’occasion de voir que l’industrie automobile canadienne a perdu du poids dans la balance commerciale de même qu’au niveau domestique depuis dix ans.
C’est entre autres ce que fait valoir un groupe de réflexion canadien, Trillium Network for Advanced Manufacturing (TNAM), dans un rapport publié récemment.
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Il s’est construit en 2014 près de 2,4 millions de véhicules au pays, mais seulement 1,5 million en 2023. Ce nombre devrait chuter à environ 1,3 million au terme de l’année 2024, principalement parce que plusieurs usines ontariennes n’opèrent pas à leur pleine capacité ou qu’elles ont perdu des produits. Pensons à Oakville (Ford Edge, Lincoln Nautilus) ou encore à Brampton (Dodge Charger et Challenger, Chrysler 300).
Si le pourcentage des véhicules de fabrication canadienne exportés aux États-Unis (en termes de valeur) a augmenté de 84 à 88% dans les dix dernières années, celui des véhicules qui sont restés au Canada a baissé de 14 à 9%. La Chine représente maintenant 1%, tandis que le Mexique et le reste du monde jouent un rôle négligeable.
Autrement dit, nos exportations canadiennes de véhicules sont devenues extrêmement dépendantes des États-Unis, fait remarquer TNAM. Nonobstant les tarifs douaniers, elles pourraient le devenir encore plus dans les prochaines années, par exemple avec l’ajout de camionnettes Ford Super Duty à l’usine d’Oakville, de la Dodge Charger électrique à Windsor et du prochain Jeep Compass à Brampton.
Consolation : l’industrie des pièces automobiles au Canada est plus forte qu’en 2014, passant de 8 milliards $ à plus de 10 milliards $ et de 70 000 à 80 000 travailleurs environ. Plus de 43% de ces pièces (encore une fois en termes de valeur) servent à fabriquer des véhicules au Canada, en légère hausse par rapport à une décennie plus tôt.
Plus de « Hecho en Mexico »
Qu’en est-il des importations? Les données nous montrent que la moitié des véhicules vendus au Canada en 2023 provenaient des États-Unis, comparativement à 55% en 2014.
Mais attendez : les véhicules de fabrication mexicaine représentent aujourd’hui 15% des ventes au pays, au lieu de 12% il y a dix ans, ce qui signifie que les Canadiens achètent plus de véhicules importés du Mexique que produits ici-même au Canada. On parle notamment de grosses camionnettes et de VUS de luxe. Voyez la liste complète ici.
Les véhicules construits au Canada sont surtout des modèles grand public vendus à des prix plus abordables, comme le Toyota RAV4 ainsi que les Honda CR-V et Honda Civic.