Suspension du programme Roulez vert : consternation chez les concessionnaires
En temps normal, le mois de janvier est la période la plus calme de l’année pour les concessionnaires automobiles, ce qui ne sera pas le cas en 2025 s’ils ne veulent pas être pris avec une cour pleine de voitures électriques.
« Il va y avoir beaucoup de volume dans les salles de montre en janvier », prédit François Duquette, président de Saint-Jean Hyundai, en Montérégie.
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La suspension du programme Roulez vert, le 1er février prochain, chamboule le plan d’affaires des concessionnaires pour 2025. La subvention de 7000 $ offerte par Québec actuellement pour l’achat d’un véhicule électrique neuf va passer à 4000 $ en janvier puis à 0 $ en février.
Dès l’annonce, en mars, de la diminution à 4000 $, les ventes ont explosé au Québec. Juste pendant juillet, août et septembre, la SAAQ a immatriculé 40 763 véhicules à émission zéro neufs, soit plus que dans tout le reste du Canada (34 873).
L’annonce, lundi soir, de la suspension de la subvention dès le 1er février va freiner cet élan, pense Jacques Olivier, dont le Groupe Olivier possède 19 concessionnaires de différentes marques au Québec.
« On a reçu des modèles qui étaient destinés à l’Ouest du pays pour répondre à la demande », raconte l’homme d’affaires. Ses cours sont pleines de véhicules électriques.
Les constructeurs ont réagi à la course vers le 31 décembre en redirigeant le volume au Québec. Maintenant, les concessionnaires devront composer avec une chute de la demande à cause de la fin des subventions.
« Plus j’ai de voitures en inventaire, plus ça me coûte cher en intérêt pour le financer », résume Jacques Olivier.
Mardi, chez Saint-Jean Hyundai, François Duquette attendait les instructions du constructeur et pensait déjà aux « offensives de janvier pour attirer les clients avec de meilleures promotions » afin d’écouler les stocks.
Surprise et colère
Ces cours pleines de voitures qui ne seront temporairement plus subventionnées par Québec pourraient coûter cher, avertit la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ).
« Tous les concessionnaires payent leur inventaire et le financent, ils payent des intérêts sur ce qu’on trouve dans leurs cours », explique le président de l’organisme, Ian P. Sam Yue Chi.
La CCAQ a appris la suspension du programme de façon inattendue, lundi soir, et constate se faire « lâcher sans avertissement » par Québec.
« On respecte notre partie du contrat, on a une diversité de modèles, on a de l’inventaire, on est préparés pour les présenter au public et on tient à ce que le gouvernement respecte ses propres engagements dans cette transition », lance Ian P. Sam Yue Chi.
Comme la fin de la subvention est prévue pour 2027, des discussions sont déjà en cours afin de voir comment Roulez vert pourrait servir aux premiers acquéreurs ou aux familles à faibles revenus, par exemple.
Adaptation
La surprise a plutôt été de voir Québec suspendre le programme en raison du manque de fonds, comme si la transition vers la voiture électrique fonctionnait trop bien, que le programme de subventions était trop populaire.
« L’argent du programme Roulez vert vient de l’ancien Fonds vert, qui est très bien capitalisé », souligne la CCAQ.
Dans Lanaudière, à Rawdon, la famille Bourgeois, qui possède un concessionnaire Chevrolet, n’est pas surprise de voir Québec fermer les vannes des subventions pour les voitures électriques.
« On ne va pas arrêter d’en vendre, on s’y attendait », dit une des propriétaires, Christine Bourgeois.
Les manufacturiers vont s’adapter à la fin des subventions, assure-t-elle, comme vont aussi le faire les concessionnaires.