Crédit fédéral pour véhicules électriques : c'est terminé!
Nous avons appris que le Programme iVZE du gouvernement fédéral qui octroie actuellement jusqu’à 5 000 $ de crédit pour l’achat d’un véhicule électrique admissible prendrait fin le 31 mars 2025. Peut-être même avant si les coffres sont vides, indique-t-on dans un courriel acheminé un peu plus tôt aujourd’hui aux concessionnaires automobiles canadiens. La forte demande pour les véhicules électriques explique ce retrait, indique Transports Canada, qui informera les concessionnaires le plus rapidement possible si la date de retrait officielle devait être devancée.
À noter que la fin de ce programme n’indique pas celui du programme concernant les crédits pour poids moyens et véhicules lourds, mais uniquement les véhicules de promenade. Cela dit, des mises à jour informatives seront publiées sur le site de Transports Canada afin d’informer les consommateurs sur la marche à suivre pour obtenir d’ici là les crédits auxquels ils ont droit.
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette annonce risque de faire très mal à l’industrie. Une industrie qui n’a comme seule consolation de l’apprendre un peu d’avance, à l’inverse du provincial, qui n'a donné qu’à peine six semaines de délai de grâce aux concessionnaires québécois (incluant la période du temps des fêtes). Bien sûr, il aurait fallu se mettre la tête dans le sable pour ne pas l’anticiper, mais on aurait pu s’attendre à un retrait progressif, ou même à ce que le prochain budget fédéral soit déposé avant que l’annonce ne soit faite.
Rappelons ainsi que le gouvernement du Québec a annoncé le 16 décembre dernier que le Programme Roulez Vert serait « temporairement » suspendu dès le 1er février 2025, éliminant ainsi le crédit de 4 000 $ actuellement offert par Québec pour l’achat d’un véhicule électrique. Le ministre Charette avait toutefois laissé sous-entendre lors de cette annonce qu’on pourrait ramener les crédits lors de l’annonce du prochain budget provincial, donc vers le mois d’avril. Cet énoncé maladroit allait donc mettre une pression énorme sur l’industrie qui apprenait alors qu’on ne vendrait pratiquement plus de véhicules électriques dès le 1er février, les consommateurs espérant peut-être retrouver ce crédit de 4 000 $ dès avril.
Or, avec l’annonce d’aujourd’hui, les consommateurs savent qu’il n’y a plus de possibilité future de retrouver le 9 000 $ actuellement offert, en combinant le 4 000 $ de Québec et le 5 000 $ d’Ottawa. Et puis, en considérant que le Programme Roulez Vert pourrait aussi ne pas revenir, cela signifierait que dès le 1er avril, il n’y aurait plus aucune forme d’incitatif pour l’achat d’un véhicule électrique. Dans ce cas, achèteriez-vous une Fiat 500e à 42 000 $? Un Nissan Ariya à 65 000 $? Ou même, un Chevrolet Equinox EV de base à 49 000 $ ? Soyez-en certains, une majorité de convaincus n’auront plus envie de changer de véhicule.
Inutile de vous dire que les concessionnaires du pays tout entier iront mollo sur les commandes de véhicules électriques dans les prochaines semaines. Du moins, jusqu’à ce que les constructeurs aient trouvé une solution pour que ces véhicules conservent une certaine popularité, ce qui passera inévitablement par une baisse de prix. En revanche, il est possible que les concessionnaires soient soudainement intéressés à reprendre votre véhicule électrique en échange, et pour un prix peut-être plus élevé que ce que vous auriez pu anticiper.
Et pour cause, la hausse certaine de la valeur des VÉ d’occasion, engendrée par la hausse de prix des modèles neufs. Ainsi, une Chevrolet Bolt EV 2023 qu’on vend actuellement à plus ou moins 27 000 $ pourrait voir sa valeur rapidement grimper au-delà des 30 000 $. Parce que le coût d’acquisition d’un Equinox EV pourrait grimper de 9 000 $ et parce que les concessionnaires auront du mal à se réajuster rapidement.
Il faut comprendre qu’encore une fois, les plans stratégiques des constructeurs se décident des mois, voire des années d’avance. Il est donc très difficile de s’ajuster en quelques semaines face à la décision des gouvernements, qui surviennent pratiquement du jour au lendemain. Évidemment, certains constructeurs ont déjà joué leurs pions d’avance, sachant que la fête ne durerait pas éternellement. Toutefois, ne vous imaginez pas qu’on vendra en 2025 plus de véhicules électriques qu’en 2024. Cette progression marquée qui a vivement été publicisée par le ministre de l’Environnement et par des organismes comme Mobilité Électrique Canada est bel et bien terminée.
Reste donc à voir si la clientèle qui a massivement adopté la voiture électrique continuera sur cette lancée. Certains pourraient reculer pour revenir à un modèle à essence, sinon adopter l’hybride rechargeable. Et pour d’autres, la question ne se posera même pas. Parce que peu importe le prix, plusieurs électromobilistes ne reviendront pas à l’essence.
Chose certaine, les prochaines semaines risquent d’être mouvementées chez les concessionnaires. Parce qu’au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que 20 jours avant la fin du Programme Roulez Vert, ce qui signifie 20 jours pour l’obtention de 9 000 $ de crédit. On se battra aux portes des concessionnaires, qui auraient d’ailleurs tout intérêt à ouvrir 7 jours sur 7, d’ici là ! Ainsi, une autre preuve que le marché automobile ne cesse de nous surprendre !