Festival des annulations...

Publié le 14 janvier 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

Et voilà. C’est fait. Le fédéral a lui aussi mis un terme aux crédits pour véhicules électriques. De façon assez cavalière d’ailleurs, puisqu’après avoir annoncé vendredi dernier la fin de programme pour le 31 mars (en glissant subtilement le message d’une possibilité d’arrêt avant échéance si les fonds étaient épuisés), nous avons appris dès le lundi suivant que c’était la fin.

Cela signifie donc qu’au 1er février, les crédits pour véhicules électriques tant du côté fédéral que provincial seront officiellement abolis. Et quant aux possibilités de partiellement les retrouver en avril du côté de Québec lors du dépôt du prochain budget, disons qu’elles sont minces. Très minces.

Rappelons qu’en annonçant l’abolition « possiblement temporaire » des crédits provinciaux le 16 décembre dernier, le ministre de l’Environnement Benoît Charette laissait sous-entendre la possibilité d’un retour en avril, mettant ainsi les concessionnaires en furie. Et pour cause, pour ces derniers c'était l’assurance de ne pratiquement rien vendre dès le 1er février, parce que les futurs consommateurs allaient patienter jusqu’en avril pour attendre le possible retour d’un quelconque rabais.

Les concessionnaires qui étaient heureux de pouvoir profiter d’un délai plus raisonnable de la part du fédéral avant la fin des crédits ont eu droit à une sérieuse douche froide. Non seulement ont-ils appris que l’attribution des crédits cessait de façon instantanée et sans délai de grâce, mais ils ont aussi compris qu’ils allaient avoir la lourde tâche de rappeler leurs clients pour leur annoncer la triste nouvelle. Une nouvelle stipulant qu’un véhicule acheté la semaine dernière avec une demande d’obtention de crédit en cours de traitement ou sur le point d’être déposée allait coûter au final, 5 000 $ de plus.

Évidemment, les consommateurs se sont empressés de courir chez les concessionnaires ces derniers jours pour profiter du 9 000 $ de crédits restants (4 000 $ de Québec et 5 000 $ d’Ottawa), avant que le tout soit officiellement aboli. Mais pour plusieurs d’entre eux, l’admissibilité ne sera que de 4 000 $, portant ainsi le prix du véhicule dont ils rêvaient à un nouveau sommet.

Inutile de vous dire que 5 000 $ en supplément, ou 100 $ par mois sur une location ou un financement de 60 mois, constitue un grand écart, voire un trop grand écart pour plusieurs consommateurs, qui perdent donc tout intérêt pour l’achat d’un véhicule. C’est le cas de Marc-André qui, jeudi dernier, avait signé l’achat d’un Hyundai Ioniq 5 chez un concessionnaire de la Rive-Sud. Très heureux, il m’avait envoyé un message pour me remercier parce qu’il avait choisi d’en faire l’achat suite à l’écoute d’une vidéo récemment publiée sur ma chaîne YouTube, où il est question des meilleures aubaines de dernière minute dans le monde des véhicules électriques.

Ce dernier m’a toutefois réécrit dès lundi en apprenant par son concessionnaire que son achat ne serait finalement admissible au crédit de 5 000 $, même s’il avait été fait avant l’annonce du fédéral. Pourquoi? Parce que son concessionnaire n’avait pas encore traité la demande subvention. Or, même s’il l’avait faite, cette demande n’aurait pas encore été traitée par les gens responsables du programme, qui doivent chaque jour en gérer des centaines.

Photo: Hyundai

En furie, Marc-André m’a donc demandé s’il pouvait exiger de son concessionnaire qu’on lui concède malgré tout ce 5 000 $ de rabais, prétextant qu’il avait tardé à déposer la demande. Et je crois qu’il est ici important de clarifier le fait que les concessionnaires, comme les consommateurs, n’ont aucun contrôle sur l’attribution de ces crédits. Ceux-ci proviennent des gouvernements qui ne sont pas de connivence avec les concessionnaires. À preuve, l’annonce de l'abolition des rabais leur a été envoyée à peine quelques heures avant que la nouvelle ne soit officiellement publiée par les médias.

On ne peut donc, de quelque façon que ce soit, reprocher aux concessionnaires le refus d’une admissibilité aux crédits, même si l’achat du véhicule a été fait il y a plus d’une semaine. Si la demande n’a pas été traitée à temps pour les responsables du programme, les jeux sont faits. Cela étant dit, Marc-André a conséquemment choisi d’annuler sa commande auprès de son concessionnaire Hyundai. Et ce sera le cas de centaines d’acheteurs de Chevrolet Equinox EV, de Nissan Ariya, de Toyota bZ4X et de Volkswagen ID.4, qui n’y verront plus le même intérêt.

Photo: Guillaume Rivard

Les consommateurs comme l’industrie automobile sont donc en beau fusil. Et les ventes de véhicules électriques pour 2025 risquent de ne représenter au pays qu’une très mince proportion de ce qu’elles ont été en 2024. Parce que même si les objectifs futurs des gouvernements ne changent pas, les consommateurs ne suivront assurément plus la parade. Et pour cause, un Hyundai Kona électrique à équipement équivalent coûtant dès le 1er février 18 000 $ de plus qu’une version à essence, alors que le prix d’un Equinox EV est de son côté de 16 000 $ supérieur à celui de son équivalent à moteur à 4 cylindres. On a beau être soucieux de l’environnement, rares sont ceux qui poursuivront dans cette voie.

Est-ce que les constructeurs seront contraints de baisser le prix de leurs VÉ? Est-ce qu’on ajustera aussi à la hausse le prix des modèles à essence pour réduire l’écart? Et est-ce que pour atteindre leurs objectifs, les gouvernements choisiront plutôt d’imposer une taxe sur les modèles à essence comme on le fait du côté de l’Europe? Beaucoup de questions sont en suspens. Mais soyez-en certains, au final, c’est le consommateur qui en paiera la note.

À voir aussi : les véhicules électriques avec la meilleure autonomie en 2025

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