Les États-Unis veulent sortir l’industrie automobile de sa dépendance à la Chine

Publié le 15 janvier 2025 dans Actualité par AFP

Le gouvernement américain sortant a fait un pas de plus pour imposer à l’industrie automobile de sortir de sa dépendance aux pièces détachées et logiciels chinois et russes, en interdisant progressivement la vente de véhicules intégrant ces produits sur le territoire américain.

À compter du 1er janvier 2027 pour les logiciels, et du 1er janvier 2029 pour les équipements, il sera impossible pour un constructeur de proposer à la vente aux États-Unis des automobiles intégrants ces produits.

Les mêmes interdictions avaient déjà été prises en septembre dernier, s’agissant des voitures électriques chinoises, et à nouveau Washington justifie sa décision par des considérations de sécurité nationale.

« Les voitures ne sont plus simplement de l’acier sur roues, ce sont des ordinateurs. Elles ont des caméras, des micros, des dispositifs GPS et d’autres technologies connectées à internet », a justifié la secrétaire au Commerce sortante, Gina Raimondo.

Photo: Adobe Stock/aimanasrn

« Avec cette décision, le département du Commerce met en place les règles nécessaires à la protection de la vie privée des Américains et de la sécurité nationale, en tenant à l’écart nos adversaires et leur capacité à manipuler ces technologies pour avoir accès à des informations sensibles », a-t-elle ajouté.

Selon un communiqué de la Maison-Blanche, les véhicules connectés donnent désormais accès à « une masse importante de données sensibles, allant de la géolocalisation à des enregistrements audios et vidéo, ainsi que de l’analyse comportementale » des propriétaires de ces véhicules.

Concrètement, les nouvelles règles imposent aux constructeurs automobiles de se passer de tout équipement ou logiciel provenant de fournisseurs « ayant un lien suffisant avec la Chine ou la Russie ».

Une interdiction qui ne s’impose qu’aux véhicules particuliers, le département du Commerce estimant que la chaîne d’approvisionnement pour les bus et camions est plus complexe.

Photo: Adobe Stock/AlinStock

« Des règles spécifiques seront précisées dans un avenir proche » pour ces véhicules, dit le communiqué.

« La Chine tente de dominer le futur de l’industrie automobile, mais les véhicules connectés intégrant des logiciels et équipements provenant d’adversaires étrangers pourraient exposer les Américains à une utilisation maligne de leurs données sensibles », a souligné la principale conseillère économique de la Maison-Blanche, Lael Brainard, également citée.

« Nous ne devons pas délocaliser l’IA » 

Pour l’heure, aucune voiture connectée chinoise n’est vendue aux États-Unis. BYD vend des autobus en Californie, qui ne sont pas concernés par l’interdiction.

Certains constructeurs occidentaux, comme Volvo, groupe suédois, mais contrôlé par la société chinoise Geely, Polestar, Buick (groupe GM) ou Lincoln (filiale de Ford) y vendent des voitures fabriquées en Chine.

Photo: BYD

Le fabricant américain Tesla produit par ailleurs en Chine des véhicules électriques destinés à l’exportation.

L’électronique est de plus en plus intégrée aux voitures modernes et la plupart des véhicules sont aujourd’hui connectés à internet par le biais d’un système de navigation.

L’émergence des logiciels d’assistance à la conduite et de conduite autonome renforce encore le risque d’interventions extérieures non souhaitées dans le contrôle d’une automobile en circulation.

Photo: Tesla

Cette interdiction intervient au lendemain d’un renforcement des contrôles pour exporter vers la Chine des puces sophistiquées nécessaires notamment au développement de l’intelligence artificielle (IA).

Lundi, le président sortant Joe Biden a appelé son successeur Donald Trump à éviter de « laisser la domination de l’IA à la Chine ».

« Nous ne devons pas délocaliser l’IA, comme nous avons pu le faire avec les semiconducteurs et d’autres technologies essentielles », a-t-il déclaré au Département d’État : « nous sommes en tête et nous devons le rester ».

Une décision critiquée par Pékin, mais aussi par les industriels américains, qui souhaitent exporter plus facilement leurs produits.

Photo: Volvo

Sur l’ensemble de son mandat, M. Biden a fortement restreint les possibilités d’exporter vers la Chine un certain nombre de produits technologiques américains, tout en imposant des droits de douane supplémentaires sur des produits entrant aux États-Unis, une approche qui se voulait « ciblée ».

M. Trump, de retour à la Maison-Blanche le 20 janvier, a déjà annoncé vouloir imposer des droits de douane sur l’ensemble des produits entrant aux États-Unis, avec une surcote pour ceux provenant de Chine, qui pourraient être taxés entre 60 % et 100 % de leur valeur.

À voir : qui profitera réellement de la surtaxe de 100% sur les VÉ assemblés en Chine ?

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