Land Rover Defender OCTA : on a roulé sur la lune
Le Defender. Le plus vendu des véhicules de la grande famille JLR, et celui qui depuis maintenant cinq ans gagne sans cesse en popularité. Une situation rare dans l’industrie, alors que les modèles perdent normalement du terrain à mesure qu’ils vieillissent. Or, les stratèges de Land Rover ont ici réussi à créer un véhicule original sur le plan esthétique, et dont la personnalité est si forte qu’elle séduit de plus en plus d’acheteurs. Et parce que l’imagination des ingénieurs n’a pratiquement aucune limite, ceux-ci parviennent à en multiplier les versions.
De ce fait, la gamme comporte aujourd’hui pas moins de cinq motorisations (sans compter celles qui sont proposées ailleurs dans le monde), ainsi que trois longueurs d’empattement. Également, pas moins de sept niveaux de finition, incluant une version Outbound du Defender 130, exempte de fenestration arrière. Et ça ne s’arrêtera pas là!
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En discutant avec Marc Cameron, directeur de la marque Defender, il a été question d’études sérieuses concernant le retour d’un modèle décapotable, et même d’un « bébé » Defender qui pourrait voir le jour d’ici quelques années. En quelque sorte, l’équivalent de l’Evoque pour la gamme Range Rover, mais à la sauce Defender. Quoi qu’il en soit, pour l’heure, le constructeur se concentre sur l’arrivée imminente du Defender OCTA. Le plus puissant jamais produit, repoussant ainsi les limites de la performance en conduite hors route.

L’idée du OCTA planait depuis longtemps, nous a mentionné M. Cameron, qui insiste sur l’importance de ne pas dénaturer le Defender. Monter en gamme avec des modèles onéreux est évidemment logique, mais il n’est pas question ici d’un processus d’embourgeoisement. De toute manière, le Range Rover remplit aujourd’hui très bien ce rôle, constituant lui aussi un produit en hausse de popularité. L’intérêt de cette mouture repose donc sur les performances, peu importe la définition que vous en faites. Et pour nous prouver à quel point ce véhicule est à la hauteur des prétentions du constructeur, nous avons été conviés à un essai pour le moins intensif, dans un environnement réunissant toutes les conditions. Ou presque, parce que la neige se fait plutôt rare à cette période de l’année, en Afrique du Sud!
Formule tout inclus
Les véhicules mis à l’essai étaient des modèles Edition 1, arborant une peinture verdâtre au fini satiné. Si vous tombez sous leur charme, sachez hélas qu’ils sont déjà tous vendus. Land Rover n’en aura produit que 2 000 à l’échelle planétaire, suivi de 2 000 autres versions « ordinaires » de l’OCTA, cette fois disponibles en gris ou en couleur cuivre. Des options? Très peu, si ce n’est qu’un choix de jantes et de teintes intérieures. Parce que l’OCTA vous sert une formule tout inclus, à laquelle peuvent se greffer une multitude d’accessoires offerts en concession.
L’OCTA, dont le nom s’inspire de la forme octaédrale du diamant (la pierre la plus précieuse), affiche néanmoins une esthétique subtile, s’adressant ainsi aux connaisseurs. Un véhicule sans excès et sans couleur flamboyante, ne se distinguant que par ses ailes élargies, sa calandre agressive et ses jantes au dessin unique.

Également, par un ensemble de plaques de soubassement complet, histoire de bien protéger les éléments mécaniques qui pourraient subir d’importants dommages. Vous n’y retrouverez d’ailleurs aucune inscription à l’effigie du modèle, exception faite d’un discret petit emblème apposé sur le pilier C. Un VUS qui, par sa subtilité, rebute ceux qui ont soif d’attention, mais qui attire en revanche les puristes.
Ces derniers seront en mesure d’apprécier encore une fois les minces changements esthétiques apportés à l’habitacle, mais surtout l’apport de sièges plus enveloppants et au design plus sportif, lesquels sont recouverts de cuir et d’un tissu ultrarésistant appelé Kvadrat. Du reste, l’habitacle abrite essentiellement la même chose que celui des modèles plus largement diffusés, incluant toutefois une multitude d’options de confort allant du toit panoramique ou d’un réceptacle réfrigérant, aux sièges avec fonction de massage, sans oublier l’effet d’un caisson de basses intégré au dossier.

Bien plus que 626 chevaux!
Alors oui, le Defender OCTA fait appel à un V8 biturbo avec hybridation légère d’origine BMW :626 chevaux et 590 lb-pi de couple, avec pour résultat des accélérations foudroyantes et une souplesse remarquable, doublée d’une réactivité instantanée. Une mécanique exceptionnelle, empruntée au Range Rover SV, mais qui prend ici tout son sens, bien qu’il puisse sembler superflu de générer autant de puissance. Il est vrai qu’un 0 à 100 km/h en 4 secondes n'est pas nécessaire pour un véhicule de cette vocation. Il est aussi vrai qu’un V8 pèse lourd et qu’il peut déséquilibrer la caisse. Parlez-en aux propriétaires de Jeep Wrangler 392, qui n’obtiennent pas l’agilité ou la finesse d’un 4xe en situation de conduite hors route.
Cela dit, les ingénieurs attitrés aux Defender n’ont pas fait que lui greffer une puissante mécanique. Ils ont aussi repensé la géométrie de suspension, élargissant les voies de 68 mm et combinant l’efficacité d’amortisseurs hydrauliques variables, de ressorts pneumatiques et de barres stabilisatrices débrayables. Cette technologie associée à la grande solidité des autres éléments suspenseurs, permet de stabiliser la caisse, d’en réduire le roulis, ou d’offrir au besoin un maximum de débattement. Les angles d’attaque et de sortie (40 et 42 degrés) sont d’ailleurs exceptionnels, donnant presque l’impression de pouvoir grimper un mur.

Lorsque relevée au maximum, la suspension se veut 28 mm plus haute que dans les autres déclinaisons, permettant de franchir des obstacles quasi inimaginables. Cependant, la beauté de cette technologie réside dans le confort et la stabilité ressentie sur la route, et ce, malgré les pneus GoodYear Wrangler conçus pour affronter les pires situations. Des pneus qui peuvent toutefois être troqués contre des BF Goodrich un tantinet moins bruyants et mieux adaptés à la route, ou sur la version de base, contre des Michelin Primacy sur des jantes de 22 pouces.
670 kilomètres… et un peu d’asphalte!
Une véritable aventure nous attendait à la sortie de l’hôtel, où nous (journalistes) avons pris possession de nos véhicules respectifs. Un tracé de 670 kilomètres nous attendait, ce dernier étant composé d’au moins 300 kilomètres de routes de gravier sérieusement accidentées, de crevasses, de sable meuble, de boue et de rochers à escalader. Un tracé que seuls quelques véhicules de série auraient pu emprunter, tels les Wrangler, Bronco et Ineos Grenadier de ce monde. Évidemment, jamais sans une telle aisance, puisque la puissance et la très grande efficacité des pneus et des suspensions allaient nous donner l’impression que c’était presque un jeu d’enfant, alors qu’il n’en était rien.
Il faut dire que le Defender OCTA est doté de huit modes de conduite hors route, incluant des modes Sable/Roche/Neige et Gravier, permettant justement de modifier la réponse de l’accélérateur, l’amortissement, la gestion et la distribution de la puissance, la hauteur de caisse et plus encore. Un mode OCTA axé sur la performance est aussi ajouté au menu et facilement accessible via un bouton placé à la base du volant. Vous aurez en outre accès à divers modes de conduite sur route, incluant un mode Remorquage (capacité maximale de 8 200 lb) et à un mode Dynamique où le vrombissement du V8 est plus prononcé.

Multidisciplinaire, il est difficile de pointer l’aspect le plus impressionnant de ce VUS. Cet engin ne craint pas le sable très meuble, les fortes déclinaisons, les inclinaisons de caisse ou les mauvais traitements. Tel un athlète olympique, il mord à tout type de surface sans jamais souffrir de surmenage. Une mécanique non seulement remarquable, mais greffée à une caisse d’une extrême rigidité. Naturellement, vous aurez compris que le Defender OCTA brûle beaucoup d’essence, parce que même en conduite normale, vous peinerez à rouler sous les 15 L/100 km.
Au fil des kilomètres, les ingénieurs nous communiquaient certaines informations via une radio émettrice, nous suggérant aussi le passage de divers modes de conduite pour en découvrir les bénéfices. Un exercice on ne peut plus pertinent puisque trop souvent, les véhicules intégrant ce genre de technologie donnent l’impression d’en offrir plus que nécessaire. Or, la gestion électronique des divers éléments incluant même une variation dans la démultiplication de la direction (unique à ce modèle) allait nous prouver qu’en apprivoisant ces divers modes, on se retrouve au volant d’un véhicule aux multiples talents. Un VUS capable de procurer le confort d’un véhicule de luxe, de travailler tel un ouvrier de chantier ou d’affronter les routes et sentiers que vous ne retrouverez pas sur une carte de navigation.

Conduite à droite
Les modèles mis à l’essai étaient bien sûr dotés de la conduite à droite, puisqu’en Afrique du Sud, la circulation est en sens inverse. Un aspect qui ajoute au dépaysement des routes et sentiers où nous avons circulé, et où nous avons pu apercevoir des paysages féériques de même que des antilopes, des zèbres et des babouins.

Nos poussiéreux véhicules ont aussi traversé de minuscules villages, où jouaient en bord de route des enfants en bas âge qui, sans exception, nous ont tous salués. C’était fort sympathique. S’immobiliser n’était pas toujours facile, puisque nous circulions en convoi, avec une certaine distance afin que nous ne soyons pas aveuglés par le nuage de poussière causé par le véhicule précédent.
L’impression d’invincibilité que nous procuraient ces Defender était donc unanime auprès des journalistes, fascinés par les prouesses mécaniques et la robustesse de ces camions. Cela dit, la complexité d’utilisation de certaines commandes demeurait un irritant. Cela n’est évidemment pas propre à l’OCTA, mais se faisait davantage remarquer alors qu’il était primordial de se concentrer sur la route… ou du moins, sur ce qui se trouvait devant.

Et puis, de temps à autre, il nous arrivait de penser à la facture indécente de ce camion qui, en incluant les frais de transport/préparation et la taxe de luxe canadienne, avoisine les 215 000 $. Un montant injustifiable face à celui d’un modèle ordinaire équipé d’un six cylindres de 395 chevaux. Pourtant, plusieurs personnes accepteront sans équivoque de débourser cette somme parce qu’il n’existe aucun autre VUS du genre sur le marché, sauf peut-être le Mercedes-AMG G63, encore plus coûteux, et qui n’a pas le talent et les aptitudes de notre prétendant.
D’ailleurs, il peut être dangereux de le mettre à l’essai si vous avez déjà un Defender en tête. Parce que vous pourriez soudainement craquer et vous lancer… sans compter. Une formule qui réussira encore une fois à Land Rover, comme en fait foi le nombre de Range Rover vendus au-delà des 250 000 $.
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Fiche d'évaluation | |
Modèle à l'essai | Land Rover Defender 2025 |
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Version à l'essai | 110 OCTA Edition One |
Fourchette de prix | 72 700 $ – 191 000 $ |
Prix du modèle à l'essai | CA$191,000 |
Garantie de base | 4 ans/80 000 km |
Garantie du groupe motopropulseur | 4 ans/80 000 km |
Consommation (ville/route/observée) | 16.0 / 13.3 / n.d. L/100km |
Options | n.d. |
Modèles concurrents | Acura MDX, Audi Q7, Audi Q8, BMW X5, BMW X6, Buick Enclave, Cadillac XT6, Genesis GV80, Infiniti QX60, Land Rover Discovery, Lexus GX, Lexus RX, Lincoln Aviator, Lincoln Nautilus, Mercedes-Benz Classe G, Mercedes-Benz GLE, Porsche Cayenne, Volvo XC90 |
Points forts |
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Points faibles |
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Fiche d'appréciation | |
Consommation | Un des VUS les plus énergivores du marché. Voilà qui dit tout. |
Confort | Le confort ne pourrait être supérieur qu'avec des pneumatiques moins agressifs, ce que l'on peut obtenir. |
Performances | Les accélérations sont foudroyantes, tout comme les reprises. |
Système multimédia | Bien que très moderne, le système multimédia comme l'instrumentation implique une complexité inutile au chapitre des commandes. |
Agrément de conduite | Un VUS agréable et toute situation. Et sa direction permet malgré son poids d'obtenir de superbes sensations de conduite. |
Appréciation générale | Le plus talentueux des VUS de haute performance, parce que peu importe l'environnement, il impressionne. |