La Nissan Leaf que vous ne voulez pas...

Publié le 4 février 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

C’était en octobre 2024. Transport Canada émettait un rappel (# R24B2) suite à la découverte d’une importante anomalie sur la batterie haute tension de la Nissan Leaf. En somme, un problème de surchauffe de la batterie lorsque le véhicule est alimenté sur une borne rapide de niveau 3, pouvant ainsi provoquer un incendie. Au Canada, 5 501 véhicules (tous fabriqués à l’usine de Smyrna au Tennessee) sont touchés par ce rappel, alors que sur le territoire américain, on parle d’un peu moins de 24 000 unités.

Le problème n’est toujours pas réglé et les propriétaires de modèles à batterie de 40 kWh ou de batterie de 62 kWh sont en furie. D’abord, Nissan devait procéder au rappel au début du mois de novembre 2024, mais l’échéance a été repoussée. Depuis, pas de son, pas d’image. Les concessionnaires n’ont reçu aucune information quant à une date prochaine pour effectuer ce rappel.

Cette semaine, Madame Manon Fortin (propriétaire d’une Leaf 2020) m’a contacté pour me dire qu’elle se fait « niaiser » par son concessionnaire, qui n’a aucune solution pour elle. Celle-ci doit se déplacer sur de longues distances et doit obligatoirement avoir recours à une borne rapide en cours de chemin. Elle mentionne qu’en hiver, elle ne peut pas parcourir plus de 200 kilomètres sur une charge, ce qui est à peu près normal puisqu’en de parfaites conditions, une Leaf à batterie de 62 kWh peut parcourir 340 kilomètres.

Photo: Antoine Joubert

J’ai donc décidé d’écrire à Nissan Canada pour obtenir une réponse, au nom des 5 501 propriétaires canadiens de ces modèles. Et malheureusement, rien de très concret :

« Nous apprécions que Madame Fortin soit propriétaire d’une Nissan. Nissan travaille actuellement sur un plan de réparation incluant un logiciel. Initialement prévu pour novembre 2024, le correctif devrait maintenant être disponible au printemps 2025. Nissan enverra une nouvelle lettre aux clients concernés pour les informer de ce nouveau calendrier. Les clients concernés seront informés du moment où ils pourront se rendre chez leur concessionnaire Nissan agréé local pour que la mise à jour corrective soit effectuée gratuitement. Ces clients peuvent continuer à conduire leur voiture en toute sécurité, mais il leur est demandé de ne pas utiliser la charge rapide de niveau 3 jusqu’à ce que la mise à jour soit terminée ».

Ce que l’on comprend de cette réponse, c’est qu’aucune date définitive n’est établie et que le problème n’est toujours résolu. Et pendant ce temps, les propriétaires continuent d’effectuer de lourds paiements sur ces automobiles qu’ils ne peuvent utiliser adéquatement, et qui, vous l’aurez compris, sont invendables. Si encore Nissan Canada leur offrait une compensation financière ou même un véhicule électrique de courtoisie. Mais non, rien du tout!

Photo: Antoine Joubert

Voilà selon moi le genre de situation qui fait en sorte qu’un constructeur pourrait perdre un client à vie. Parce qu’entre ça et un propriétaire de Fisker Ocean qui n’a aucun recours pour réparer son véhicule, eh bien, jusqu’à ce que l’on corrige la situation, c’est du pareil au même. Certains propriétaires n’y voient pas d’inconvénient majeur parce qu’il s’agit peut-être d’un second véhicule qui ne parcourt que de courtes distances et que l’on recharge à domicile, mais pour d’autres, il n’existe pas de solutions.

Cela m’amène donc à m’interroger sur l’attrait de certains modèles dotés de technologies uniques comme la Nissan Leaf, le Ford Mustang Mach-E, la Fiat 500e ou le VinFast VF 8. Des véhicules qui ne partagent leur technologie avec aucun autre produit, et dont la carrière à long terme pourrait être compromise. Mais surtout, je me questionne sur la responsabilité d’un constructeur face à une telle situation. Parce qu’ici, on a beau être couvert par une garantie, ça ne change rien à la problématique.

Photo: Antoine Joubert

Et si le rappel soi-disant prévu pour le printemps s’étirait à l’été ou à l’automne? Inquiétant, n’est-ce pas? Ça l’est d’autant plus lorsque l’on sait que Nissan considère la Leaf actuelle comme un modèle du passé et de faible importance... Et pour cause, l’arrêt prochain de production du modèle, lequel sera remplacé par une nouvelle génération (sous forme de VUS) qui utilisera une technologie tout autre, probablement tirée de l’Ariya.

Alors, bonne chance à ces propriétaires de Nissan Leaf qui se sont fait flouer. Non pas par leurs concessionnaires, impuissants face à ce genre de situation, mais par Nissan, qui ne prend pas ses responsabilités pour satisfaire sa clientèle.

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