Une ruée chez les concessionnaires pour éviter une flambée potentielle des prix
Beaucoup de Québécois se bousculent chez les concessionnaires pour acheter leur véhicule avant l’application de coûteux tarifs douaniers.
« J’ai pris congé aujourd’hui. J’ai dit à [mon conjoint] : “On magasine la voiture, on met ça en arrière de nous”», lance Andrée Bérubé, du Centre-du-Québec. Quelques instants plus tard, la femme était l’heureuse propriétaire d’une Mitsubishi Outlander.
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« Est-ce que j’aurais acheté américain? Jamais. Il n’en était pas question. [...] [Je ne souhaite] pas encourager quelqu’un comme M. Trump, qui, lui, se fiche éperdument de tout le monde », dit-elle.

Plusieurs concessionnaires ont confirmé recevoir un nombre élevé d’appels de clients. « Les gens se pressent d’acheter leur véhicule neuf parce qu’ils savent que plus tôt que tard, les prix vont augmenter », explique Félix Diamond, chroniqueur chez AutoPassion.
En réponse aux tarifs douaniers de 25% des États-Unis sur les importations de voitures et de pièces automobiles, le gouvernement canadien a annoncé le 3 avril des contre-tarifs de 25% sur les véhicules américains qui ne respectent pas l’Accord Canada–États-Unis–Mexique. Ceux-ci entrent en vigueur aujourd’hui.

Si les prix n’ont pas systématiquement augmenté partout, c’est parce que des concessionnaires écoulent leur stock entreposé avant l’entrée en vigueur des tarifs, rappellent les marchands. « Les manufacturiers ont prévu le coup [...] Ils ont importé plus de véhicules qu’à l’habitude avant le 2 avril pour éviter que les tarifs affectent ces véhicules-là », précise M. Diamond.
L’annonce des tarifs modifie les comportements de certains consommateurs ayant l’habitude de changer de voiture au printemps ou au début de l’été. Le conjoint de Sonia Thivierge, de Drummondville, a, lui, décidé de retarder son projet de changer de véhicule. « Il voulait changer, il a un 2015 [...] On va attendre encore plus longtemps », dit-elle.
Origine des pièces
Pierre-Marc Létourneau, actionnaire chez Groupe Beaucage, propriétaire de 24 concessionnaires, remarque que pour plusieurs clients, l’important est aussi d’acheter des pièces ou des accessoires qui ne viennent pas des États-Unis. À titre d’exemple, Kia Canada, qui avait autrefois des tapis de voiture américains, s’approvisionne maintenant auprès d’un fournisseur canadien.

« On a eu un client ce matin, il ne voulait pas acheter un pneu américain. La marque du pneu, même si c’est une marque chinoise ou japonaise, ça ne fait pas fi de l’endroit de construction », dit-il. Le client en question souhaitait acheter la marque Yokohama et il est reparti bredouille.
« Une usine au Canada, une usine aux États-Unis; selon la grandeur, on n’était même pas certain [...] à quel endroit le pneu était fait », admet M. Létourneau.