Ineos Grenadier - La vraie affaire

Publié le 1er janvier 2025 dans 2025 par Hugues Gonnot

Sir Jim Ratcliffe est le patron d’Ineos, l’un des plus grands groupes pétrochimiques du monde, et, accessoirement et selon les cours de la bourse, le premier ou le second homme le plus riche d’Angleterre. Contrairement à de nombreux dirigeants d’entreprises, plus obsédés par les conseils d’administration, Sir Jim est aussi un passionné de sport (il est entre autres un actionnaire important de Manchester United) et d’aventures (escalade, voile, motocross, marathon…). L’un de ses outils de prédilection est le Land Rover original. Il aime tellement ce modèle qu’il est l’heureux propriétaire du tout premier exemplaire de l’histoire, immatriculé JUE 477, retrouvé dans un champ en piteux état et depuis restauré.

Pour lui, le 29 janvier 2016 est à marquer d’une pierre noire. C’est en effet le jour où le dernier Defender original est sorti de la chaîne de production de Solihull, en Angleterre. Et puis, Sir Jim s’est ressaisi et s’est dit qu’il y avait un trou dans le marché. Selon lui, les 4x4 actuels sont devenus trop sophistiqués, trop luxueux pour ceux qui en ont vraiment besoin. Il a lancé en 2017 le projet Grenadier, nommé d’après son pub favori, situé dans le quartier huppé de Belgravia au cœur de Londres.

Ragoût européen

Si l’inspiration et les fonds du programme sont bien anglais, le reste est un subtil mélange d’origines diverses et variées. L’ingénierie a été réalisée avec l’aide de Magna Steyr (basé en Autriche, filiale de l’équipementier canadien Magna). Le châssis est fourni par Gestamp Automacíon (compagnie espagnole, mais construction allemande), les essieux par Carraro (société italienne), les moteurs par BMW et la boîte de vitesses par ZF, deux firmes allemandes. Enfin, le tout est assemblé en France, à Hambach, dans une usine qui fabriquait les smart avant que la production ne soit délocalisée en Chine.

Les lignes du Grenadier, clairement un hommage au Defender original, sont signées par l’équipe de Toby Ecuyer. Diplômé en architecture, il a ensuite dessiné plusieurs superyachts (dont deux pour Jim Ratcliffe). Le résultat final est simple, équilibré et se passe des nombreux artifices des utilitaires modernes. Même son de cloche dans un intérieur sans fioritures, inspiré par le matériel militaire et l’aéronautique (voire les boutons sur la console de toit). Les options de confort sont limitées, il y a donc moins de calculateurs, moins de câblage et cela améliore la fiabilité.

Du neuf et du vieux

Parce que le but n’était pas de concevoir un VUS, mais un franchiseur pur et dur, les ingénieurs d’Ineos n’ont pas cherché à réinventer la roue et ont choisi ce qu’il y avait de plus robuste. Pas question de construction monocoque, le châssis en échelle est séparé. Choix anachronique de nos jours, les essieux avant et arrière sont rigides. Pour l’agrément sur route, il faudra baisser vos attentes. Pour le tout-terrain, par contre, ça va être de haut niveau. Exemple de l’attention aux capacités de franchissement : les différentiels des essieux avant et arrière sont enlignés, ce qui permet au conducteur de savoir que si l’avant passe, l’arrière passera aussi.

Le seul moteur disponible au Canada est le 6 cylindres essence B58 de BMW alors qu’un turbodiesel B57 de 249 chevaux est proposé dans d’autres pays. Les deux sont couplés à une boîte automatique à 8 rapports. Le tout est complété par un boîtier de transfert à deux rapports et un verrouillage de différentiel central de série. Mais cela ne s’arrête pas là. Selon le niveau de finition (de base, Trialmaster orienté tout-terrain hardcore ou Fieldmaster un peu plus luxueux), on peut bénéficier de série ou en option des verrouillages de différentiel avant ou arrière, de l’admission d’air surélevée (avec ou sans filtre), d’un treuil avant intégré d’une capacité de 5,5 tonnes, d’un treuil arrière amovible, d’une trousse de dépannage, d’une batterie additionnelle, d’une préparation électrique auxiliaire (4 points de sortie à haute intensité avec 4 commutateurs sur le plafonnier) et… d’une pelle!

Les premiers essais réalisés en Europe ont montré qu’il restait quelques problèmes de finition à régler. Ce qui est dommage, car le Grenadier n’est pas donné pour un engin de travail… mais la concurrence (JLR Defender et Mercedes-Benz Classe G) offre des tarifs encore plus élitistes. Ineos estime à terme produire 30 000 Grenadier par an. Nous verrons bientôt si la vision de Sir Jim s’est avérée juste.

Feu vert

Feu rouge

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