Voitures électriques : Québec pourrait revoir ses cibles à la baisse

Publié le 11 juin 2025 dans Actualité par TVA Nouvelles

L’objectif du gouvernement du Québec d’avoir deux millions de véhicules électriques sur les routes de la province d’ici 2030 n’a jamais autant été en péril, a appris TVA Nouvelles.

Il y a eu une baisse de 46% des ventes de véhicules électriques depuis le début de 2025.

Les tarifs sur l’acier et l’aluminium imposés par les États-Unis ainsi que les contestations des réglementations environnementales par l’administration Trump ont mis de l’eau dans le gaz de l’industrie et fait chuter les ventes de voitures électriques.

La fin de la subvention fédérale pour l’achat de véhicules électriques a également changé la donne.

« C’est une tempête parfaite, en quelques mois, qui nous invite à revoir un peu nos cibles, confie le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, en entrevue à TVA Nouvelles. En quelques mois, on est passé d’un marché en croissance à un marché qui est hésitant actuellement ».

Photo: Capture d'écran TVA Nouvelles

« Il n'y a plus de demande, la demande s'est évaporée, entre autres, à cause de la fin des rabais gouvernementaux autant au fédéral, puis un ralentissement au provincial », clame le copropriétaire du Groupe Saillant, Charles Saillant.

Marché en baisse

En date du 31 décembre 2024, quelque 327 000 véhicules électriques et hybrides branchables étaient en circulation dans la province, loin de la cible de deux millions fixée pour 2030.

« On constate qu'on s'attaque à un marché qui est un peu moins convaincu présentement, alors il faudra adapter le plan, parce que le plan est irréaliste et ne sera pas exécutable par les manufacturiers et les concessionnaires du Québec », affirme Ian P. Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec.

De son côté, le gouvernement Legault étudie notamment la possibilité de repousser à plus tard l’objectif de 2030, mais aussi de revoir les cibles aux constructeurs pour la période de 2026 à 2029. Québec ne ferme pas la porte non plus à la possibilité d’offrir plus de crédits d’impôt pour les voitures hybrides.

Photo: Dominic Boucher

« Ce sont toutes des questions qui se posent actuellement et on est à consulter l’industrie », indique Benoit Charette.

Québec prêt à s'adapter

Ce dernier rappelle par ailleurs que l’engagement d’avoir un parc automobile électrique de deux millions d’unités d’ici 2030 n’était pas un objectif dogmatique.

« Je l’ai répété à plusieurs reprises au cours des dernières années: on s’adapte en fonction du marché », soutient le ministre, qui estime toutefois qu’il est trop tôt pour chiffrer une nouvelle cible.

D'ici l'interdiction par le fédéral de la vente de véhicules à essence en 2035, l'industrie doit, chaque année, vendre un certain pourcentage de véhicules électriques afin d'éviter d'être pénalisée.

Photo: Dominic Boucher

« Lorsque les fabricants n'atteignent pas les cibles de la norme VZE, il y a des pénalités de 20 000 dollars par véhicule électrique non distribué sur le marché du Québec. On veut faire en sorte que les normes soient plus adaptées à la réalité du marché actuelle », mentionne le PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec, Ian P. Sam Yue Chi.

Le ministre Charette affirme être ouvert à une modification de ces normes.

« On va peut-être être la première province canadienne à faire une adaptation de son plan, donc on salue l'initiative. Maintenant, il faudra voir sur quelle cible on atterrit », souligne Ian P. Sam Yue Chi.

Et les véhicules électriques chinois?

Quant aux constructeurs chinois, rien n’est exclu, mais cette solution est qualifiée d’«arme à double tranchant» par Benoit Charette.

« Ils ont de beaux modèles qui performent bien. Cependant, ils ont une emprise sur les minéraux critiques. On ne veut pas que la Chine ait à elle seule ce pouvoir-là de dicter à la planète ses choix, en quelque sorte », explique-t-il.

Photo: Adobe Stock/Tada Images

Après des discussions avec l'industrie, le ministre de l'Environnement dévoilera ses nouvelles exigences de ventes de véhicules électriques annuelles d'ici la fin de l'été.

« On ne veut pas tarder. On veut rassurer un marché qui est drôlement inquiété par une conjoncture qui le malmène », affirme M. Charette.

À voir : [BALADO] entrevue avec Daniel Breton, président directeur général de Mobilité Électrique Canada

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