Honda S2000, casque non obligatoire
Je ne suis pas un grand motocycliste. Je suis bien capable de me débrouiller un peu, mais j’avoue ne pas être particulièrement tenté par ce mode de transport. Il y a cependant un aspect de la moto que j’apprécie chaque fois que j’ai la chance d’un piloter une, c’est la sensation de puissance et de contact que l’on éprouve quand on roule. Un peu comme si on était en étroite communion avec notre bolide, et que l’on pouvait ressentir chacun de ces changements, chacune de ses réactions. Piloter devient alors un véritable plaisir.
C’est exactement ce genre d’impression que l’on éprouve quand on se retrouve au volant d’une Honda S2000. Avec un avantage supplémentaire toutefois, puisque dans ce cas, le casque n’est pas obligatoire, et on peut se laisser aller, cheveux au vent. Mais pour le reste, les sensations sont les mêmes, et la précision de la réaction de la voiture aussi.
Du plaisir à 7 000 tours
Le plus grand reproche que l’on faisait à la première génération de la S2000, lancée comme son nom l’indique au tournant du millénaire, c’était de n’offrir que des performances moyennes en milieu de régime. Il fallait en effet augmenter les révolutions du moteur jusqu’à près de 9 000 tours/minute pour pouvoir en tirer toutes les capacités.
L’année dernière, Honda a apporté d’importantes modifications, augmentant notamment la cylindrée de son petit roadster à 2,2 litres. Le résultat ne s’est pas fait sentir en puissance, car les quelque 240 chevaux du moteur sont restés bien en selle et continueront d’ailleurs de l’être encore cette année. Non, c’est plutôt en diminuant le régime moteur pour l’obtention de la puissance maximale qu’on a amélioré la conduite, augmentant du même souffle le couple à moyen régime. Ce qui a corrigé une partie du problème puisqu’il est désormais possible d’avoir beaucoup de plaisir à quelque 7 500 tours.
Pour maintenir ce plaisir, il ne faut par contre pas hésiter à jouer du levier de vitesses, et constamment se promener entre les six rapports de la boîte manuelle pour s’assurer d’être toujours au maximum. Une tâche tout de même agréable, puisque cette dernière dispose d’un levier idéalement fixé au centre de la console, à l’emplacement le plus intuitif qui soit pour le conducteur. Mécaniquement, la course est courte et ultraprécise, ce qui rend les changements de rapports amusants, et efficaces.
On trouvera aussi en 2006 une pédale d’accélération plus précise, puisqu’elle sera désormais dirigée par un système « by wire ». Finies donc les hésitations (même si elles étaient rares). Dès que l’on presse sur l’accélérateur, des capteurs électroniques déterminent avec précision l’ampleur de mouvement et la pression du pied, pour la transmettre avec efficacité au moteur. Le résultat est étonnant de précision, et de rapidité d’intervention.
La suspension, remodelée l’année dernière, n’a plus le petit côté trop rigide qu’elle présentait à l’origine. Elle est aujourd’hui capable d’absorber les aspérités routières (évidemment, dans la mesure où c’est ce que l’on exige d’une voiture sport) mais elle est surtout capable de contribuer au maintien exact d’une trajectoire précise, sans provoquer de transfert de poids inopportun. On a donc trouvé un compromis intéressant qui permet de pousser à fond la machine, et d’éviter le survirage. Et pour rendre le tout encore plus sécuritaire, on a aussi installé de série en 2006 un système de stabilité électronique qui corrigera les petites erreurs des pilotes trop enthousiastes, sans pour autant intervenir de façon trop marquée.
Style et techno
Ce qui m’a toujours frappé de la S2000, c’est le style raffiné, mais jamais très éloigné de la voiture de course. En matière de design, elle relève d’ailleurs du véritable défi tellement ses lignes sophistiquées sont exigeantes dans la fabrication. Un designer, d’une autre compagnie que Honda faut-il le dire, m’a candidement avoué un jour que la plus belle partie d’une automobile moderne, et la plus réussie sur le plan technique, est l’aile avant de la S2000, dont la courbe emprunte à la sensualité, tout en ne faisant aucun compromis sur la solidité.
Évidemment, seuls les spécialistes s’attardent à ce genre de constatation. Ce qui attire plutôt notre regard, c’est l’allure générale de ce petit cabriolet aux proportions bien galbées. Dans l’habitacle, on a préservé l’allure de course, et la seule présence d’un bouton de démarrage, comme c’est le cas en formule par exemple, vient rappeler l’inspiration extrême.
Le tableau de bord, dénudé, mais pas dénué d’intérêt, évoque pour sa part ceux qui ornaient les Formules Un d’il y a vingt ans. Quant aux sièges, ils sont enveloppants, offrant un support remarquable, ce qui permet de pousser un peu plus loin en trajectoire sans avoir à s’agripper inutilement au volant.
Il y a bien quelques détails, comme l’absence d’une colonne de direction réglable ou l’espace un peu étroit pour les jambes, qui pourraient être corrigés. Mais même ces défauts contribuent à faire de la S2000 une voiture unique, qui se retrouve avec bien peu de comparaisons sur le marché actuel. Ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose, car même si elle est facile à maîtriser, la S2000 peut aussi mordre facilement celui qui ne s’en méfie pas. À ne pas laisser entre toutes les mains !
Feu vert
Silhouette galbée et séduisante
Boîte de vitesses digne de la F1
Suspensions sportives et confortables
Tableau de bord unique
Feu rouge
Couple absent à bas régime
Tendance au survirage
Espace limité dans l’habitacle
Colonne de direction non réglable