Jeep Wrangler Rubicon 392 2025 : pourquoi pas chez nous?

C’est lors d’un événement Jeep dans le désert de Moab, en Utah, que nous avons eu la chance de mettre à l’essai diverses versions de la gamme Wrangler 2025 : un Rubicon X à deux portières et à moteur turbocompressé de 2 litres, un Willys 41’ 4xe hybride rechargeable et un Sahara avec un V6 Pentastar. Toutefois, ce Rubicon 392 couleur rose Tuscadero volait la vedette aux autres : couleur voyante, sonorité rugissante et l’option du toit Sky One-Touch permettant de rouler à ciel ouvert à la seule pression d’un bouton. Une combinaison ultra rare que même les organisateurs de l’événement, habitués au Wrangler sur une base quotidienne, avaient en admiration.

Ni une ni deux, nous avons sauté sur l’occasion d’en prendre le volant, sachant également que les activités ne se dérouleraient pas que sur le bitume. Mais avant, nous avons consulté la fiche descriptive du véhicule qui affichait, tenez-vous bien, un prix de 113 865 $... américains! Les options comme le toit ouvrant, le treuil, le compresseur à air, la trousse d’outils et bien sûr la couleur faisaient grimper la facture au niveau d’un Land Rover Defender à moteur V8! Incroyable, non?

• À lire aussi: Combien coûte... le Jeep Wrangler 4xe 2025?
• À lire aussi: Jeep sort un nouveau Wrangler pour partir à l’aventure

6,4 litres tout en musique

Le seul appui au bouton de démarrage donne le ton sur l’expérience de conduite : le vrombissement mécanique se fait sentir jusque dans les sièges, et ce, avant même que l’on appuie sur l’accélérateur! Et comme si ce n’était pas assez, il y a possibilité d’ouvrir les vannes de l’échappement pour intensifier l’expérience auditive. Autant pour vous que pour le voisinage!

Chaussé de pneus BF Goodrich T/A K02 de 33 pouces et caractérisé par une garde au sol de 10,8 pouces, notre Wrangler 392 allait nous faire vivre un truc hors du commun. Dans ce monde désertique où les Jeep sont omniprésents, les passants nous regardaient comme si nous étions au volant de la dernière Ferrari! Était-ce parce qu’ils apercevaient pour la première fois un Jeep rose de 470 chevaux? Bref, nous ne passions pas inaperçus! Une fois sorti de la ville, le véhicule allait démontrer une certaine aisance… et un couple si grand qu’il était parfois même inutile d’appuyer sur l’accélérateur, malgré l’immense résistance au sol des pneumatiques. Cela dit, nonobstant une force d’accélération incroyable, ce Wrangler faisait sentir un déséquilibre dans la répartition des masses : le gros V8 boulonné sous le capot de cette bête donnait pratiquement l’impression d’une ancre à bateau.

Heureusement, les ingénieurs ont pris soin de créer une suspension en conséquence, permettant à la caisse de demeurer stable et donc de ne pas plonger du nez s’il faut rapidement ralentir ou s’immobiliser. Après environ 80 km de route, l’indicateur de consommation affichait une cote de 12,5 milles au gallon (18,8 L/100 km). Certes, nous avions à quelques reprises testé les accélérations, sans rien d’excessif, juste pour réaliser que le moteur et la boîte automatique à huit rapports font un travail exceptionnel, rendant l’expérience agréable.

Par contre, en conduite, le Wrangler 392 démontre de sérieuses lacunes en matière de confort et de maniabilité face à un Ford Bronco Raptor – un véhicule plus stable, aux voies plus larges, plus facile à vivre au quotidien, mais dont la mécanique n’arrive pas à la cheville de ce V8. Ici, la puissance est certes phénoménale, mais l’instantanéité de réaction à l’accélération est épatante, au point où il faut apprendre à doser.

Trop lourd pour le hors-route?

Alors que nos collègues allaient s’aventurer en sentier avec des moteurs à quatre ou six cylindres, nous allions devoir composer avec l’avantage d’une puissance accrue, mais aussi avec le désavantage d’un poids excessif. Du moins, sur papier. Car le couple de cette mécanique aura permis de surmonter les pires obstacles avec une grande facilité, tandis que les V6 tiraient parfois de la patte. Certains essayeurs ont vanté les mérites du quatre cylindres, également très fort en couple, qui se débrouillait très bien dans ce contexte, quoique de façon beaucoup plus discrète que le 392.

Après avoir dégonflé légèrement les pneus, nous partions à l’assaut des rochers abrupts, dans des crevasses et sur des sentiers qui, à première vue, semblaient impraticables. C’était toutefois bien mal connaître les gens de Jeep, qui savaient comment affronter tout type de situation et qui étaient équipés pour prendre le taureau par les cornes en cas de pépin. Or, aucun incident n’est survenu sur plus de 35 milles de sentier et malgré un convoi de plus d’une vingtaine de Jeep.

Puisque l’on pouvait le faire, nous avons désembrayé les barres stabilisatrices de notre Rubicon, sachant qu’il aurait très bien pu franchir certains obstacles sans cette nécessité. Toutefois, lors de cette journée, nous avons prouvé que le Wrangler était l’ennemi à battre dans le monde des 4x4 et que de s’amuser sans toit ni portières s’avérait un plaisir inouï. Chose que Ford a très bien comprise en créant le Bronco, lequel fait très mal au Wrangler. Car en dépit de sa réputation, plusieurs acheteurs choisissent d’aller chez Ford, en partie parce que le Bronco est plus confortable et plus convivial.

Pas pour nous

En 2024, Jeep avait lancé la Final Edition de son Wrangler Rubicon 392. La croyance était donc qu’il en était alors à sa dernière année de commercialisation. Or, Jeep a tardivement ramené cette déclinaison pour 2025 et fera sans doute pareil en 2026 : la demande est là et il est encore possible de le faire. On a malheureusement choisi de bouder pour 2025 le marché canadien, où les ventes de Jeep se portent mal et où le profit sur un Wrangler demeure moins élevé qu’aux États-Unis. Les explications quant à son absence demeurent floues, mais à moins d’un revirement de situation très étonnant, le 392 ne sera pas de retour au Canada.

Pour nous, le Wrangler 392 Final Edition de 2024 était donc une véritable édition finale. Un véhicule qui, aux États-Unis, vit sur du temps emprunté, puisque la commercialisation de ce genre de monstre mécanique risque d’être de plus en plus difficile au chapitre des émissions polluantes. Cela dit, c’est un jouet fascinant et unique qui illustre encore une fois le niveau d’enthousiasme des concepteurs de la marque, qui ont comme défi de regagner de précieuses parts de marché.

À voir aussi : Combien coûte... le Jeep Wrangler 4xe 2025?