J'aurais donc dû !

Publié le 25 juillet 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

C’était en juillet 2013. J’accompagnais mon paternel à l’International des Voitures Anciennes de Granby, lui qui n’y avait jamais mis les pieds et qui ne s’intéressait nullement à l’automobile. La journée était magnifique et le site était fort achalandé. Il était émerveillé par l’ampleur de l’événement, et impressionné par la quantité de voitures, mais aussi par tous les éléments de décoration d’époque qui ajoutaient à l’ambiance.

Musique et vêtements d’antan faisaient aussi partie de l’équation, lui rappelant de bons souvenirs. Car un des objectifs de cet événement est de nous replonger dans le passé et de raviver notre fibre nostalgique. Je me souviens toutefois que le paternel ne comprenait guère l’intérêt d’y voir des Dodge Aries ou des Hyundai Pony, alors qu’il s’agissait pour lui que de « vieilles minounes ». Et moi de lui répondre : « ta Hyundai Stellar était percée de bord en bord après 4 ans. Te serais-tu imaginé la garder dans un état impeccable pendant 25 ans? ». Il comprit à ce moment que la conservation d’une voiture était un art qu’il ne maîtrisait pas, bien qu’encore une fois, il ne voyait aucun intérêt à chérir son auto, qu’il considérait comme un simple outil.

Photo: Marc-André Gauthier

Ses yeux allaient néanmoins s’illuminer devant certaines voitures évoquant pour lui de précieux souvenirs. Une Renault Dauphine, une BMW semblable à celle qu’un bon ami possédait à l’époque du collège, une Challenger 1971 avec l’intérieur tout blanc, dans laquelle il avait eu la peur de sa vie (!), parce que bien plus puissante que sa première Datsun. Et puis, une Envoy Epic 1966, comme celle qu’avait eue mon grand-père. Il m’avait raconté que celui-ci avait un jour eu la bonne idée de remplacer sa grosse Pontiac 1961 par cette petite bagnole anglaise, et qu’il trimbalait sa femme, ses quatre enfants et Copain, le colley à poils longs!

Alors que nous défilions les allées du marché aux puces et que l’on rigolait après avoir vu un horrible cendrier monté sur patte de chevreuil, papa s’est arrêté à côté d’une jolie Chevrolet Fleetline Deluxe 1949. Son année de naissance! Silencieux, il l’a observée pendant plusieurs minutes, attiré par les lignes, la couleur, le chrome et même l’odeur de l’habitacle. Cette dernière était à vendre au coût de 11 500 $. Pour la première fois de ma vie, je l'ai vu fasciné par une automobile! À tel point qu’il m’a dit : « Et si on l’achetait ensemble et que l’on en faisait notre projet ? ». Il demandait ça tout bonnement, et parce qu’il ne conservait que de beaux souvenirs de sa jeunesse. Il m’a d’ailleurs fait un long énoncé sur la beauté des voitures de cette époque et sur ce qu’elles représentaient pour lui.

Photo: Antoine Joubert

Hélas, nous n’avons pas acheté la voiture en question, pourtant très propre et proposée à prix raisonnable. Mon père allait nous quitter l’année suivante et ce projet ne s’est finalement jamais concrétisé. Encore aujourd’hui j’en éprouve un profond regret. Depuis, je n’ai plus jamais manqué une édition de l’International des Voitures Anciennes de Granby. J’en suis même devenu l’ambassadeur! J’y ai tourné des épisodes télévisés, vécu des moments magiques, fait de belles rencontres, en plus d’avoir acheté et vendu sur place plusieurs voitures.

Photo: Antoine Joubert

De retour cette année, j’y apporterai la voiture que j’avais acquise sur place en 2017, et qui a été soigneusement restaurée par mes amis de CarStar La Tuque. Ma AMC Matador 1978 surnommée la Grosse Brune, avec laquelle j’ai parcouru la Route 66 jusqu’en Californie. Et comme d’habitude, je prendrai soin de parcourir à nouveau les allées de cette exposition grandiose, dans l’espoir de peut-être revoir cette Chevrolet 1949. Je dois avouer qu’elle me rappellerait à mon tour de précieux souvenirs...

Share on FacebookShare on TwitterShare by emailShare on Pinterest
Partager

ℹ️ En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies telle que décrite dans notre Politique de confidentialité. ×