L'arrogance Porsche

Publié le 1er août 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

Cette fin de semaine dernière, dans le cadre de l’International des Voitures Anciennes de Granby où j’étais président d’honneur, j’ai croisé d’innombrables adeptes de voitures sport, antiques ou de performance. Notamment, de richissimes propriétaires de voitures de prestige, qui ont aussi dans leur collection quelques Chevelle, GTO, Corvette et Mustang de grande valeur. Plusieurs d’entre eux sont venus me serrer la pince, et jaser de leurs bolides respectifs, puis de leur Porsche, qu’ils adorent. Sauf que…

Oui. Sauf que. Parce que la possession d’une Porsche récente s’accompagne de l’obligation de traiter avec un concessionnaire de la marque. Et de façon U-N-A-N-I-M-E, tous m’ont mentionné s’être sentis floués par leur concessionnaire, quel qu’il soit. Laval, Montréal, Rive-Sud, Québec. Les histoires se sont multipliées le temps d’une seule fin de semaine, sans compter tous les témoignages précédemment obtenus...

Il n’est pas ici question du prix des bagnoles ou du catalogue des options qui permet souvent de doubler le prix du véhicule. Il est plutôt question de pratiques immorales, irrespectueuses, voire illégales, de certains employés.

Photo: Dominic Boucher

Première histoire, celle d’un consommateur qui avait laissé son Macan S en échange, pour lequel il avait obtenu 42 000 $ avant taxes. Le concessionnaire l’avait obligé à remettre également les pneus et roues d’hiver qu’il avait pourtant achetés ailleurs, sans quoi le véhicule était soi-disant plus difficilement revendable. Or, le hasard a fait en sorte qu’un ami de cet homme se présente chez le concessionnaire pour en faire l’achat, sans même réaliser qu’il s’agissait de l’auto de son ami. Confiant, il s’est procuré le véhicule, âgé de trois ans et certifié par le programme Porsche. Ce n’est toutefois que trois semaines plus tard, lorsqu’il a recroisé son ami, qu’il a découvert le pot aux roses. Le véhicule avait été revendu à un peu plus de 61 000 $, avant même l’ajout d’une garantie prolongée, et sans pneus ni jantes d’hiver. Ainsi, un profit dépassant clairement les 20 000 $, pour un véhicule payé 42 000 $. Un véhicule qui avait pourtant été payé 91 000 $ par son premier propriétaire, avant les taxes!

Deuxième histoire, celle d’un client de longue date et propriétaire d’une 911 Targa 4 GTS. Ce dernier s’intéresse à une 911 GT3 Touring, pour laquelle la liste d’attente s’allonge. Eh bien, on a mentionné au client qu’à l’achat d’un Macan 4 électrique, les chances d’obtention de cette 911 grimperaient drastiquement. Comprenez qu’actuellement, les Macan Électrique amassent la poussière dans la cour des concessionnaires, qui peinent à les vendre. Alors, serait-ce une façon de les liquider avec une promesse difficile à tenir? Allez savoir! Mais en considérant que ce client a déjà acheté six Porsche dans cette même concession, disons que l’on a du front tout le tour de la tête...

Photo: Dominic Boucher

Maintenant, une histoire maintes fois entendue - et qui s’est répétée cette fin de semaine - est celle de la monnaie d’échange. Un consommateur souhaite se procurer une 911 Turbo S. Or, pour l’obtenir, on lui a indiqué qu’il lui faudra avoir une monnaie d’échange. On lui a donc proposé une Carrera S d’occasion qui pourrait être reprise en échange l’été prochain, au moment où une GTS Cabriolet sera de retour. Le client aurait alors l’obligation d’acheter cette voiture au prix du marché, en redonnant la Carrera S en échange, pour qu’ensuite on mette son nom sur la liste d’une Turbo S. Vous imaginez? Et attendez! Pour que le directeur des ventes passe officiellement la commande de la Turbo S, un montant en comptant de 25 000 $ a été exigé, de sorte que le consommateur fasse partie d’un genre de « club sélect » non officiel. Une belle somme, directement dans les poches de celui qui « pèse sur le piton » et qui a le pouvoir de gérer les commandes! Inutile de vous dire que le client n’en croyait pas ses oreilles et qu’il roule toujours dans sa « vieille » 911 Carrera 2018.

Photo: Dominic Boucher

Quatrième histoire, celle d’un client qui a choisi de passer à l’électrification en achetant une Taycan Turbo. Son épouse possédait un Cayenne S, qu’ils ont échangé, achetant ainsi à la fois un Macan S et la Taycan à travers deux transactions distinctes. Le type a toutefois réalisé que le VÉ ne lui convenait pas et qu’il allait devoir se départir de sa Taycan payée 271 000 $. De retour chez Porsche, vous savez combien on lui a offert? Un gros 0. Pas un sou. On lui a répondu qu’à ce stade, on n’était pas en mesure de la reprendre. La voiture n’avait pourtant que 2 300 kilomètres au compteur. Et pour ajouter à l’insulte, on lui demandait 27 000 $ de plus pour le Cayenne donné en échange quelques semaines auparavant. Incroyable… mais vrai!

Dernière histoire. Celle d’un type qui s’est fait plaisir en se procurant une 718 Boxster GTS 4.0. Pour être honnête, c’est ma voiture de rêve. Lui aussi, l’adore. Toutefois, il a dû sélectionner un minimum de 40 000 $ d’options, en plus d’une montre dont il n’avait rien à faire. Et puis… du comptant qui n’apparaîtrait pas sur le contrat, avec comme explication l’impossibilité par la loi de vendre au-delà du prix de détail suggéré par le manufacturier. Or, parce que la voiture allait grimper en valeur ou du moins, la conserver sans se déprécier, le vendeur considérait que la faveur de cette vente méritait une compensation. Bien sûr, en plus de sa généreuse commission d’une voiture vendue sans un sou de rabais.

Photo: Porsche

Des histoires comme celles-là, j’en entends pratiquement chaque semaine. Provenant même d’amis personnels, qui connaissent la valeur de leur voiture et qui se sont fait offrir des sommes ridicules par leur concessionnaire. Des voitures valent une fortune lorsque ces derniers les vendent, mais qui ont tous les défauts quand vient le temps de les payer...

Ainsi, et bien que je sois moi-même admiratif de plusieurs des produits de la marque, je ne comprends pas ces concessionnaires qui pressent le citron à un niveau qui dépasse l’entendement. Pour qui se prennent-ils? Pourquoi autant d’arrogance? De snobisme? Pourquoi sont-ils aussi gourmands? Et comment se fait-il que certains acheteurs continuent d’adhérer à ces procédés, qui j’ose croire, ne sont probablement pas les mêmes partout à travers le monde?

Je ne peux évidemment pas parler pour les concessionnaires de l’Ontario ou de l’Ouest canadien, mais je constate que plusieurs consommateurs sont dégoûtés par les manières de faire de certains vendeurs ou directeurs des ventes, qui à mon avis, ternissent l’image de la marque par leurs agissements. Alors, au risque d’assombrir mes relations avec les concessionnaires, je choisis aujourd’hui de prendre position et d’oser dénoncer une situation qui, je pense, mérite d’être observée de plus près par le manufacturier.

Chez Porsche, on m’a répondu dans le passé ne pas être responsable des transactions effectuées entre les concessionnaires et leurs clients. Or, lorsque l’on ne cesse de tirer la couverte de son bord, sans égard au consommateur qui n’a comme seule solution de toujours payer plus, sinon de laisser tomber, je pense que le constructeur a dans ce contexte une responsabilité autant morale que corporative.

À voir : Le Guide de l'auto visite le Centre d'expérience Porsche à Toronto

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