Il faut faire de la place dans les cours des concessionnaires de véhicules électriques pour les 2026

Publié le 6 octobre 2025 dans Concessionnaires par Journal de Montréal

Les rabais offerts par plusieurs manufacturiers sur les véhicules électriques (VÉ), notamment en septembre, sont le fruit de stocks en hausse, le phénomène touche aussi les voitures à essence cette année.

Et si les inventaires de VÉ sont aussi élevés, c’est en raison des ventes, qui ont souffert de la diminution radicale des aides gouvernementales.

« C’est interrelié à la diminution des rabais des gouvernements. Les cibles pour les véhicules électriques étaient très élevées cette année (22%) et les ventes ne sont pas au rendez-vous espéré. En incluant les hybrides, elles sont de 14,7%. Les inventaires de véhicules électriques sont très bien garnis. Nous avons encore beaucoup de 2025 et de la pression pour faire rentrer les 2026. Les manufacturiers aident les concessionnaires avec des promotions », explique Ian P. Sam Yue Chi, PDG de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ).

Photo: Antoine Joubert

C’est le marché au complet qui s’est contracté. Les ventes de véhicules — toutes motorisations confondues — ont baissé de 5% en août au Québec selon les chiffres obtenus par M. Yue Chi.

« Les concessionnaires ont dû supplier les constructeurs de leur donner un peu d’air. Plusieurs avaient commandé des VÉ en quantité. On savait que la subvention du Québec allait être réduite, mais celle du Canada est partie plus vite qu’on le pensait. Certains se sont retrouvés avec de gros stocks de véhicules qui tout d’un coup avaient moins d’attrait pour les consommateurs », commente pour sa part Jesse Caron, de CAA Québec.

« Tant que ces véhicules sont dans leur cour, les concessionnaires payent de l’intérêt dessus. S’ils ne font pas de profit en les vendant, ils ont au moins arrêté de payer des charges », ajoute-t-il.

Autres rabais à prévoir?

Dans le contexte des subventions moins généreuses, peut-on s’attendre à voir les promotions revenir ou se maintenir?

« Il y a une limite des manufacturiers à faire des promotions. Il y a un coût associé. On pourrait voir le marché se contracter parce que les manufacturiers n’auront pas la capacité à faire des promotions au niveau où le marché réagit », craint M. Yue Chi.

« Les programmes de rabais sont généralement au mois. À l’automne il y en a généralement beaucoup pour liquider les modèles de l’année en cours. On pourrait s’attendre à ce que ça se poursuive (pour les VÉ), surtout dans le contexte que la subvention provinciale va encore baisser et que l’on n’a pas d’indication de la remise en vigueur de la fédérale », opine pour sa part M. Caron.

Les prix

Dans son enquête, Le Journal a remarqué que le VUS sept places Hyundai IONIQ 9 récemment lancé s’affichait dans sa version de base à seulement 4500 $ de plus que le beaucoup plus compact IONIQ 5. Deux véhicules comparables à essence afficheraient un écart plus considérable. Les prix des nouveaux VE commencent-ils à baisser?

Photo: Guillaume Rivard

« Plus on vend de véhicules électriques, plus on amortit les investissements, plus on a une capacité à les vendre à moindre coût. Il y a un mouvement qui s’opère à ce niveau. Ça figure bien pour le futur », avance Ian P. Sam Yue Chi.

« Ça commence un peu à paraître, effectivement. Est-ce que les constructeurs se fiaient sur les subventions pour facturer des prix plus élevés et récupérer davantage leurs investissements? C’était aussi le pari du Québec en réduisant sa subvention de faire en sorte que les constructeurs offrent des VÉ à des prix plus abordables. Aujourd’hui, le gros frein, c’est davantage le prix que l’autonomie », estime Jesse Caron.

Ce dernier invite d’ailleurs à bien faire ses calculs parce les promotions, notamment sur le financement, peuvent rendent un VÉ beaucoup plus abordable qu’on le pense.

« Il faut regarder le prix à la transaction. Récemment j’ai comparé les mensualités d’un Chevrolet Equinox à essence avec un électrique. Malgré un bon 10 000 $ d’écart pour deux versions semblables, le modèle électrique coûtait seulement quelques dizaines de dollars de plus par mois grâce au rabais du gouvernement et à la promotion sur le taux d’intérêt. »

Ce que disent les constructeurs

Le Journal a aussi questionné GM, Volkswagen et Kia sur leur politique de prix face à la disparition des aides gouvernementales, mais seuls Hyundai et Ford ont répondu dans les délais donnés.

« Nous ajustons régulièrement notre stratégie commerciale en fonction de l’évolution du marché et des politiques gouvernementales. Notre objectif reste de rendre les véhicules électriques accessibles à un plus grand nombre de consommateurs », a écrit le porte-parole de Hyundai, Frédéric Mercier.

Ford a répondu dans le même sens.

Photo: Dominic Boucher

« Les incitatifs actuellement offerts sur la Mustang Mach-E s’inscrivent dans le cadre de l’engagement global de Ford à rendre les véhicules électriques plus accessibles aux Canadiens. Bien qu’ils puissent faciliter la gestion des stocks pour l’année-modèle 2025, ils visent également à compenser la réduction des incitatifs fédéraux et provinciaux, assurant ainsi la poursuite de l’adoption des véhicules électriques », a expliqué Kamran Niazi, de Ford Canada.

Il a ajouté que Ford est déterminé à soutenir la transition vers l’électrification et que de combler l’écart de prix entre les véhicules électriques et les voitures à essence était « une priorité clé pour Ford. Cet engagement a été renforcé par l'annonce récente du PDG Jim Farley concernant un nouveau camion électrique intermédiaire, dont le lancement est prévu en 2027 à un prix de départ d'environ 30 000 $. M. Farley l'a décrit comme une "période Model T" pour Ford, marquant une avancée majeure en termes d'accessibilité, de design et d'innovation. »

À voir : Québec emboîte le pas et recule sur ses objectifs 2035

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