Bye bye Brampton?
Une autre tuile s’abat sur l’industrie automobile canadienne. En effet, Stellantis annonçait mercredi d’importants changements de plan quant à la fabrication de futurs modèles Jeep. C’est Antonio Filosa lui-même qui, dans une brève vidéo débordant d’enthousiasme, a annoncé la relance de la marque à travers l’arrivée imminente de cinq nouveautés dans la gamme Jeep. Des véhicules qui seront tous assemblés aux États-Unis, incluant le Compass qui devait être monté à Brampton en Ontario.
Ce complexe industriel, qui a employé jusqu’à 4 000 personnes et qui en porte toujours environ 3 000 sous son aile, avait officiellement cessé ses opérations le 22 décembre 2023, alors que s’achevait la production des Chrysler 300, Dodge Charger et Challenger.
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Une usine de 230 000 pieds carrés, érigée en 1986, mais rachetée par Chrysler en 1987 alors que se concluait l’acquisition d’American Motors. Les premiers modèles Chrysler qui y ont été fabriqués étaient ceux de la série LX, incluant les Intrepid, Concorde et Eagle Vision. Depuis, elle n’avait jamais cessé ses opérations et constituait un joyau important de l’économie régionale.
Naturellement, l’annonce de mercredi a fait réagir le premier ministre Doug Ford de même que le syndicat d’Unifor, qui reçoit une autre raclée. Nous avons tenté de contacter les relationnistes de l’entreprise, lesquels ne répondent guère aux questions concernant l’avenir de l’usine de Brampton. Avec l’annonce du rapatriement de la production du Compass aux États-Unis, cela signifie-t-il sa fermeture imminente? Pourrait-on y assembler autre chose? Et si oui, quoi? Et surtout, quand? Parce que n’oublions pas qu’elle est maintenant fermée depuis près de deux ans et que les employés sont depuis en attente. Certains ont effectivement pris le chemin de Windsor où ils ont été réaffectés, mais il est évidemment impossible d’offrir cette opportunité à tous.

Jeep lancera donc d’ici peu les nouvelles générations de Compass et Cherokee, le nouveau Recon 100% électrique, ainsi que ses modèles Grand Cherokee et Grand Wagoneer revampés. La production du Cherokee a bel et bien débuté à Toluca au Mexique, mais Stellantis rapatrierait une partie de cette production à Belvidere en Illinois, là où est assemblé l’actuel Compass et où le sera aussi la prochaine génération.
Il va sans dire que les tarifs imposés par l’administration Trump sont venus chambouler les plans de tous, mais particulièrement de Stellantis, qui nage en eaux troubles depuis nombre d’années. Un constructeur dont le portfolio est vieillissant et peu compétitif, qui a perdu le respect de ses concessionnaires (nombre d’entre eux ont d’ailleurs été récemment vendus ou fermés), et qui doit passer par un sérieux plan de relance en incluant des véhicules que les gens souhaitent acheter.
En attendant une réponse de la part des gens de Stellantis quant au sort de ses employés, nous sommes aussi à même de constater que tout n’est pas gagné pour GM et Ford.

À Oshawa, on s’inquiète d’un possible rapatriement de la production des camions du côté des États-Unis tandis que chez Ford, l’usine est toujours à l’arrêt depuis l’abandon du Ford Edge. Le constructeur y fabriquera bientôt des camions de la série Super Duty, mais sur un seul quart de travail, parce que Ford considérera l’usine d’Oakville comme un appui secondaire aux usines américaines qui, pour leur part, roulent à plein régime.
Ironiquement, les choses vont bien pour les usines de Honda et Toyota, qui y assemblent entre autres des modèles aussi populaires que les Civic, CR-V et RAV4. Des plans d’expansion sont prévus chez les deux manufacturiers, qui emploient désormais plus de travailleurs que les usines américaines. Des usines où les stratégies peuvent être malléables plus rapidement par l’absence de syndicat, ce qui leur a sans doute permis de rediriger une partie de la production vers d’autres pays, faute d’être aujourd’hui à armes égales face aux usines américaines.
