Recyclage de batteries : l'entreprise québécoise Lithion risque la faillite
Le recycleur de batteries Lithion Technologies vient de se placer à l’abri de ses créanciers, donnant un autre coup dur à la filière soutenue par Québec.
La déconvenue de Lithion s’ajoute à celles de Lion Électrique, Northvolt, Taiga Motors, EcoPro/Ford et Vale, qui ont coûté des centaines de millions de dollars aux contribuables au cours des derniers mois.
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Fondée en 2018 par Benoit Couture, Lithion avait reçu 22,5 M$ de Québec en 2022, soit un investissement en capital-actions de 15 M$ et 7,5 M$ en subventions du ministère de l’Environnement.
Grâce à Lithion, le gouvernement pouvait dire que la filière québécoise était l’une des plus complètes au monde, allant de l’extraction de minéraux à la fabrication de matériaux de batterie en passant par l’assemblage de cellules et de véhicules jusqu’au recyclage.

Une tonne de partenariats
Au début du mois, Lithion avait annoncé un partenariat avec Nissan qui s’ajoutait à d’autres partenariats conclus avec Hyundai, General Motors et Nova Bus.
Établie à Montréal, l’entreprise exploitait une usine de broyage de batteries, ouverte l’an dernier à Saint-Bruno-de-Montarville. Elle projetait d’ouvrir des installations aux États-Unis, en Europe et en Corée du Sud.
Au fil des ans, plus de 100 M$ ont été investis dans Lithion. Mais dans un rapport déposé en Cour supérieure cette semaine, le cabinet comptable KPMG souligne que l’entreprise était encore loin de la rentabilité.
« Les activités de Lithion ont nécessité, et continuent de nécessiter, des capitaux importants, non seulement pour construire les installations nécessaires à l’exploitation de l’entreprise à une échelle suffisante pour être rentable, mais aussi pour soutenir les efforts continus de recherche et développement », lit-on dans le document.

Licenciements
Quelque 45 travailleurs de Lithion ont récemment perdu leur emploi en raison de l’insolvabilité de l’entreprise. Une quinzaine d’entre eux avaient déjà été remerciés au printemps. Une douzaine de salariés « clés » conserveront leur poste et auront droit à des primes de rétention, une pratique courante dans les dossiers d’insolvabilité.
« Nous espérons qu’un repreneur se manifestera dans les prochaines semaines afin de poursuivre la mission de l’entreprise », a réagi la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, sur X.
En avril, Lithion avait obtenu un financement d’urgence de 8,6M$ de la part d’Investissement Québec (4,3M$), de la firme d’investissement coréenne IMM (2,15 M$) et de GM (2,15 M$). L’entreprise espérait convaincre de nouveaux investisseurs d’embarquer dans l’aventure, mais ses efforts ont été vains.
En février, Ottawa avait prêté 1 M$ à l’entreprise.
Les actionnaires de Lithion sont M. Couture et deux de ses associés, Raymond Simoneau et Dominique Morin, ainsi qu’IMM et le ministère de l’Économie.
