Véhicules électriques : vivement la fin des subventions

Publié le 12 novembre 2025 dans Blogue par Antoine Joubert

C’était le 4 novembre. Le budget du gouvernement Carney était déposé, sans qu’il n’y ait quelconque mention d’un retour de subventions pour l’achat de véhicules électriques, alors qu’on l’avait pourtant promis lors d’une annonce publiée le 12 juin 2025. Il fallait ainsi comprendre que cette promesse n’allait donc pas être tenue et que les consommateurs qui attendaient impatiemment ce retour avaient inutilement repoussé leur projet d’acheter un véhicule électrique.

Une autre promesse non tenue, mais surtout, un autre impair de la part d’un gouvernement qui se fiche éperdument des impacts sur l’industrie et sur les concessionnaires qui, je crois, ne sont plus assez stupides pour s’y fier. Parce qu’ils ne peuvent risquer de se faire prendre au jeu à maintes reprises, surtout à la suite des frasques survenues en début d’année 2025. Rappelons qu’au 31 janvier 2025, Québec avait temporairement cessé l’offre d’une subvention, prétextant que les coffres étaient vides, mais en les réintroduisant au 1er avril. Chose que n’a pas fait le fédéral, après avoir abruptement coupé la subvention pouvant atteindre 5 000 $ pour l’achat d’un VÉ, le 13 janvier. Sans avertissement, et laissant les concessionnaires aux prises avec des stocks gigantesques qui, du jour au lendemain, devenaient beaucoup plus difficiles à écouler.

L’ajustement de l’industrie

Prise au dépourvu, mais réalisant aussi que la fête était terminée, l’industrie s’est donc progressivement ajustée au cours des derniers mois en coupant dramatiquement les prix des véhicules électriques. Promotions multiples, taux subventionnés et tricotage au chapitre des valeurs résiduelles ont ainsi permis de ramener le coût réel de plusieurs modèles même en deçà de ceux de l’automne 2024. Par exemple, un Chevrolet Equinox EV coûte aujourd’hui moins cher en location qu’à pareille date l’an dernier, même si la subvention est passée de 12 000 $ à 4 000 $.

Photo: Antoine Joubert

À la lumière de cette analyse, on peut se poser plusieurs questions. Est-ce que l’industrie s’est « graissé la patte »? Est-ce que l’offre des gouvernements était trop généreuse? Est-ce qu’un marché à ce point artificiel était réellement bénéfique pour l’industrie? Cela dit, on constate depuis peu que les concessionnaires y vont de publicités incitant les acheteurs à profiter pour encore quelques semaines de la subvention provinciale de 4 000 $. Parce que celle-ci passera à 2 000 $ dès janvier, ce qui rendu là, aura un impact symbolique. D’abord, parce que nous savons que l’industrie s’ajustera encore, mais aussi parce que pour un véhicule de 50 000 $, la seule variation à la baisse du taux de financement par 1 % sur un financement de 84 mois peut permettre de sauver un peu plus de 2 000 $ au bout du terme. Un seul point de pourcentage. C’est tout. Alors, croyez-vous sincèrement qu’il soit viable de conserver ces subventions? Personnellement, je les retirerais sur le champ.

Règles d’admissibilités renforcées

Cela dit, je suis heureux de constater que depuis le 10 novembre, les règles d’admissibilité ont changé. Une nouvelle qui m’a été honnêtement rapportée par un internaute, puisque Québec ne s’est évidemment pas vanté de ce changement soudain. Remarquez, une modification logique dans la mesure où la règle était jusqu’ici beaucoup trop élastique.

Alors voilà, depuis quelques jours, seuls les véhicules électriques dont le prix de détail suggéré du manufacturier ne dépasse pas les 64 999 $ sont admissibles. Un plafond à 54 999 $ pour les voitures et à 64 999 $ pour tout ce qui est considéré comme un utilitaire. Cela signifie ainsi qu’il n’est donc plus possible d’ajouter d’onéreux groupes d’options à un véhicule qui au final, verrait son prix dépasser la limite. Est donc terminée cette époque où une Dodge Charger Daytona de 54 990 $ à laquelle s’ajoute un groupe d’options de 32 000 $ peut être admissible. Oubliez aussi les ristournes sur un Kia EV9 de 83 000 $.

Photo: Marc Lachapelle

Cela a donc un impact significatif sur le sort de plusieurs modèles. Par exemple, sur le Cadillac Optiq, le Chevrolet Blazer EV, le Hyundai Ioniq 9 et le Nissan Ariya, dont la plupart des versions voient leur prix réel dépasser un plafond financier aujourd’hui beaucoup plus étanche. Un facteur que l’industrie n’avait pas vu venir et que permettait jusqu’ici d’avoir un certain levier pour vendre des véhicules à plus haut prix. Du prix total ne sont donc exclus que les frais de transport/préparation/concessionnaire de même que les accessoires installés en concession. Et attention, ce n’est pas parce qu’un concessionnaire accepte de baisser le prix d’un véhicule au seuil d’admissibilité que ce dernier pour bénéficier de la subvention. On se base bien sûr sur l’étiquette de vitre où le prix de détail suggéré par le manufacturier est indiqué.

Comprenez ainsi que le fait de réduire la subvention de 4 000 $ à 2 000 $ (ce qui était prévu) aura moins d’impact pour l’industrie et les concessionnaires que cette décision soudaine qu’on affiche depuis peu sur le site du gouvernement du Québec. Un impact d’importance pour ceux qui, par exemple, ont en stock des dizaines de VÉ de 70 000 $ ou 75 000 $, qui étaient jusqu’ici admissibles et qui ne le sont soudainement plus.

Photo: Louis-Philippe Dubé

À la lumière de cette nouvelle réglementation, je pense qu’il faut conclure que les subventions n’ont plus leur place. Elles n’ont aujourd’hui comme impact que de déstabiliser l’industrie, de brouiller l’esprit des consommateurs et d’affecter négativement la valeur de revente de tous ces VÉ qui ont été vendus au cours des dernières années, incluant ceux livrés… la semaine dernière! Alors, vivement le retrait rapide de ces dernières et le retour d’un marché plus naturel, où les manufacturiers pourront choisir de vendre ce qu’ils désirent, sans se faire couper l’herbe sous le pied, et où le consommateur pourra faire un choix plus éclairé en optant pour le véhicule électrique qu’il désire, non pas celui qu’on lui impose.

À voir : Quel est l’impact du retrait des subventions pour les véhicules électriques?

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